5mVet révolutionne l’alimentation des ruminants

Publié le 18 février 2014

Les 17 et 18 décembre dernier, la Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne a organisé deux sessions de formation particulièrement innovantes sur la santé des veaux, à Verfeil et Rieumes. Adressée aux éleveurs, techniciens d’élevage et cabinets vétérinaires du département, cette formation est dispensée par 5mVet, un cabinet vétérinaire spécialisé dans l’audit et la formation en médecine des ruminants. Alors que la Chambre d’Agriculture annonce deux nouvelles journées de formation, nous vous proposons les témoignages de l’animatrice de la journée et de deux professionnels ayant assisté à une de ces sessions qui ont eu l’air de bousculer bien des idées reçues.

L’animatrice

J’ai découvert le cabinet 5mVet et leurs modules de formation via le Groupement de Défense Sanitaire (GDS) du Lot. Devant le succès et les retours que nous avons eus de leurs interventions, nous avons voulu faire profiter les éleveurs de Haute-Garonne de cette nouvelle façon d’appréhender la gestion des troupeaux de ruminants. Un des vétérinaires formateurs de ce cabinet est donc venu présenter le concept au Conseil d’Administration du GDS 31. Suite à quoi il a rapidement été décidé de proposer cette formation sur le département, au travers de VIVEA, le fond d’assurance formation des agriculteurs.

La nouveauté qui fait le grand intérêt de ces interventions, c’est qu’elles s’adressent aussi bien aux éleveurs, qu’aux techniciens et aux vétérinaires. Ce sont d’ailleurs les cabinets de vétérinaires locaux qui invitent les éleveurs à participer. Ainsi, même si les éleveurs n’assistent pas à la même session que les techniciens et vétérinaires, le message reste le même pour tout le monde. Et ce message est de première importance !

Les vétérinaires de 5mVet ont démontré que 90% des problèmes de santé des veaux proviennent de l’alimentation des vaches avant la mise-bas. C’est un discours qu’on n’a pas trop l’occasion d’entendre et surtout, 5mVet bat en brèche plusieurs idées reçues sur la ration de la vache gestante qui sont réellement néfastes pour leur santé et celles de leurs veaux. À Verfeil et Rieumes, j’ai vu des éleveurs ouvrir les yeux comme des soucoupes quand le formateur « démontait », preuves à l’appui, des pratiques utilisées dans leurs exploitations depuis des générations. Ces remises en cause de quelques certitudes ne sont pas toujours faciles à digérer, mais beaucoup de participants sont ressortis de leur journée avec l’envie de mettre immédiatement en pratique les conseils qu’ils avaient reçus. Pour information, les éleveurs des autres départements qui ont recalé leurs pratiques suite à la formation ont vu leurs résultats progresser de façon considérable.

Tout cela incite donc le GDS 31 et la Chambre d’Agriculture à décliner au maximum ce type d’informations auprès des professionnels de l’élevage. Car si nous avons commencé avec la santé des veaux, d’autres thèmes suivront, qui seront définis prochainement afin d’offrir une progression logique des modules. Pour le moment, 8 vétérinaires, 6 techniciens et une vingtaine éleveurs ont suivi cette première journée. Ce n’est qu’un début et vu les retours que nous avons déjà eus sur la qualité des formateurs et des conseils, cette formation devrait faire boule de neige. Certains éleveurs nous ont déjà annoncés vouloir assister une 2ème fois à ce module, l’an prochain, pour partager leur expérience avec le formateur et lui faire part des éventuels problèmes rencontrés.

L’éleveur

Christian Cousseau (production, en GAEC, de broutards et veaux sous la mère Blonds d'Aquitaine à Casties-Labrande)
Christian Cousseau (production, en GAEC, de broutards et veaux sous la mère Blonds d’Aquitaine à Casties-Labrande)

C’est un des vétérinaires du cabinet de Rieumes qui m’a parlé de cette formation. À dire vrai, j’ai accepté pour lui faire plaisir. Je pensais qu’on allait parler des soins à apporter aux veaux ou comment détecter les maladies et problèmes. Bref, je prenais cette journée comme une remise à niveau de chose que je connaissais. J’ai ensuite reçu la convocation du GDS 31 pour la journée du 18 décembre à Rieumes. Nous étions seulement 6 éleveurs. Et bien nous sommes tous ressortis enchantés !

Tout d’abord, le contenu était très technique, mais sans être indigeste. Nous n’avons pas vu passer la journée. Ce qui était nouveau pour moi comme pour mes collègues, c’est que presque tout se joue avant le vêlage. Nous n’avons pas parlé de guérir les veaux mais bien de prévenir les maladies en jouant sur l’alimentation des mères. Le plus gros choc pour moi a été d’apprendre qu’il ne fallait surtout pas « ralentir » la vache dans le mois précédant la mise bas. C’est pourtant quelque chose que nous avons toujours fait, pour éviter d’avoir des veaux trop gros et donc des problèmes de vêlage. Le formateur nous a expliqué qu’il fallait faire exactement le contraire ! En fait, augmenter l’énergie dans la ration de la vache permet de réduire jusqu’à 8 jours la durée de gestation. Et comme ce sont dans les derniers jours que le veau grossit le plus, un vêlage plus précoce se traduit par un veau pas trop gros, qui nait facilement et surtout qui n’est pas carencé à cause du sous-régime de sa mère. En résumé, la ration qu’un éleveur donne généralement à une vache après le vêlage, il devrait la lui donner un mois avant… C’est pour moi une vraie remise en cause de mes habitudes. J’ai commencé à mettre ces conseils en pratique. Pour le moment, je n’ai eu que 6 vêlages, qui se sont bien passés. Mais la majorité des mises bas, dans notre GAEC, se fait après le 15 août, quand l’herbe est plus rare et qu’on a donc recours à de l’enrubannage à la qualité variable. C’est là qu’il faudra que je soigne davantage la ration des gestantes et que je mettrai vraiment ces conseils à exécution.

