Moisson départementale : premières tendances très décevantes

Publié le 20 juillet 2018

Alors que les moissons se terminent en Haute-Garonne, quantité et qualité manquent leur rendez-vous avec la récolte 2018.
Avec une baisse moyenne de rendement pour les grandes cultures estimée entre 25 % et 50 % et une qualité faible pour ne pas dire médiocre, le premier bilan de la récolte en Haute-Garonne s’annonce peu réjouissant. En cause, les conditions météo très particulières au premier semestre : 517 mm d’eau sont tombés en moyenne sur le département (contre 356 mm l’an dernier). D’après les données météo relevées par la Chambre d’agriculture Haute-Garonne, la pluviométrie mensuelle a dépassé depuis six mois les moyennes relevées depuis 10 ans, avec un pic en janvier (93 mm) et mai (105 mm). L’ensemble du territoire départemental n’est pas tout logé à la même enseigne : les stations météo enregistrent que Clarac (603 mm), Saint-Félix-Lauragais (528 mm) et Palaminy (519 mm) ont été plus arrosés que Blagnac (456 mm) et Le Lherm (478 mm). Les alternances de pluies orageuses et le cumul des pluies sur le mois de mars, avril et mai ont rendu les travaux agricoles printaniers plutôt difficiles (travail du sol, semis, désherbage …).

Pluviométrie hors normes

Ces conditions météo hors normes entraînent une baisse générale des rendements et de la qualité des récoltes. Loin d’être très localisée, elle concerne tous les céréaliers. En blé dur, les rendements s’établissent entre 20 et 55 quintaux/ ha. L’an dernier, la moyenne dépassait les 50 q/ha en Haute-Garonne, premier département producteur de France avec 48.000 ha.

De plus, la qualité, très hétérogène, devrait avoir un impact sur la transformation. « Cette céréale est l’un des plus exigeantes contractuellement parlant, note Christian Bessières, responsable du Pôle végétal et environnement à la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne. Avec en plus la présence de moucheture et de grains fusariés, les résultats laissent planer des inquiétudes pour les producteurs comme les transformateurs. »
Sur les 42.000 ha de blé tendre, les tendances affichent de 40 à 65 q/ha, à comparer avec une moyenne d’exploitation de 60 à 70 q/ha l’an dernier. Les grains sont présents sur les épis mais ne pèsent pas, pénalisant le poids spécifique. La fusariose, constatée à un niveau élevé, pourrait aggraver les résultats.
En bio, le rendement manque aussi à l’appel. Au printemps, les pluies abondantes ont empêché le désherbage mécanique et ont décalé la fertilisation. Le salissement des parcelles a eu un impact négatif notable sur les récoltes.
De plus, les précipitations du début de semaine ne vont pas arranger les affaires des céréaliers, qui n’avaient pas terminé dimanche soir. Un seul point encourageant à une moisson 2018 en bio compliquée : la qualité semble satisfaisante, avec des « jolis » grains. L’orge, qui occupe 12.000 ha sur le département, suit la tendance des céréales à paille. Les rendements constatés s’établissent à 40-55 q/ha, contre 60 à 70 q/ha l’an dernier. Loin de pouvoir consoler les céréaliers haut-garonnais, cette tendance s’annonce générale en Aquitaine et Occitanie. En contraste avec l’Espagne, où la récolte s’annonce exceptionnelle. S’il se confi rmait, cet élément ne marquerait pas de perturber le marché du Sud-ouest déjà affaibli.
Les résultats sont aussi décevants en pois protéagineux. Cette légumineuse, qui ne supporte pas les excès d’eau, a souffert des conditions climatiques extrêmes connues depuis décembre. « Nous n’encourageons plus cette production, indique Christian Bessières. Des tonnages conséquents vont arriver de Mer Noire, risquant encore de faire baisser les prix ».
Seul le colza limite les dégâts. Les températures très chaudes et ensoleillées constatées depuis fi n juin ont accéléré la maturation des colzas. Les premiers échos annoncent également des résultats en retrait par rapport à ceux de la récolte 2017. Sur le département, les rendements moyens par exploitation s’échelonnent entre 15 et 40 q/ha. Les champs ont gardé l’eau tout l’hiver, ruinant les efforts en matière de pratiques culturales et de conditions agronomiques.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier