La DRAAF fait parler ses chiffres

Publié le 3 octobre 2011

Chose promise… La Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) de Midi-Pyrénées vient de sortir les premiers résultats du recensement agricole 2010. Débutée chez nous en octobre 2010, cette photographie décennale de l’agriculture aura nécessité 6 mois de travail à 250 enquêteurs qui ont visité quelque 57.000 exploitations. « Un travail colossal pour notre service statistique », note Michel Sallenave, directeur de la DRAAF, lors de la présentation à la presse, le 6 octobre dernier. « Mais avec l’arrivée de l’informatique pour recueillir et traiter près de 700 données par exploitation, ce recensement va nous permettre de suivre très précisément les évolutions du métier et de l’environnement des agriculteurs. » De fait, la situation a bien changé depuis le dernier recensement, en 2000. Et s’il faudra encore un peu de temps pour exploiter l’énorme volume de données amassées lors de cette enquête, plusieurs tendances intéressantes ressortent déjà des premières analyses.

Midi-Pyrénées toujours en tête

Le recensement confirme la vocation agricole de notre région. 1ère en nombre d’exploitations (47.600) et 2ème en surface agricole avec 2,3 millions d’ha de SAU, Midi-Pyrénées se place en tête pour les surfaces en  blé dur et pommes de table, ainsi qu’en effectif de brebis laitières et nourrices. Elle est au 2ème rang en nombre de canards gras et à gaver et en surfaces de prunes de table. Elle se classe enfin 4ème pour le cheptel bovins viande. Midi-Pyrénées demeure une région d’élevage avec 46 % des exploitations spécialisées en productions animales. L’agriculture reste en outre le 1er employeur de Midi-Pyrénées. Mais ces chiffres ne doivent pas occulter une baisse généralisée, tant du nombre de structures que des surfaces agricoles. La région enregistre une diminution d’une exploitation sur 5 et la disparition de 69.000 ha (soit 3% de la SAU) ces 10 dernières années. « Si le nombre d’exploitants a moins baissé en Midi-Pyrénées qu’au niveau national, qui perd un agriculteur sur 4, ce sont surtout les structures de polyculture-élevage qui font les frais de cette diminution », précise Paula Fernandès, chef du service Statistique de la DRAAF. « Les petites et moyennes exploitations sont plus touchées par le phénomène (-23 et -26%) que les plus grandes, qui progressent faiblement (+1%). » Avec une SAU moyenne de 48 ha, en progression de 9 ha, la taille des exploitations régionales reste inférieure à la moyenne nationale (55 ha). « Les moyennes et grandes exploitations représentent aujourd’hui 55 % des exploitations et assurent la quasi-totalité (94 %) de la production brute standard de la région. Les petites exploitations, avec 14 ha de SAU en moyenne, ne réalisent donc que 6% alors qu’elles représentent 45% des exploitations régionales », ajoute Michel Sallenave. « Si notre région reste encore sur un modèle d’exploitations familiales de taille modeste, ces chiffres montrent tout de même qu’une page est en train de se tourner. »

Signes de qualité, bio et circuits courts en nette progression

Atout indéniable, la grande diversité des productions permet à Midi-Pyrénées de mieux supporter les crises que d’autres régions plus spécialisées. D’autant que les producteurs  se sont résolument engagés dans les démarches qualité. Aujourd’hui, ¼ des exploitations est sous signe officiel de qualité (label rouge, AOC-AOP, IGC…). À noter également, la part des exploitations en agriculture bio qui est passée de 1,5 à 8,5% en 10 ans, plaçant la région au 2ème rang national, derrière Rhône-Alpes. Mais ce qui marque la DRAAF est qu’une exploitation sur 5 utilise un circuit court de commercialisation. « Le mouvement de fond est indéniable », estime Michel Sallenave. « Nous sommes impressionnés par la vitalité et la créativité des agriculteurs dans le domaine des circuits courts et le nombre de projets nés ces dernières années. Dans un contexte perturbé, avec des exploitants en manque de repères entre la disparition des vieux outils de régulation de la PAC et des nouveaux outils qu’il reste encore à inventer, ils se concentrent sur la qualité et la proximité de leurs productions pour faire la différence. J’y vois un signe très fort pour notre agriculture, pourtant confrontée à des handicaps naturels assez importants. Selon Jean-Louis Cazaubon, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture, les circuits courts devraient d’ailleurs concerner 25 à 30% de la production régionale d’ici 7 ans. »

Des résultats accessibles à tous

Ces quelques chiffres ne sont qu’une petite partie des premières analyses du recensement 2010. Certaines informations nécessiteront un examen plus approfondi pour en comprendre les raisons. « On a vu, par exemple, que les jeunes s’installent essentiellement dans les zones d’élevage », constate Paula Fernandès. « Mais pour le moment, nous ne pouvons expliquer pourquoi. Il nous faudra dépouiller l’ensemble des réponses faites sur le contexte et l’environnement pour affiner ce genre de questions et tirer tous les enseignements de ces enquêtes. » Pour l’heure, la DRAAF n’a pas encore mis en ligne ces résultats. Ce devrait être chose faite d’ici la fin du mois d’octobre. La nouveauté de l’édition 2010 est que les internautes pourront non seulement consulter les données disponibles, mais aussi disposer d’une carte interactive. En sélectionnant une zone de l’échelle communale jusqu’à la France entière, il sera possible d’avoir accès aux fiches et études thématiques y afférant. Les utilisateurs les plus avertis pourront même constituer leurs propres cartes ou tableaux, depuis des bases de données téléchargeables. Même s’il faudra vraisemblablement attendre le début de l’année prochaine pour accéder à ce service. D’ici là, vous pouvez d’ores et déjà vous rendre sur le site internet de la DRAAF et consulter les premières tendances de ce recensement (www.draaf.midi-pyrenees.agriculture.gouv.fr/Recensement-agricole-2010-1er). Le service statistique mettra en ligne ses études et analyses au fur et à mesure de leur parution. N’hésitez donc pas à aller y faire un tour de temps en temps.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia