Les prix de l’Ail violet plongent dans le rouge

Publié le 30 août 2013

Rien ne va plus pour les producteurs d’ail de la région. « Jusqu’à début juillet, les cours étaient normaux, grâce à une offre équilibrée par rapport à la demande », confie Lilian Bernard, Président du syndicat de défense de l’Ail Violet de Cadours. « Puis on a commencé à voir les metteurs en marché et grossistes baisser les prix d’achat de nos productions jusqu’à atteindre un niveau anormalement bas en août. »

Importations massives

Les responsables professionnels du secteur interpellent alors Christiane Pieters, Présidente de l’Aniail (Association Nationale Interprofessionnelle de l’Ail), pour obtenir des explications sur cette chute inquiétante. La réponse tombe : la baisse des cours est due à plusieurs évènements conjugués. Tout d’abord, l’ail venu de Chine a inondé le marché mondial à des prix très bas (0,5 €/kg). De ce fait, l’Espagne – qui a connu une année de production exceptionnelle (+20%) – a perdu des parts de marché, notamment au Brésil. L’ail espagnol est donc arrivé sur le marché français à bas prix (entre 1,20 et 1,50 €). Un autre facteur de baisse vient de l’importation d’ail de contre-saison en provenance d’Argentine. « D’habitude, ces importations ne se télescopent pas avec nos productions », précise Lilian Bernard. « Mais cette année, les négociants en ont trop commandé et à un prix relativement élevé. Du coup, pour écouler leurs stocks, ils ont dû baisser leurs prix, réduire leurs marges et allonger la période de vente. D’une part, ces importations chevauchent la production française et nous font concurrence. Mais d’autre part, les négociants tentent maintenant de « se rattraper » sur le prix d’achat des aux français. »

Pour Lilian Bernard, les importations chinoises déstabilisent tout le marché européen de l’ail

Si l’Ail Violet limite la casse tant bien que mal, les conséquences sont catastrophiques pour les producteurs d’ail blanc. De fait, ils ont eu une année 2012 calamiteuse, avec la maladie dite du Waxi. Des producteurs ont ainsi perdu prés de 80% de leur récolte. En 2013, une très mauvaise qualité sanitaire de l’ail blanc, due à la maladie du « café au lait » lui donnant une couleur ivoire à marron, a achevé de les précipiter dans la crise. Ils n’ont aujourd’hui aucune proposition de prix. Mais si les producteurs d’Ail Violet ont « la chance » d’avoir un prix, celui-ci se situe quand même bien en-dessous des coûts de production…

Mobilisation

Le 13 août, une table ronde a été organisée en urgence pour faire le point sur cette situation préoccupante. Présidée par Christiane Pieters, cette rencontre réunissait, outre les responsables professionnels de l’ail, Christian Chassaing, le Secrétaire Général de la Préfecture du Gers, Marc Costamagna pour la Chambre d’Agriculture 31, les DDT du Gers de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, et les metteurs en marché des zones de Beaumont de Lomagne et Cadours. « Josiane Delteil, qui représentait le syndicat de l’Ail Violet, est revenue déçue de cette réunion », poursuit Lilian Bernard. « Grossistes, négociants et metteurs en marché se renvoient la balle. À part un engagement de principe à promouvoir davantage l’ail d’origine française, rien d’extraordinaire n’est ressorti de la table ronde. » Le syndicat de défense de l’Ail Violet a donc entrepris des démarches de son côté. Il a d’abord envoyé un courrier à PROSEMAIL, qui regroupe les établissements français producteurs de plants certifiés d’ail et d’échalote, pour demander aux semenciers de faire un effort sur les prix des plants d’ail pour la campagne à venir. « Parallèlement à cela, nous avons contacté le syndicat des Jeunes Agriculteurs pour mener des actions conjointes », ajoute Lilian Bernard. « Le 21 août, nos deux structures interviendront sur le marché local de Cadours. Nous rencontrerons d’abord tous les producteurs présents pour les inciter à rester fermes sur leurs prix. Et si cela ne suffit pas, nous envisageons une opération « marché mort » pour faire passer le message de façon plus claire… »

Le syndicat de l’Ail Violet est décidé à ne rien lâcher. « L’Ail Violet représente un important complément de revenus, indispensable à la survie de nombreuses exploitations locales », conclut Lilian Bernard. « Se battre pour l’obtention de l’AOC ne servira à rien si nos productions nous restent sur les bras ou se bradent à vil prix, à cause d’importations mal gérées. Il faut agir très vite ! »

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia