La SAFER GHL fête son demi-siècle

Publié le 2 juillet 2012

Agréée par les ministères de l’Agriculture et des Finances le 30 mai 1962, la SAFER Gascogne Haut Languedoc entendait bien marquer le coup pour ses 50 ans d’activité d’aménageur du territoire. Le 19 juin dernier, c’est dans l’amphithéâtre de l’école de Purpan que Michel Baylac, son Président, accueillait l’ensemble des partenaires et collaborateurs de la SAFER pour un Forum du Cinquantenaire.

S’appuyer sur l’histoire…

Après son Assemblée Générale annuelle, dans la matinée, l’après midi était donc consacrée à ce forum tourné, bien entendu, vers le passé, mais aussi vers les défis qui attendent la SAFER GHL dans les années à venir. Michel Baylac le précisait en ouverture : ici, point de nostalgie mais un temps de recul pour « porter un regard sur le passé, nos fondements, nos aînés et notre activité au cours de ces 50 années. » Plusieurs témoignages et présentations ont donc émaillé la première partie de ce forum, pour permettre à l’assistance de saisir les principaux enseignements et analyses tirés de l’histoire de la SAFER. Quelques chiffres étaient ainsi présentés par Henri de Ferluc, directeur de la SAFER GHL. De leurs côtés, Jean-Claude Duzer (Président de l’institution Adour) et Louis Marette (Conseiller Général de Saverdun) sont venus témoigner des évolutions des missions de la SAFER et de quelques actions emblématiques du rôle de la SAFER dans les domaines du foncier et de l’environnement. Sont également venus apporter leur analyse et leur vision des questions foncières : Michel Sallenave (DRAAF Midi-Pyrénées), Jean-Louis Chauzy (Président du CESER) et le Président national des SAFER, Emmanuel Hyest. Parmi les données présentées, certaines sont représentatives du rôle joué par la SAFER, d’autres sont révélateurs des tendances lourdes du marché du foncier. En 50 ans, près de 300.000 ha (agricoles, forêt, naturels) ont ainsi été rétrocédés sur les 4 départements de la SAFER, un territoire de 219.000 km² et de 1.050.000 ha de SAU. Cela représente plus de 35.000 opérations d’attribution de foncier, soit 20 à 25 % de l’ensemble des mouvements fonciers constatés sur le secteur. La surface moyenne des notifications enregistrées se situait à un niveau stable de 3 à 4 ha jusqu’au milieu des années 90. Depuis ces dix dernières années, elle tourne autour d’1,5 ha. En se penchant sur les 10 dernières années, Henri de Ferluc mettait en avant un indicateur éloquent. « Pour une activité annuelle de l’ordre de 5.000 ha rétrocédés, la SAFER enregistrait 1,4 fois plus de demandes de surface qu’il n’y avait d’offre, en 2002 », déclarait-il. « L’an passé, cet indicateur est passé à 2,4 fois plus de demande que d’offre ! C’est dire la pression sur la demande de foncier, notamment dans les 50 km autour de Toulouse. »

… pour mieux envisager l’avenir.

C’est pour réfléchir aux actions et orientations à définir pour aborder les grands défis du foncier que le Forum prévoyait, en 2ème partie, plusieurs interventions. Tout d’abord, Jean-Claude Laborie, Professeur Émérite des Universités, appelait de ses vœux la reconnaissance d’une vaste région Sud (qui couvrirait l’ensemble des Pyrénées, des Pyrénées Orientales aux Pyrénées Atlantiques et de Barcelone à Bilbao) comme véritable « poumon vert » de l’Europe. À condition de préserver ce qui en fait sa principale richesse : les espaces agricoles… Dans une table ronde sur l’eau et le foncier, réunissant Jean-Louis Cazaubon (Chambre Régionale d’Agriculture), Hervé Peloffi (FRSEA) et Étienne Barada (Jeunes Agriculteurs Midi-Pyrénées), le ton était au soutien sans faille à la SAFER et ses actions, ainsi qu’à un plaidoyer pour que chaque espace agricole soit productif, « même faiblement » pour reprendre les termes de Jean-Louis Cazaubon. Enfin, les partenariats avec les collectivités et les outils communs à mettre en œuvre était abordés par des intervenants allant de l’échelon local à l’Europe en passant par le régional et le national*. « Je suis quand même optimiste », lançait Michel Baylac à l’issue des interventions. « Le socle des SAFER, au travers de la loi qui les légitime, est solide. Les partenariats avec toutes les composantes des milieux ruraux et périurbains, dont l’État, se multiplient. Nos réseaux sont bien ancrés dans nos territoires et nous sommes porteurs d’une ambition de mieux en mieux comprise. » Il terminait son propos en s’appuyant sur une citation de Gandhi : Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir. « C’est bien de volonté dont nous avons besoin. Parce qu’après tout, la SAFER est le dernier outil à la disposition du monde rural. Il est de notre devoir de le préserver. »

* Bernard Verdier (Conseil Général 65), Laurent Forest (Comité Technique SAFER 31), Didier Vidal (Comité Technique SAFER 09), Antoine Maurice (Communauté du Grand Toulouse), Emmanuel Hyest (FNSAFER) et Charles Konnen (Association Européenne des Institutions d’Aménagement Rural).

 

Repères historiques
  • 5 août 1960 et 8 août 1962 : Lois d’Orientation agricole et complémentaire créant les SAFER
  • 24 mai 1961 : Constitution de la Safer Gascogne Haut-Languedoc
  • 30 mai 1962 : Agrément par le Ministère de l’Agriculture et le Ministère des Finances
  • 1963 et 1965 : Attribution du droit de préemption pour les départements de la Safer GHL
  • 1977 : Ouverture aux collectivités
  • 1990 : la SAFER GHL est « opérateur foncier polyvalent » : réorientation vers des usages non agricoles / protection de l’environnement / gestion locative des terres par Convention de Mise à Disposition / concours technique aux collectivités locales
  • 1999 : Aménageur de l’espace rural / opérateur foncier dans le cadre des schémas de services collectifs des Espaces Naturels et Ruraux / droit de préemption pour la mise en valeur des paysages et de la protection de l’environnement
  • 2002 : Intervention sur l’ensemble des biens ruraux, agricoles ou non
  • 2004 : Droit de préemption pour le compte des départements dans le cadre des PPAEN (périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains)
  • 2006 : Information des maires des déclarations d’intention d’aliéner adressées par les notaires

Auteur de l’article : Sébastien Garcia