Le blé Poulard, variété ancienne ou variété du futur ?

Publié le 2 août 2018

Pour Marie-Hélène Robin, les maladies se propagent moins vite dans les blés hétérogènes comme le blé Poulard.
Pour Marie-Hélène Robin, les maladies se propagent moins vite dans les blés hétérogènes comme le blé Poulard.

C’est sur la plateforme d’agrophysiologie de l’école d’ingénieurs de Purpan qu’ont été présentés les essais expérimentaux de 58 populations de blé Poulard menés depuis trois ans.
Le blé Poulard ou Triticum turgidum, est un blé de variété anc ienne largement cultivé jusqu’en 1860 en Auvergne et utilisé dans la fabrication de pâtes. De par sa faible force boulangère, ce blé, cousin génétique du blé dur et de l’amidonnier, a été abandonné au fil du temps au profit de blés sélectionnés. Depuis quelques années, le blé Poulard renaît au gré d’une microfilière constituée en Occitanie. Une quinzaine de fermes le cultivent sur 35 ha. Depuis 2014, il est transformé dans un laboratoire collectif de transformation de variétés anciennes de céréales en pâtes alimentaires à Cizos (65) au sein de la SCIC L’Odyssée d’Engrain.

En Auvergne, terre d’origine des semences cultivées en Occitanie, les producteurs atteignent un rendement de 30 quintaux à l’ha, contre 8 à 20 quintaux sur les sols occitans.
« C’est ce qui a mis la puce à l’oreille des agriculteurs », raconte Marie- Hélène Robin, enseignant-chercheur en protection des cultures à l’École d’ingénieurs Purpan. S’en est suivie une « aventure humaine scientifique passionnante », sur le principe d’un projet de recherche participatif.  Marie-Hélène Robin détaille comment « les producteurs nous ont fait part des excellents retours des consommateurs à propos des pâtes alimentaires fabriquées à partir de ce blé. Le gluten serait plus digeste et le caractère santé de ces aliments à base de blé Poulard est très apprécié. »

58 populations

Compte tenu des problématiques actuelles de souveraineté alimentaire locale, de maintien de la biodiversité dans les exploitations agricoles et de méfiance des consommateurs vis-à-vis du gluten, ce blé – et plus généralement les blés anciens – se révèle particulièrement intéressant. L’équipe de recherche s’est donc attelée à prospecter un maximum de population de blé Poulard. Ce afin de les cultiver et de déterminer si l’une d’elles ne serait pas plus adaptée au contexte pédo-climatique local que le Poulard d’Auvergne. Poulard d’Australie, Pétanielle noire de Nice, Milanais de Limagne,… l’avis de recherche lancé a permis de constituer
une collection unique en France de 58 populations.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier