Aspet lutte contre l’embroussaillement

Publié le 20 octobre 2015

Pas content, le cerf… Pas moyen de bramer en paix à la lisière de cette parcelle escarpée du bas d’Aspet, ce 2 octobre au matin. Il a dû battre en retraite devant la cinquantaine de personnes venues assister à une démonstration de matériel de débroussaillage. Organisée conjointement par la Chambre d’Agriculture, l’ACVA d’Aspet et le Conseil Départemental, cette matinée visait à faire un tour d’horizon des moyens de lutte mécanique contre l’ensauvagement des espaces.

Stopper la déprise agricole

« C’est la suite logique de la fête de l’agriculture de montagne que nous organisons depuis deux ans », résume Jean-Yvon Masse, Président de l’ACVA. « Nous y présentons à chaque fois du matériel de débroussaillage, que nous avons voulu comparer aujourd’hui en dynamique, sur une parcelle agricole. » C’était d’ailleurs tout autant une comparaison qu’un tour d’horizon des solutions face à la déprise qui menace une bonne partie des paysages de montagne. De fait, les agriculteurs ont de plus en plus de mal à repousser ronces et fougères, qui envahissent progressivement les parcelles. « Avant, les anciens allaient souvent couper les ronces le soir », se rappelle un agriculteur présent. « Aujourd’hui, il y a moins de monde dans les campagnes et on se fait déborder. Or une fois en place, les broussailles sont très difficiles à éradiquer. » Si l’écobuage est parfois une solution, Leslie Saint-Geniez, conseillère pastoralisme à la Chambre d’Agriculture, a rappelé que cette pratique a tendance à acidifier les sols, ce qui favorise la prolifération des fougères. D’après une étude réalisée par la Chambre d’Agriculture en 2013, tout le sud du canton est en voie de déprise. À Fougaron, la mairie a créé un troupeau communal pour lutter contre l’ensauvagement. Mais encore faut-il que les troupeaux puissent accéder aux parcelles. Le débroussaillage avec du matériel lourd et spécialisé s’impose donc, dans la plupart des cas, pour permettre dans un second temps de remettre des animaux.

Lutte collective

Après l’intervention de Mathieu Navarro, du service Prévention des Risques Professionnels de la MSA, l’ACVA a donc présenté quatre engins bien différents aux participants. Tout d’abord, un robot broyeur téléguidé, appartenant à Robert Larroque, a fait preuve de ses capacités à travailler dans les endroits les plus pentus. Ce fut au tour du concessionnaire Apyagri de faire une démonstration d’un disque monté sur un tracteur pour débroussailler sous les clôtures et autour des poteaux. La Mairie d’Aspet a ensuite présenté un tracteur pourvu d’un broyeur d’accotement, avant qu’Éric Mousqué, entrepreneur à Arbas, passe en revue les caractéristiques d’un tracteur de type Carraro qu’il envisage d’acheter. « Tous ces engins ont une spécificité intéressante pour nos problématiques d’embroussaillement », note Jean-Yvon Masse. « Mais ces matériels coûtent cher pour une personne seule. L’idée est donc d’en acquérir en CUMA ou que la CUMA fasse appel à un prestataire. Dans un deuxième temps, il nous faudra trouver des aides, que ce soit en local ou auprès de l’Europe, pour boucler le budget. Rien que sur le canton, nous avons environ 55 ha de broussailles à broyer. À 1.000 €/ha en moyenne, je vous laisse faire le calcul… » Une autre piste explorée est de recourir au Service de Remplacement (SR) pour entretenir et réparer les clôtures des espaces regagnés, de façon à maintenir et faire tourner les pâtures pour les animaux. L’ACVA doit prochainement rencontrer le SRA 31 pour étudier une possible convention.

« C’est un problème commun qui nécessite une réponse collective », insiste Jean-Yvon Masse. Un message apparemment bien reçu si l’on en juge la participation de plusieurs maires et élus de collectivités territoriales, ce 2 octobre. Tous ont bien compris qu’il n’était pas question de gagner de l’espace agricole, mais bien d’arrêter d’en perdre. Débroussailler les espaces et y installer des jeunes éleveurs permettra de maintenir des paysages ouverts et attractifs. Dans une zone où le tourisme joue un rôle économique important, les communes ont tout intérêt à y réfléchir soigneusement.

 

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia