Auzeville dédie une journée aux maîtres d’apprentissage

Témoignage

Près de 50 apprentis au compteur…

Philippe Blet est paysagiste. Son entreprise, située à Péchabou, emploie 3 salariés. Au CFA d’Auzeville, il fait surtout figure de « légende » locale. Et pour cause : depuis 1983, Philippe Blet prend 2 apprentis chaque année, sans exception. Autant dire qu’il en a vu passer du monde, du niveau CAP au BTS, en presque 30 ans…

TUP : Comment vous est venue l’envie de prendre des apprentis ?

Philippe Blet : Naturellement. Je n’ai pas été apprenti durant ma formation mais j’ai eu à faire des stages. J’y ai appris énormément de choses et j’ai toujours été reconnaissant à mes maîtres de stage d’avoir pris le temps de m’apprendre les ficelles du métier. Il m’a donc semblé logique qu’à mon tour je rende le même service à des jeunes, une fois que j’ai créé mon entreprise.

TUP : Qu’est-ce que cela vous apporte ?

P.B. : Ça a toujours un côté sympa et ça m’aide à ne pas trop me déconnecter de la jeunesse. C’est aussi un moyen de contribuer à la formation de professionnels compétents. L’un de mes salariés est d’ailleurs un ancien apprenti d’Auzeville.

TUP : Privilégiez-vous un niveau d’étude particulier pour vos apprentis ?

P.B. : J’aime bien travailler avec les CAP. C’est motivant de « dégrossir » ces jeunes, même si leur âge limite un peu ce qu’on peut leur faire faire. Avec les BAC Pro, ça se joue à un autre niveau. Ils ont déjà un bagage technique et sont intéressants dans le sens où ils nous aident à suivre les évolutions du métier.

TUP : Revoyez-vous vos anciens apprentis ?

P.B. : Pas autant que je le souhaiterais. Certains s’installent à leur compte ou partent travailler un peu partout en France, et je ne les revois plus. C’est dommage parce que j’ai vraiment passé de bons moments avec la plupart d’entre eux. Beaucoup ont aussi abandonné le métier. Mais quelque part, c’est aussi un service que leur rend l’apprentissage : se rendre compte par eux même si le métier leur convient ou non…

TUP : Avez-vous constaté des changements dans l’apprentissage en 30 ans ?

P.B. : Pas dans le comportement des jeunes que je reçois. La réglementation a beaucoup évolué dans le sens de la protection de l’apprenti. C’est contraignant mais plutôt une bonne chose car il y avait pas mal d’abus du côté d’employeurs « indélicats ». Ce qui n’a malheureusement pas évolué, c’est le manque de sélection à la base. Je vois trop souvent arriver des jeunes en échec scolaire, avec des problèmes familiaux et un manque certain de motivation. Beaucoup manquent d’information sur les contraintes du métier et arrivent en pensant faire du jardinage comme chez leurs parents. Si on arrive à en rattraper certains, il y a quand même beaucoup de défections. C’est, je pense, une des causes qui explique les réticences de mes collègues à prendre des apprentis.

TUP : Vous avez un bon souvenir en particulier ?

P.B. : J’en ai plein ! Beaucoup plus que de mauvais. C’est bien pour ça que je continue…

Auteur de l’article : Sébastien Garcia