Des assises pour préparer l’avenir

Publié le 23 octobre 2009.

Il est un domaine que le monde agricole connaît relativement peu, même si tout le monde y est pourtant passé un jour ou l’autre. Il s’agit de l’enseignement agricole. À l’instar des filières de la production ou de l’agroalimentaire, ce secteur connaît lui-aussi des difficultés. Réductions budgétaires, baisse des effectifs d’élèves, décentralisation, réformes, …, les secousses sont nombreuses et le corps enseignant peine parfois à s’y retrouver.

Consultation de grande envergure

C’est pourquoi Bruno Le Maire, Ministre de l’agriculture, a souhaité que soient réalisés, au niveau national, un bilan ainsi qu’une réflexion sur des pistes d’amélioration possibles pour « refonder les missions de l’enseignement agricole ». Pour que la construction de ce nouveau projet soit menée en concertation avec les personnels, les jeunes et les partenaires, le ministre a lancé les « Assises nationales de l’enseignement agricole public », le 10 septembre dernier.

Pendant 2 mois, consultations et ateliers de réflexions se déroulent sur plusieurs plans. Au niveau national, tout d’abord, le ministère a ouvert 4 chantiers thématiques (Missions ; Répartition de l’offre de formation sur le territoire ; Innovation et ambitions pédagogiques ; Gouvernance et pilotage) permettant de brosser un tableau le plus large possible de l’enseignement agricole, tel qu’il est perçu par ses acteurs. Pour chacune de ces thématiques, un groupe de travail regroupant des membres du ministère et les représentants nationaux des enseignants et des syndicats, planche sur les pistes d’évolution pour la thématique concernée et effectue des déplacements sur le terrain afin de recueillir les témoignages et avis d’un maximum de personnes. Parallèlement à cela, un site internet (http://assises.educagri.fr) a été créé pour permettre à toutes les composantes de l’enseignement agricole de s’exprimer, y compris les élèves. Le ministre souhaite que ce travail de réflexion et de dialogue débouche sur des décisions concrètes d’ordre législatif pour la loi de modernisation agricole.

Ondes, établissement témoin

C’est dans le cadre de ces consultations que le lycée d’Ondes a reçu, le 23 octobre dernier, l’un de ces 4 groupes de travail. Emmené par François Moreau, adjoint au chef du service des ressources humaines du ministre de l’agriculture et co-rapporteur du groupe, la délégation est venue passer une journée riche en échanges et débats de toutes sortes. Gérard Parisot, proviseur du lycée, et le Conseil d’Administration de l’établissement ont en effet mis à profit chaque instant de cette journée pour apporter un maximum d’informations au groupe de travail. Les élèves eux-mêmes ont pleinement participé à la visite. Au cours de la matinée, ce sont eux qui ont accueilli le groupe. Au programme, visite complète de l’établissement et discussions entre les élèves et la délégation. Après un repas convivial qui a créé de nouvelles opportunités d’échange dans un contexte « décontracté », l’après-midi a été consacrée à une séance de travail réunissant l’ensemble des acteurs de l’enseignement agricole régional, en présence de Michel Sallenave, DRAAF Midi-Pyrénées et Jean-Roger Martin, du SRFA Midi-Pyrénées (Service Régional des Formations Agricoles, équivalent du rectorat de l’Éducation nationale). François Moreau insistait sur les objectif de la rencontre : « Nous sommes venus sur le terrain pour voir si les concepts débattus au niveau national sont applicables ou non, et de quelle manière. Il est donc primordial que chacun s’exprime sans tabou, sur tous les sujets nécessaires à l’avancée de nos travaux. » Portant sur le thème de la Gouvernance, les débats avaient pour but de  passer en revue l’organisation des modes de décision, pour permettre de rendre plus simple et efficace le fonctionnement d’un lycée. Inutile de dire que les échanges furent nombreux et animés. Ce qui n’était pas pour déplaire à Michel Sallenave, concerné au premier chef du fait de sa charge de représentant régional du ministère de l’agriculture, dont relève l’enseignement agricole. « Ces assises tombent à un moment clé. D’un côté, nous sommes dans un contexte de réduction d’effectifs et de l’autre, on sent un vrai besoin de maintenir et développer les territoires et les filières. Je vis donc cette occasion comme une opportunité de relancer la dynamique dans un secteur qui n’attend que ça, pour le faire évoluer tout en conservant l’excellence pédagogique qui le caractérise. » Seule ombre au tableau de cette journée qui a visiblement enchanté les participants, le Conseil Régional Midi-Pyrénées a boudé la rencontre. Au grand dam de Gérard Parisot : « Le Conseil Régional a estimé ne pas avoir été concerté pour l’organisation de ces assises et a donc décidé de boycotter la journée, alors qu’il a un rôle de premier plan dans l’enseignement agricole du fait de la décentralisation. Il est vraiment regrettable de gâcher une occasion de tous travailler ensemble pour le bien de nos élèves. »

Le ministre de l’agriculture clôturera les assises le 10 décembre prochain, soit un mois plus tard que prévu. Le temps, sûrement, de « digérer » la masse d’informations recueillies pendant ces 2 mois de consultations. Espérons qu’elle sera utilisée à bon escient, les attentes du monde enseignant sont énormes.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia