Une ferme co-cons-truite

Publié le 29 mai 2019

Comme 13 autres exploitations du réseau Bienvenue à la ferme, les viviers du Comminges ouvriront leurs portes le 2 juin prochain. Une opération de communication bien rodée au cours de laquelle le grand public part à la rencontre de l’agriculture dans toute sa diversité.

En ce matin de mai, le soleil radieux et la lumière printanière qui baignent
Antignac offrent une vue imprenable sur la station de Super-Bagnères. Un
panorama à couper le souffle, devenu la vue quotidienne d’Emilien Nouals depuis qu’il a repris en 2015 la pisciculture familiale « les viviers du Comminges ». Après une carrière au sein de la grande distribution dans l’univers du jouet, il connaît un déclic à 31 ans. L’envie d’un retour aux
sources cumulée à celle de devenir son propre patron ont raison de lui.
Il décide de reprendre l’entreprise familiale, achetée dans les années 1950 par sa grand-mère. Même s’il a « grandi là », le choix semble relever du challenge pour l’ex-directeur adjoint de magasin de jouets, qui n’a jamais travaillé avec ses parents. Sans compter que le sort ne l’a pas épargné. En
2013, des inondations ont dévasté la vallée et détruits les viviers. Emilien
Nouals doit alors repartir de zéro.

S’appuyant sur le soutien de ses voisins, le succès du financement participatif lancé et l’énergie de toute une famille, sa détermination est intacte : « L’eau du ruisseau de Barradé, qui alimente la pisciculture, affiche une qualité optimale et une température constante. Ainsi, ce site présente des qualités exceptionnelles pour la santé et la croissance des poissons. Il aurait été dommage de baisser les bras. »

Trois espèces de truites

Pour peupler les bassins, le jeune homme achète des œufs fécondés ou
des alevins de 1 à 2 g. Il les nourrit 365 jours par an pendant 24 à 36 mois
jusqu’à ce que les truites atteignent 2 à 3 kg. Trois espèces sont présentes : la truite arc-en-ciel, la plus courante, moins chère à produire et donc plus accessible pour le consommateur ; la fario et l’omble des fontaines, toutes deux à la chair plus dense et au goût plus fin en bouche.
Depuis son installation, il a augmenté peu à peu sa production, pour atteindre 8 tonnes l’an dernier. Ce volume reste tout à fait modéré puisque le site est dimensionné et agréé pour 20 tonnes. « Je privilégie la qualité. Je préfère produire moins et bien. »
L’exploitation, qui s’étend sur 1 ha, comprend le bâtiment pour l’écloserie, sept bassins d’alevinage- pour les plus petits poissons – et 16 bassins pour le grossissement. Le tout est complété par un bassin de pêche, ouvert l’été pour le grand public. La formule offre ici une activité pour les touristes et une opportunité pour le jeune commingeois d’être acteur de sa vallée.
Emilien Nouals a pro té de son installation pour prendre un virage et
faire évoluer la pisciculture selon son éthique. Il a converti l’exploitation
en bio : « Notre mode de production en était très proche. Souhaitant tout
vendre en direct, je savais que cela rassurerait aussi le consommateur.»
Il a développé la commercialisation en circuits-courts : « Je ne vends que
ma production », insiste-t-il. L’intégralité de la production est ainsi vendue
en direct, sur le marché de Luchon, auprès de quelques restaurants
et sur place pour la pêche en famille.
Il sert aussi 6 Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) toulousaines. Il se rend une fois par mois (sauf les deux mois
d’été) pour livrer entre 150 et 200 familles grâce au camion-frigorifique
de la Cuma. Le pisciculteur apprécie ce contact régulier : « Je travaille pour nourrir ces clients. J’apprécie de rencontrer ceux qui me soutiennent toute l’année et me font confiance. »

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier