L’agneau fermier au menu des Qualivores

Publié le 22 juin 2018

Pour Sébastien Bernès, « faire de l’agneau a toujours été une évidence ». Déjà, au collège, il avait monté un troupeau d’une trentaine de brebis Lacaune au sein de l’exploitation familiale et s’en occupait le soir et le weekend. Face à la réticence de sa mère à ce qu’il poursuive des études agricoles, il s’oriente vers un Bepa en travaux paysagers. Mais la passion reprend vite le dessus : il s’inscrit en BRPEA production ovine à Moissac (82). N’ayant pas trouvé d’éleveur ovin pour maître d’apprentissage, il découvre les bovins lait lors de son parcours en alternance. « J’ai beaucoup appris », reconnaît-il aujourd’hui. Au-delà de la passion, il s’est aussi rendu compte qu’avec peu d’investissements, il pourrait s’installer rapidement. « Il est possible de vendre ses premiers agneaux au bout de 15 mois, les premières rentrées d’argent se font moins attendre qu’en bovins viande. Et la rentabilité est meilleure qu’en bovins lait », détaille l’éleveur.

Installation progressive

En 2013, alors qu’il est salarié agricole, il saute le pas. Il s’installe sur l’exploitation de ses grands-parents maternels à Montaigut-sur-Save, inexploitée depuis plusieurs années. Là où ses aïeux faisaient des vaches laitières, du maraîchage et un peu de céréales, il reprend les 7 ha de terre et intègre de vieux bâtiments. Il complète son troupeau de collégien, jusqu’à avoir une centaine 100 mères. En parallèle, son activité professionnelle extérieure continue de lui assurer un revenu régulier en fin de mois. Au bout de trois ans, la charge de travail est telle qu’il choisit de se consacrer à son exploitation : « La décision s’est imposée d’elle-même, analyse-t-il deux ans plus tard. Mon salaire m’apportait une sécurité financière mais au bout du compte, je n’arrivais plus à mener les deux de front. » Désormais pleinement investi sur son élevage, il continue d’agrandir son troupeau jusqu’à atteindre à présent 200 brebis et 50 agnelles de renouvellement.

Sur les 270 agneaux nés en moyenne sur l’exploitation, 200 sont commercialisés dont 50 % vendus à la coopérative Terre ovine en label rouge « Sélection des bergers ». Cette filière structurée compte 184 producteurs dont 60 en Haute-Garonne, garantissant ainsi à chaque éleveur un débouché sécurisé. 20% des agneaux nés sur l’exploitation partent comme agnelles de renouvellement et les 30% restants sont destinés à la vente directe. Les animaux sont abattus à Montauban et découpés par un voisin qui dispose d’une salle de découpe. La vente directe, comme les opérations de communication, représente en outre une belle opportunité de faire connaître la production. Dans cet esprit, Sébastien Bernès participera dimanche 24 juin au pique-nique des Qualivores, à Toulouse. « Le consommateur ne sait plus comment sont élevés les animaux de nos fermes. Il est donc essentiel de recréer du lien entre la production et la consommation. C’est ainsi que l’on incitera nos concitoyens à acheter nos agneaux plutôt que de la viande étrangère », argumente-t-il. Dégustation à l’appui, il expliquera que son troupeau est nourri au foin et aux céréales produites sur l’exploitation. Conscient que le message est parfois difficile à entendre pour les citadins,  En particulier dans un climat où « les gens ne veulent plus de viande », il sait pouvoir s’appuyer sur le label rouge et la reconnaissance de ce signe officiel de qualité par le grand public.

 

Zoom sur l’Irqualim

L’Institut régional de la qualité alimentaire (Irqualim) accompagne les démarches qualité en Occitanie, première région française et européenne par le nombre et la diversité des productions sous Signes officiels de qualité et d’origine (SIQO) avec 243 démarches recensées. Six exploitations sur dix sont engagées dans au moins une production sous SIQO. Dans ce contexte, l’Irqualim a été un outil novateur à sa création en 1992. Il sert aujourd’hui référence au service de la qualité agroalimentaire de la région Occitanie. En 2013, l’institut a lancé la création et le développement d’une communauté de « Qualivores » réunissant consomm’acteurs et professionnels de l’alimentation.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier