Mettre sa passion en images

Publié le 5 juin 2014

Il y a des passionnés de photographie. Il y a des passionnés de machinisme agricole. Mais rares sont ceux qui cumulent les deux. Or il se trouve que notre département recense deux de ces spécimens rares. Rencontre avec deux jeunes étudiants à l’œil particulièrement affûté.

Photos loisir…

Maxime Algans, 17 ans, a toujours aimé la photo. À force de le voir monopoliser l’appareil de sa tante à toutes les réunions de famille, ses parents lui offrent un appareil numérique pour ses 12 ans. L’exploitation familiale de Baziège lui sert très vite de source d’inspiration. Ce sont surtout les tracteurs et engins agricoles qui l’attirent. Passionné de matériel depuis son enfance, il commence à photographier le parc de son père sous toutes les coutures, de préférence en action. En 2012, il crée un site internet dédié, GaronneAgri, où il affiche les meilleurs de ses premiers clichés. Et la sauce prend vite. Lui qui avait débuté en photographiant le matériel de son père ou celui de Yann Bacou, un agriculteur voisin, il étend rapidement son réseau. Au fil de ses pérégrinations à vélo dans le secteur, à la recherche d’un chantier agricole à immortaliser, il a ainsi réalisé une cinquantaine de reportages. « Mon père me dit parfois que je connais plus d’agriculteurs que lui », sourit-il. « Certains m’envoient même des messages pour m’informer des dates et lieux de leurs prochains chantiers. » S’il a essuyé quelques rares refus, l’immense majorité des agriculteurs se prête volontiers au jeu et, souvent, arrête les machines pour permettre au jeune photographe d’ajuster ses cadrages. Grâce aux facilités du numérique, Maxime ajoute aussi la vidéo à ses reportages. Une combinaison images/films qui plait, puisque le site a déjà enregistré plus de 13.000 visites. « Je ne suis pas forcément fan de gros matériel », poursuit le jeune homme. « J’essaie de photographier tous les types d’engins utilisés dans le Lauragais. Mais il faut reconnaître que les reportages qui attirent le plus de visiteurs sur le site concernent les machines les plus impressionnantes. »

Si la passion est indéniable, Maxime n’espère pas vivre, ni faire son métier de la photographie. Inscrit en Bac technologique STAV au lycée agricole d’Auzeville, il souhaite s’installer avec son père. Tout au plus, il aimerait pouvoir monnayer ses clichés pour faire évoluer le parc matériel photo qu’il s’est constitué depuis 2 ans. « J’envisage de faire des tirages papier en grand format ou des calendriers que je proposerais aux agriculteurs du coin », conclut-il. « Je ne sais pas combien seraient prêts à m’acheter des photos, même si tout le monde les trouve réussies. Mais ça vaut le coup d’essayer. »

… mais pas seulement

Thomas Sirmen est, lui, de Montastruc. Également en terminale STAV Production à Auzeville, il a lancé son site internet, Agri31, 6 mois avant Maxime. N’étant pas fils d’agriculteur, c’est chez Jean-Claude Gasc, exploitant et entrepreneur de travaux agricoles à Montastruc, chez qui il travaille comme saisonnier chaque été depuis quelques années, qu’il a fait ses premières armes en photo. « Je suis passionné de machinisme et je me sers de la photo et de la vidéo pour essayer de transmettre cette passion autour de moi », confie-t-il. Thomas s’est formé sur le tas et puise constamment de nouvelles idées sur internet.

Thomas Sirmen
Thomas Sirmen

Après s’être équipé en matériel photo et vidéo, il s’est lancé dans le bricolage et s’est fabriqué un rail pour réaliser des « traveling » vidéo avec sa caméra embarquée, ainsi qu’une grue pour faire de spectaculaires prises de vue en hauteur. Contrairement à Maxime, devenir photographe ou journaliste spécialisé en machinisme agricole ne lui déplairait pas. « Mais je ne rêve pas trop : les places sont assez rares », ajoute-il. « Je m’efforce quand même de soigner mon travail, mes angles de prises de vue, ma technique, pour essayer un jour d’accrocher un constructeur ou un magazine spécialisé. » Il tente d’ailleurs de faire son trou du côté des petits constructeurs, qui n’ont pas de budgets communication très importants. Il a ainsi récemment réalisé un reportage photo et vidéo pour les Ateliers Clauzel à Castres, qui ont modifié une moissonneuse-batteuse Case IH 8230. Commandée par Jean-Claude Gasc, ce modèle unique en France est équipé de vérins sur les essieux lui permettant de corriger des devers de près de 30%, d’une correction longitudinale (« lève-cul ») et d’un caisson auto nivelant.

N’allez pas croire que nos deux jeunes se font de la concurrence. Au contraire, ils ont créé une page Facebook commune avec un 3ème photographe amateur du Tarn, il y a un mois. « Cela nous permet de diffuser du contenu plus régulièrement et de gagner ainsi en visibilité sur internet », expliquent-ils. Un choix judicieux semble-t-il, puisque la page, baptisée «À l’assaut des coteaux », compte déjà 300 fans. Et au vu des commentaires des visiteurs, l’initiative est hautement appréciée. Il ne tient d’ailleurs qu’à vous d’aller vous faire une idée. Tous amateurs qu’ils soient, ces jeunes impressionnent par leur professionnalisme et la qualité de leur travail. Ça méritait bien un petit coup de chapeau…

 

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

Commentaires fermés.