Nous avons appris des tas d’autres choses au cours de cette journée. Par exemple, quand on fera fouiller les bêtes pour savoir si elles sont pleines, on demandera une estimation de la date de vêlage. Ça nous permettra de faire des lots en fonction des mises bas et d’adapter les rations en conséquence, le mois d’avant. J’avais aussi un problème de veaux qui avaient froid dans le bâtiment. Le formateur m’a donné une astuce à laquelle je n’avais jamais pensé. Au lieu d’essayer de chauffer mon bâtiment, il m’a conseillé de faire un abri ou une sorte de double-toit, au-dessus du parc à veaux. De fait, je vois maintenant les tous petits s’y réfugier dès que la température baisse. Quand on sait qu’un petit veau malade a toutes les chances de cumuler les problèmes en grandissant, cette simple astuce peut avoir des grands effets sur la croissance, voire le taux de mortalité, de nos veaux. Ce qui nous ferait le plus grand bien, car si nous sommes plutôt bons en reproduction, nous avons beaucoup de mal à descendre sous la barre des 10% de mortalité de veaux.

À la fin de la journée, Isabelle Aufrere, du GDS 31, nous a demandé quels seraient les thèmes que nous aimerions aborder dans les prochaines formations 5mVet. J’espère que la suivante sera aussi instructive que celle-ci. De toutes les formations que j’ai suivies, c’est vraiment celle où j’ai le plus appris. Depuis, j’en ai pas mal parlé autour de moi et j’invite vraiment les éleveurs du département à assister aux prochaines sessions. La preuve, j’y ai déjà inscrit mon frère !

Le technicien

Sébastien Suspène (conseiller spécialisé bovin viande - Chambre d'Agriculture 31)
Sébastien Suspène (conseiller spécialisé bovin viande – Chambre d’Agriculture 31)

J’avais déjà suivi une formation avec 5mVet, il y a deux ans, sur la santé des génisses. Je savais que la formation serait pointue, de qualité et très axée sur la pratique. Mais même si je connaissais certains aspects de leur discours, notamment sur l’importance de l’alimentation, j’ai tout de même appris beaucoup lors de cette journée.

La grande découverte, pour moi, concernait l’alimentation des veaux dès leur naissance. Dans mon esprit, complémenter les très jeunes veaux ne servait pas à grand-chose et le lait suffisait à assurer leur croissance. Or le formateur de 5mVet nous a démontré que, si les concentrés n’influaient pas sur la croissance, ils avaient par contre un rôle primordial sur le développement du rumen*. Comme celui-ci se forme dès 2 semaines et pendant les 4 premiers mois de la vie du veau, il ne faut surtout pas rater cette étape, sous peine de compromettre la capacité de l’animal à bien digérer et assimiler les aliments. Et comme la santé du veau et de la future génisse passe par une bonne alimentation… Bref, c’est un cercle vertueux à mettre en place.

Cette formation veut vraiment montrer que la prévention est la meilleure garante de la santé des ruminants. Les éleveurs peuvent parfois reprocher aux vétérinaires de n’être que des « pompiers », qui n’interviennent que quand il y a le feu. Et que moins on les voit, mieux on se porte… C’est une des causes de la création du cabinet 5mVet. Ce groupe de praticiens a constaté qu’ils rencontraient presque toujours les mêmes problèmes lors de leurs interventions. Ils ont alors pris le temps d’en comprendre les causes et sont arrivés à cette conclusion sur le rôle central de l’alimentation.

Avoir une journée de formation en commun entre conseillers techniques et vétérinaires est également très bénéfique. Ça nous permet d’échanger entre techniciens et d’harmoniser, en quelques sortes, le discours qui sera diffusé sur le terrain pour recaler les pratiques d’élevage. C’est d’autant plus important que ces messages de prévention commencent déjà à se répandre sur le terrain, suite à la formation 5mVet. Tous les participants en ont parlé autour d’eux et je connais plusieurs éleveurs qui se sont déjà inscrits pour les prochaines sessions. Les places risquent d’être chères. Il faut donc que nous, techniciens et vétérinaires, puissions prendre le relais et tous véhiculer la même information.

* Le système digestif des ruminants est constitué de plusieurs « pré-estomacs ». La panse, aussi appelée rumen par les professionnels, est le premier – et de loin le plus volumineux – de ces compartiments. Elle joue un rôle indispensable dans la dégradation des nutriments ingurgités.
 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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