La logique gagnant-gagnant de « Cœur de Gamme »

Publié le 30 mars 2017

En juin 2016, la Fédération Nationale Bovine lançait un appel à mobilisation à destination des grandes surfaces pour s’engager dans la revalorisation des prix d’achat des vaches de race à viande aux éleveurs, à travers la démarche « Cœur de Gamme ». Pour les éleveurs, il s’agit d’un véritable levier d’inversion de la logique commerciale au sein de la filière, aujourd’hui entraînée par une logique de prix bas et de perte de valeur.

De nouvelles relations commerciales

Depuis 2013, les niveaux de revenus des éleveurs de bovins viande n’ont cessé de baisser et la filière fait face à une crise structurelle sans précédent. Selon le rapport de l’Observatoire des prix et des marges, les prix agricoles ont chuté de 2,4 % en 2015, sans que les prix à la consommation n’aient été affectés (graphique ci-dessous). Avec la crise laitière et l’afflux de vaches de réformes sur le marché, 2016 s’est avéré encore plus difficile pour les éleveurs de vache à viande, condamnés à subir les prix indifférenciés des vaches de réforme laitières.
Actuellement, en grandes surfaces, la commercialisation de la viande bovine se caractérise par une forte indifférenciation des produits, avec de la viande issue de vaches laitières au même niveau que la viande issue de vaches allaitantes et sans distinction de races, de territoires, de modes d’élevage. Pour la FNB, une segmentation des produits (de l’entrée de gamme au premium, en passant par le cœur de gamme) permettrait une meilleure compréhension et surtout, une meilleure valorisation des races à viande auprès de consommateurs, souvent déçus par la viande bovine. Les races à viande sont pourtant un gage de qualité pour le consommateur et bénéficient d’une belle image. Les éleveurs s’engagent à respecter un cahier des charges précis sur les pratiques d’élevage, l’âge des animaux, les poids de carcasse, la conformation et l’état d’engraissement.

Un prix juste pour des éleveurs engagés

La contrepartie, c’est d’accorder un bon prix aux éleveurs, de l’ordre de 1 €/kg de plus sur chaque animal estampillé « Cœur de Gamme ». L’engagement dans la démarche vise à tenir compte des coûts de production et à les réviser chaque trimestre. C’est également un moyen de sortir du système de cotation du marché et de déconnecter le prix des vaches de race à viande de celui des vaches laitières de réforme.

Ainsi, « Cœur de Gamme » a vocation à assurer une juste rémunération des éleveurs tout en garantissant aux consommateurs de bonnes pratiques d’élevage  et une viande de qualité. C’est ainsi que le 22 février 2017, en amont du Salon de l’Agriculture, la FNB a présenté le logo qui identifiera désormais la démarche.
Les magasins qui mettent en œuvre la démarche utiliseront cette signature en rayon ou sur le produit lui-même. Une façon simple pour le consommateur d’orienter ses choix de consommation vers une viande de qualité à un prix qui rémunère l’éleveur. En choisissant « Éleveur & Engagé », le consommateur contribue à défendre des élevages de race à viande, ancrés dans les territoires et la tradition française de l’élevage.

 

 

Portrait chiffré de la filière en Occitanie

  • La région Occitanie compte 7.885 exploitations bovins viande, produisant 31.600 tonnes équivalent-carcasse de viande bovine, soit 17 % de la production nationale.
  • La production de viande bovine est aujourd’hui valorisée à hauteur de 345 millions d’euros. (Agreste mai 2015)
  • Le revenu moyen par actif non salarié en Occitanie est de 20.700 € (toutes productions confondues), inférieur de 37 % à la moyenne nationale.
  • Les systèmes d’exploitation sont extensifs (42 ha et 1 vache/ha en moyenne) et les fermes produisent elles-mêmes en moyenne 90 % de l’alimentation des troupeaux.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia