Ail violet : le Syndicat persiste et signe

Publié le 14 décembre 2012

Ça bouge sur le front de l’AOC ! Le 8 décembre 2011, le Syndicat de Défense de l’Ail Violet de Cadours recevait une commission d’enquête nommée, fin septembre, par la commission nationale permanente de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine ). Cette commission était composée de deux responsables de filière AOC (Haricot Blanc de Paimpol et Fromage de Beaufort) ainsi que d’un représentant de l’INRA. La visite visait 3 objectifs. Tout d’abord, apprécier la motivation du Syndicat et sa capacité à mener à bien la demande de reconnaissance. Puis évaluer la pertinence du choix de l’AOC comme Signe Officiel de Qualité au lieu de l’IGP (voir encadré). Enfin, préciser et justifier quelques points du cahier des charges, comme par exemple, le recours à l’irrigation ou à l’usage éventuel d’un anti-germinatif, ou encore la confection de conditionnements type petits filets ou plateaux.

Tout le monde sur le pont !

Pour préparer au mieux la venue de la commission, le conseil d’administration du Syndicat s’est mobilisé. Plusieurs réunions se sont tenues, avec le soutien de la Chambre d’Agriculture 31 et de la DADRE, pour préparer les réponses aux différentes questions soulevées par la Commission Nationale. C’est ainsi que les visites d’un exploitant et d’une station de conditionnement ont été organisées, pour faire suite à une demande de la commission d’enquête.

C’est à Gérard Despes, agriculteur à L’Isle Jourdain, qu’est revenu la charge de recevoir la commission et les responsables du Syndicat. Cela a permis de faire le point sur le choix de la parcelle, sur les itinéraires techniques de production, sur la récolte équeutée et le séchage en pallox. En effet, si le Syndicat met en avant la tradition et le savoir-faire, il ne s’interdit pas la modernité en intégrant de nouvelles pratiques. Pour la station, les établissements Royal Saveurs, à Beaumont de Lomagne, ont apparemment répondu aux attentes de la commission. La visite a permis de montrer que les conditionnements préservaient la tradition, la qualité du produit, utilisaient de la main d’œuvre et qu’il ne s’agissait donc pas d’automatisation.

La discussion s’est poursuivie en salle au Château de Laréole où Alain Julian, Conseiller Général et Maire de Cadours, a accueilli la délégation mais également tous les adhérents du syndicat, qui les ont rejoints sur place. L’occasion pour eux d’expliquer en direct leurs pratiques.

Un choix réfléchi… et convaincant

Restait à convaincre la commission du choix de l’AOC, quand les autres bassins de production d’ail avaient choisi l’IGP. L’Ail Violet nécessite un terroir et un savoir-faire particulier pour que s’exprime la couleur violette et que le produit soit de qualité. Le choix de la parcelle, le pelage, le séchage et une irrigation positionnée à certaines périodes du stade de la culture, sont autant de paramètres à maîtriser pour obtenir un ail violet. De plus, toutes les étapes d’élaboration du produit sont réalisées dans l’aire d’appellation. L’AOC est donc bien l’outil le mieux adapté pour qualifier l’Ail Violet de Cadours, qui allie le travail, le savoir-faire, le terroir, les données morpho-pédologiques de l’aire d’appellation. Des arguments qui semblent avoir porté leurs fruits. Au terme de la journée, la commission d’experts s’est dite satisfaite du déroulement de la visite, convaincue de la motivation du Syndicat et du choix de l’AOC. Les enquêteurs se sont même dits impressionnés par le travail fourni ces deux dernières années par le Syndicat. Ayant obtenu toutes les informations sur les différents points du cahier des charges qui nécessitaient des précisions, la Commission rapportera donc au niveau national un avis favorable à la démarche du Syndicat. Il faudra encore affiner la définition organoleptique du produit, son cahier des charges, son plan de contrôle mais l’Ail Violet de Cadours est définitivement sur la bonne voie.

Lilian Bernard, Président du Syndicat, a remercié l’ensemble des participants pour leur mobilisation. Et n’a pas manqué de rappeler le soutien des partenaires locaux (mairies et Conseils Généraux du 31, 32, 82, Communautés de Communes de Cadours, des Portes de Gascogne Toulousaine, le Pays Tolosan et la Chambre d’Agriculture 31), sans qui rien n’aurait été possible. On attend la suite avec impatience…

Laurence Espagnacq

Chambre d’Agriculture 31

Le saviez-vous ?

AOC/AOP/IGP, comment s’y retrouver ?

L’appellation d’origine contrôlée (AOC) désigne un produit originaire d’une région ou d’un lieu déterminé dont la qualité ou les caractères sont dus essentiellement à ce milieu géographique. Elle résulte de la combinaison d’une production et d’un terroir qui s’exprime par le savoir-faire des hommes. Depuis 1992, il existe son équivalent européen : l’appellation d’origine protégée (AOP), identifiée par symbole identique dans tous les pays de l’Union Européenne. À cette même date, est apparu un autre signe européen d’identification de l’origine : l’indication géographique protégée (IGP). L’IGP désigne des produits agricoles et des denrées alimentaires dont les caractéristiques sont étroitement liées à une zone géographique, dans laquelle se déroule au moins leur production, leur transformation ou leur élaboration. En résumé, on peut dire que, dans le cas d’une AOC, la typicité du produit est essentiellement due à son origine, tandis que pour une IGP, le lien entre typicité et origine n’est que partiel.

Depuis 2002, une AOC ne peut exister sans être automatiquement inscrite respectivement en IGP ou en AOP.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia