La CRL toujours à l’affût de nouveaux marchés

Publié le 3 janvier 2016

Plus beaucoup de places libres, le 09 décembre dernier dans la salle du foyer rural de Villefranche-de-Lauragais. Comme toujours, l’Assemblée Générale de la CRL faisait carton plein, avec près de 250 personnes, ce jour-là.

Situation stable

Avec un tonnage évalué à 120.000 tonnes, la collecte 2015 se situe grosso modo au même niveau que l’an passé (125.000 T). Même constat pour le chiffre d’affaires approvisionnement, en légère augmentation à 10,5 millions € contre 10,3 en 2014. Seuls les chiffres d’affaires Phytosanitaires et Magasin diminuent, de l’ordre de 7%. L’exercice se conclut sur un résultat net comptable de 1.061.406 €. Portée par ces bons résultats et ceux des années passées, la coopérative a pu investir 700.000 € de ses fonds propres dans divers travaux d’aménagement autour du silo construit dans le courant de l’année. Ce dernier a couté 3 millions €, financés par un emprunt à 0,90 % sur 72 mois. L’AG aura également vu l’arrivée d’un nouvel administrateur, avec l’élection à l’unanimité de Xavier Flament, qui remplace Henry Du Perier. La principale nouvelle de la partie statutaire était l’officialisation, par le Haut Conseil du Comité Agricole, de l’extension de la circonscription territoriale de la CRL. Alors qu’elle était limitée à la Haute-Garonne et ses cantons limitrophes, la coopérative va désormais s’étendre aux départements du Tarn, du Gers, de l’Ariège et de la partie hors littoral de l’Aude. « Nous allons pouvoir développer le nombre de nos adhérents », se réjouissait Serge Marquier, le Président. « Même si nous y étions déjà présents, les agriculteurs de ces zones ne pouvaient être adhérents. Ils pourront maintenant le devenir et bénéficier des avantages que cela implique. Je rappelle que cette année, nos adhérents ont reçu environ 700.000 € de ristournes sur les approvisionnements. Avec 814.000 € de complément de prix, la CRL a donc redistribué plus d’1,5 million d’euros. » Avec son nouveau silo et ses points de stockage satellite, la coopérative est donc prête à relever ce défi.

Des marchés à saisir en sorgho

« Notre nouveau silo a une capacité de stockage de 6.800 tonnes, réparties en 6 cellules de 300 tonnes et 10 cellules de 500 tonnes », précise Richard Sié, directeur de la coopérative. « Ces compartiments et un séparateur haute performance nous permettent désormais de classer des petits lots et, du coup, de pouvoir stocker des céréales bio, mais aussi du sorgho destiné au marché de l’oisellerie. » Richard Sié a particulièrement attiré l’attention de l’assistance sur ce dernier marché. De fait, les principales entreprises qui fournissent le marché des graines destinées à l’oisellerie sont situées dans le nord de l’Europe. En France, c’est la vallée du Rhône qui est actuellement spécialisée dans ce domaine. Mais la donne risque de changer. « Ces zones font face à un grave problème d’ambroisie », explique le directeur. « Or, cette adventice est fatale aux oiseaux. Avec le datura et le xanthium, la présence de ces trois herbes ne sera d’ailleurs plus tolérée dans les tournesols, dès l’an prochain. Des camions de la vallée du Rhône commencent déjà à être rejetés pour cette raison. Il y a donc un marché à prendre sur le sorgho blanc, à la condition de garantir une livraison exempte de ces trois herbes. Et au delà de ce marché, je vous invite à être extrêmement vigilant sur le contrôle de ces adventices, qui sont un danger pour la santé et vos cultures. »

Les experts ont la parole

Christian Crisper, de la société Emeric, fait le point sur le marché du blé de force.
Christian Crisper, de la société Emeric, fait le point sur le marché du blé de force

Ce ne sont pas un, mais trois experts qui sont venus, ce jour-là, développer leur analyse de différents marchés céréaliers. Dario Peri, agriculteur et courtier en céréales italien, a particulièrement insisté sur la qualité du blé dur français, qu’il estime être le meilleur au monde. Il estime, par contre, que la recherche de la meilleure qualité à tout prix ne se justifiait plus. « Les techniques de décorticage du blé, chez les fabricants de pâtes italiens, se sont énormément modernisées », témoigne-t-il. « Grâce à cela, la transformation de blé en semoule est passée de 60 à 75% de rendement. Les usines peuvent donc plus facilement travailler du blé de qualité standard (78 de PS et 12-13 de protéine). Comme le transport routier entre la France et l’Italie coûte très cher, il y a des créneaux à prendre sur des blés standards qui seront ainsi moins concurrencés par les productions canadiennes, par exemple. »

Pour Christian Crisper, de la société Emeric, courtier en céréales, des opportunités sont également à saisir sur le blé de force. « Vous êtes la première région de France, pour cette production de haute qualité », disait-il. « La proximité avec l’Espagne, où les débouchés sont réels, est un atout que vous devriez exploiter. » Enfin, son collègue Benjamin Zamprognon, est revenu plus en détail sur le marché des oléoprotéagineux. Selon lui, la filière risque de pâtir encore un certain temps des difficultés des industries de biocarburant, touchées de plein fouet par la chute du prix du baril de pétrole. « Malgré des prix agricoles bas, les industriels n’arrivent plus à suivre », notait-il. « Le marché des huiles se casse la figure. Même le tourteau ne marche plus. Donc, il ne faudra pas s’étonner si les futures négociations tarifaires sont délicates avec eux. » En raison des moindres volumes de production, le tournesol classique s’en sort mieux que le tournesol oléique, dont la prime a fondu en raison de son abondance.

Quant au soja, les hausses simultanées des surfaces et des rendements sur la zone maïs font que les clients locaux ne peuvent absorber la production. Un espoir pourtant : une usine spécialisée en soja bio et conventionnel devrait ouvrir ses portes en 2016, dans les environs de Barcelone.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia