Du Land Art à Auzeville

Publié le 19 juin 2012

Derrière les bâtiments du Centre de Formation des Apprentis d’Auzeville, une drôle de vision attend le visiteur. Un tableau noir aux montants faits de troncs d’arbre fait face à une sorte de salle de classe en plein air, constituée de tables de différentes hauteurs. Certaines ont leur plateau rempli de plantes vivaces, d’autres portent des dessins ou inscriptions. Au « fonds » de cette classe sans murs, deux tables aux pieds démesurés semblent vouloir prendre la fuite, en douce. Enfin, à côté du tableau noir, un bureau et sa chaise sont tout bonnement encastrés à mi-hauteur d’un arbre… Qu’on se rassure, les apprentis du CFA, concepteurs de cette classe verte, n’ont pas abusé de quelconque substance illicite. Ils se sont juste essayés au « land art » (voir encadré), dans le cadre de la manifestation annuelle « Les rendez-vous aux jardins ».

Mettre le patrimoine en image

Développée par le Ministère de la Culture et de la Communication, soutenue financièrement par la DRAC* et de la DRAAF Midi-Pyrénées, l’édition 2012 des « Rendez-vous aux jardins » portait sur le thème des « images du patrimoine ». Les lycéens de terminale Bac Pro option Travaux paysagers et Travaux Conseil Vente en Animalerie du CFA se sont donc penchés sur cette notion avec l’aide d’un artiste plasticien, David Lachavanne, et de Marie-Dominique Cucuron, enseignante en économie sociale. De leur réflexion collective est sortie l’idée de concevoir une salle de classe, qu’ils considèrent comme un objet de patrimoine, tant dans sa forme que comme le lieu de transmission du patrimoine et de l’identité culturelle d’une société. « J’ai souhaité laisser le plus de latitude possible aux lycéens lors de la conception de l’installation », confie l’artiste. « C’est d’ailleurs la proposition d’un élève qui a été retenue par la classe, lors d’un vote à main levée. Ma volonté était de leur faire découvrir toutes les phases de travail nécessaires à l’élaboration d’une installation artistique. » Les élèves ont alors choisi de détourner du mobilier de classe, tables, chaises, bureau pour proposer une installation géoplastique dans leur lycée. Elle prend la forme d’un jardin expérimental, dont le mobilier de classe constitue le cadre, et propose une relecture de l’apprentissage en milieu scolaire : transmission du savoir dans une classe où la concentration des élèves s’échappe parfois. « C’est vraiment une vision personnelle de ces lycéens qui se forment en alternance, au lycée et en entreprise », résume Marie-Dominique Cucuron.

Jeu collectif pour un projet aux multiples facettes

Divisés en trois groupes, les élèves ont travaillé à la fabrication de l’installation, à la réalisation d’un photoreportage retraçant l’évolution du projet et à la communication autour de l’œuvre (textes explicatifs, accueil du public, médiatisation…). Ils ont ainsi pu s’initier à la gestion de projet, au travail en équipe, en plus d’avoir acquis un regard et une pratique dans le domaine de l’art, au contact d’un artiste professionnel. Lors de la création, différents matériaux ont été utilisés : le bois, le métal… Le mobilier récupéré a été retravaillé selon l’imagination des élèves, qui ont ainsi abordé différentes techniques de travail. « Si ces jeunes n’avaient pas l’air très convaincus quand nous avons commencé, en janvier, la motivation est venue au fur et à mesure que l’œuvre prenait corps », sourit David Lachavanne. Mais quand ces lycéens ont présenté leur « classe verte » au public, le 1er juin dernier, leur fierté et leur enthousiasme ne trompaient pas quant au plaisir qu’ils ont pris à travailler ensemble pendant 6 mois sur un projet tout de même hors-normes.

L’œuvre est appelée à perdurer. Les plantes utilisées pour les plateaux végétalisés ont toute été choisie pour leur origine locale et leur rusticité. Si vous passez par la Cité des Sciences Vertes, faites donc un détour par le CFA pour découvrir le « Land Art », version Auzeville.

* Direction Régionale des Affaires Culturelles

Le saviez-vous ?
Le Land Art est une tendance de l’art contemporain, utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont à l’extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l’érosion naturelle. Ainsi, certaines ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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