Et si on créait un GDS Avicole ?

Publié le 9 avril 2017

L’influenza aviaire touche la Haute-Garonne depuis quelque mois, maintenant. Si un seul élevage est concerné dans l’ouest du département, l’instauration d’une zone réglementée en 2017 touche 48 élevages haut-garonnais. La remise en place d’animaux y est actuellement interdite pour les palmipèdes et autorisée sous conditions pour les gallinacées. Entre les restrictions dues à ce classement et les inquiétudes liées aux évolutions ou simplement à la gestion de cette épizootie, le constat global pour les aviculteurs est qu’il manque un relais d’informations collectif entre la production et l’administration. Un manque que le Groupement de Défense Sanitaire (GDS) 31 entend bien combler…

Parler d’une seule voix

Un GDS est une association de loi 1901, portée par des éleveurs pour des éleveurs. En Haute-Garonne, plusieurs productions (bovines, ovines, caprines et apicoles) disposent d’une section au sein du GDS 31. Les budgets de ces différentes sections sont constitués des cotisations de ses membres et sont, le cas échéant, abondés par des délégations de missions de service public. Leurs actions sont multiples : suivi des prophylaxies obligatoires, plans d’assainissement des cheptels pour les éleveurs, achats groupés, veille et information sanitaire, représentation des éleveurs, formations, participation d’éleveurs à des projets pilotes, etc. Après deux années de crise sanitaire, créer une section dédiée à l’accompagnement et la représentation des aviculteurs du département semblait donc une évidence. Restait à consulter les éleveurs pour recueillir leurs avis et surtout leurs attentes en la matière. C’est ainsi que 25 d’entre eux se sont retrouvés pour une première réunion d’information, le 23 mars dernier à Carbonne. À leurs côtés, avaient également répondu présents les représentants départementaux de la DDPP*, de la Chambre d’Agriculture, du Conseil Départemental, du Laboratoire d’analyse, ainsi que les équipes du GDS 31 et les membres de quatre cabinets vétérinaires. Le Président du GDS Apicole 31, Jacques Dupuy, avait aussi fait le déplacement pour apporter son témoignage. En effet, si elle est intégrée au GDS 31, la section apicole dispose de son propre Conseil d’Administration, pour coller au plus près aux réalités de cette production.

Faire redémarrer la filière

La réunion ne pouvait pas se passer d’un point sur l’influenza aviaire et ses impacts sur les élevages haut-garonnais. Frédérique Reulet, technicienne aviculture de la Chambre d’Agriculture, et Carol Buy, directrice adjointe de la DDPP, sont revenues sur les origines de la crise, les raisons de son expansion et ses conséquences sur le terrain. De leurs échanges avec les éleveurs de la salle et les vétérinaires est ressorti un même constat : les mesures de biosécurité sont le maillon faible de la lutte contre les épizooties. C’est pourquoi le « pacte » sur le renforcement de la biosécurité, qui devrait être signé le 13 avril entre les représentants des organisations professionnelles, les collectivités et l’État, revêt une importance capitale pour l’avenir de la filière. Pour autant, les aviculteurs présents ont fait part de leurs inquiétudes sur la prise en compte de la situation et des besoins spécifiques à la typologie de l’élevage haut-garonnais. De fait, 80% des 460 élevages commerciaux que compte la Haute-Garonne sont des exploitations orientées en vente directe. En l’absence de structures coopératives ou industrielles d’importance, difficile pour les éleveurs dispersés du département de clairement se faire entendre ou de bénéficier du même niveau d’informations. « Même si nous ne sommes pas tous en zone réglementée, la filière est bel et bien à l’arrêt », soulignait un gaveur. « Si ce pacte doit aider à la relancer, il faudrait s’assurer d’y être représentés. » Un argument qui ne pouvait que plaider en faveur de la création d’un GDS Avicole…

Les débats furent nombreux et constructifs.
Les débats furent nombreux et constructifs.

Si le principe d’une section avicole était globalement acté par tous les présents, les discussions ont porté sur les aspects pratiques de sa mise en place. À titre d’exemple, Ève Pottiez, du GDS 31, a présenté les cas de deux sections départementales françaises aux typologies d’élevage radicalement différentes. La première, en Bretagne, connaît une forte production, avec de nombreux élevages et une filière majoritairement longue. L’autre, en Indre et Loire, évolue dans un contexte de production moyenne, avec peu d’élevages et une filière plutôt courte. « Dans ces deux cas, ce sont les éleveurs qui déterminent le fonctionnement, les activités, les services et le montant des cotisations », insistait le directeur du GDS 31, Christophe Martelet. « Un GDS n’est que le reflet de ce que veulent en faire ses membres. Cela peut aller de la simple représentation à la création de services précis pour améliorer vos résultats techniques et économiques à travers le sanitaire. » Il a enfin rappelé que la structure départementale pouvait impulser les premières actions d’une future section avicole, pour l’aider à démarrer. La journée s’est achevée sur un tour de table au cours duquel un groupe d’éleveurs s’est porté volontaire pour constituer un groupe de travail. Celui-ci devrait se réunir courant avril pour réfléchir aux premières actions à lancer et proposer une cotisation en conséquence. « C’est un bon début », concluait Christian Déqué, Président du GDS 31. « Mais ce projet ne pourra voir le jour que si la profession le porte et le diffuse auprès du monde avicole. »

 

* Direction Départementale de la Protection des Populations : née de la fusion de la Direction des Services Vétérinaires (DSV) et de la Direction de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DCCRF), la DDPP vise à assurer la sécurité sanitaire et économique des citoyens.

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia