L’Europe a les moyens de sortir de la crise

Publié le 6 avril 2012

Salle archicomble, le 28 mars dernier à Labège, où il n’y avait plus un siège de libre pour assister aux les 2è rencontres du Crédit Agricole Toulouse 31. Gérard Cazals et Yvon Malard, Président et directeur de la caisse régionale, y conviaient les décideurs économiques de Haute-Garonne pour assister à une table ronde sur le thème : « Europe, Euro… Scénarii pour une sortie de crise. Quelle contribution du modèle coopératif ? ».

« Ce n’est pas une crise de l’euro ! »

Après une introduction par Gérard Cazals et Yvon Malard, la 1ère intervention est revenue à Pascal Boniface, Directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Il a tenté de redonner un peu d’optimisme à l’assistance sur les suites de la crise financière. « C’est une crise de l’endettement mais aucunement une crise de l’euro », martelait-il. « Notre monnaie européenne n’a rien à se reprocher. Certes, nous sommes endettés. Mais le déficit budgétaire des États-Unis est 2 fois supérieur à celui de l’Europe. Sauf que personne n’a spéculé sur la mort du dollar, alors que l’euro fait l’objet de nombreux paris sur sa disparition. » Pour Pascal Boniface, la crise est derrière nous. Et surtout, quoi qu’on en dise, l’Europe n’est pas en récession. Il rappelait ainsi qu’elle est un marché de 350 millions de personnes à fort potentiel de consommation. « Les États-Unis n’en sont qu’à 220 millions d’habitants à fort pouvoir d’achat et la Chine, à 120 millions », relativise-t-il. « L’Europe reste donc à ce jour la région du monde la plus opulente. Certes, les autres vont plus vite que nous. Pour le moment… L’Europe a survécu à d’autres crises. Elle sortira également de celle-là. À condition de renforcer la solidarité financière entre États membres et d’investir sur l’avenir, la jeunesse, la recherche et l’innovation. » Cette intervention de Pascal Boniface fut ensuite commentée lors d’une table ronde animée qui réunissait Gérard Cazals, Yvon Malard, Henri-Jacques Buchet, directeur général de la coopérative 3A et François Goudenove, PDG de Websourd.

Une réglementation plus dangereuse que la crise

En contrepoint de l’intervention d’Yvon Malard, qui s’exprimait plus tôt en tant que Président du Comité régional des banques, Philippe Brassac, Secrétaire Général de la Fédération Nationale du Crédit Agricole, a conclu ces 2èmes rencontres en venant témoigner de son inquiétude sur l’avenir des banques françaises et européennes. « Toutes les grandes banques anglo-saxonnes et suisses ont fait « faillite », c’est-à-dire qu’elles présentaient toutes un résultat négatif, avec des pertes qui se chiffrent en milliard », déclarait-il sans ambages. « Or, à l’exception notable de la banque franco-belge Dexia, aucun établissement bancaire de France n’a perdu le moindre euro, ni coûté le moindre centime au contribuable. Au contraire, le plan de sauvetage des banques a rapporté près de 5 milliards d’euros à l’État français. » a toutefois fait le mea culpa au sujet des résultats de CASA (Crédit Agricole SA, ancienne Caisse Nationale) qui, pour la 1ère fois de son histoire, affichait une perte de 1,4 milliard € en 2011. « Nous payons notre erreur de jugement sur les « subprimes », où nous n’aurions jamais dû aller », reconnaissait-il. « Nous en avons tiré les enseignements et cessé ce type d’activité qui ne correspond pas à notre modèle coopératif. » Mais il a surtout tenu à rappeler que le groupe Crédit Agricole va bien. Pour preuve, malgré la perte de CASA, les résultats compilés des caisses régionales permettent d’afficher un bénéfice de plus d’un milliard € pour la banque verte. Avec un ratio de solvabilité de 10%, elle est même la meilleure banque française et la seule à ne pas être soumise à la surveillance de l’Europe. De quoi rester optimiste pour l’avenir. Sauf que Philippe Brassac ne l’est pas particulièrement. En cause, la réglementation internationale à venir, appelée Bâle III. « Ces nouvelles règles sont infiniment plus dangereuses que la crise que nous venons de traverser », estime-t-il. « On veut nous imposer un mode de fonctionnement contraire à tout ce que la crise nous a enseignés. C’est-à-dire un fonctionnement calqué sur le système anglo-saxon qui domine actuellement la finance internationale, mais qui a fait la preuve de sa dangerosité. »

Pourtant, le cri d’alarme lancé par Philippe Brassac et nombre de ses collègues des autres banques « traditionnelles » ne trouve pas d’écho. En pleine période d’élections présidentielles, prendre le parti des banques n’est pas la priorité des candidats… « On nage en plein amalgame en mettant dans le même sac, nos banques d’intermédiation, les banques d’affaires, les fonds de pensions, etc. », se désolait Yvon Malard en introduction. Philippe Brassac ne pouvait qu’abonder dans ce sens, en prédisant des jours difficiles pour nos économies européennes si nos politiques ne se réveillent pas.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia