Ondes refuse le nivellement par le bas

Publié le 5 janvier 2012

« C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! » Jérôme Aussenac, représentant syndical SNETAP-FSU* du lycée d’Ondes, ne cache pas sa colère. La raison ? Une enseignante a reçu le 22 décembre, 2 jours avant Noël, un mail laconique l’informant de sa mutation d’office à la rentrée prochaine. Problèmes : elle enseigne à Ondes depuis 15 ans, son mari travaille dans l’aérospatiale et, d’un point de vue pédagogique, est surtout la seule à dispenser sa matière sur l’établissement. « Ce genre de procédé est inadmissible et vient s’ajouter à la liste de ce que subit cette école depuis quelques années », précise Jérôme Aussenac. « On constate un assèchement progressif au niveau structurel, dont les conséquences se font gravement sentir aujourd’hui. Le corps enseignant tire la sonnette d’alarme depuis un moment. Mais face à l’indifférence de l’administration, l’heure est aujourd’hui à l’action. »

Incompréhension à tous les niveaux

Mais que se passe-t-il à Ondes, habituellement peu coutumier de ce genre d’action ? « Le malaise est flagrant », témoigne Véronique Foulquier, agricultrice à Mirepoix/Tarn et Présidente du Conseil d’Administration du LEGTA d’Ondes. « Avec la réforme des Bac Pro en 3 ans, en 2009, le lycée a déjà perdu 2 classes sur 14. Aujourd’hui, les réformes continuent et se traduisent par une diminution de 200 h. de formation en BTS et donc des suppressions de postes. Par exemple, la matière « Agroéquipement » va purement et simplement disparaître des programmes des Bac Technologiques et du BTS Génie des équipements agricoles (GDEA) ! Précisément ce qui est la raison d’être d’Ondes… » Saisie par les élus et responsables du lycée, l’administration avance des raisons budgétaires pour justifier ses décisions. Un argument qui ne passe pas pour les professeurs. « Au nom d’économies, on hypothèque l’avenir de nos jeunes en dégradant leur formation », s’exclame une enseignante. « Alors que, toutes filières confondues, Ondes a un taux d’insertion professionnelle de plus de 85% et même 100% pour le BTS GDEA. À l’heure où l’emploi semble être au cœur des préoccupations de notre Gouvernement, on sabre des formations qui donnent d’excellents résultats ! Comment peut-on qualifier ça faire d’économies ? »

Autre paradoxe : impossible d’obtenir l’ouverture des classes de filière générale scientifique (seconde, première et terminale) alors que la démographie explose dans le nord toulousain et que les lycées voisins de Fronton et Blagnac voient leurs capacités d’accueil saturées. Pourtant, la demande de formations « scientifiques » axées sur l’environnement est très forte et les caractéristiques d’Ondes en font le lycée rêvé pour ce genre de cursus. « Qu’ils ferment des classes pour cause de réforme, soit », lâche un professeur. « Mais qu’on nous permette au moins de répondre aux besoins des enfants de la région et de leur éviter de faire 200 km pour trouver un établissement qui leur convienne. Ondes dispose d’infrastructures suffisantes pour accueillir une centaine d’élèves en plus, sans que cela pèse beaucoup plus sur nos charges. Là encore, l’excuse des économies ne tient pas longtemps. »

Une journée en guise d’avertissement

« Il y a une politique globale de régression en terme d’éducation », déplore Jérôme Aussenac. « Et c’est sur Ondes que se concentre une bonne partie des économies que veut faire le ministère de l’agriculture, au motif que notre établissement est en bonne santé financière. On sanctionne une bonne gestion pour aller saupoudrer les financements disponibles sur des établissements en difficultés, sans pour autant que cela les aide à redresser leur situation, ni même que cela corresponde à leurs besoin. C’est un vrai nivellement par le bas auquel on assiste ! L’administration continue de faire la sourde oreille à nos inquiétudes et nos revendications. Encore une fois, il va falloir en passer par des actions de blocage pour faire bouger les choses. » Et Ondes compte bien se faire entendre. La mobilisation est, en effet, générale, ce lundi 9 janvier. « Il faut alerter l’opinion sur ce qui se passe ici », répètent les enseignants, tous vêtus d’un gilet jaune fluo, à l’entrée du lycée. Les élèves et leurs parents soutiennent le mouvement et nombreux sont les jeunes à être tout de même venus ce matin-là. Une bonne centaine d’entre eux s’est rendue dans l’amphithéâtre du lycée où Gérard Parisot, le proviseur, et les délégués syndicaux leur ont exposé plus en détail les raisons de ce mouvement social. Les cours reprendront le lendemain mais une nouvelle journée de grève est annoncée pour mardi prochain si rien n’a avancé entre temps. « Jusqu’à présent, nous avons pu faire face aux restrictions budgétaires en augmentant notre temps de travail, voire en faisant faire du bénévolat aux enseignants pour certaines actions pédagogiques », rappelle Jérôme Aussenac. « Mais là, on est au bout de ce que peut donner une équipe, même motivée comme la nôtre. S’il faut en arriver à la grève des examens, ce sera dommage pour tout le monde, mais nous y viendrons. »

* Syndicat National de l’Enseignement Technique Agricole Public – Fédération Syndicale Unitaire : premier syndicat dans son secteur professionnel avec 4.500 adhérents

Les élèves prennent le relais !

Le mardi 10 janvier, au lendemain du mouvement des professeurs, lycéens et étudiants en BTS GDEA ont bloqué l’établissement. Un mouvement solidaire de leurs enseignants pour protester contre les réductions des heures d’enseignement technique pour les BTS et la suppression de l’agroéquipement des programmes de bac pro et BTS. « Nos classes de Travaux Pratiques » sont de plus en plus surchargées », confie Thomas Lopez, le représentant des élèves. « Cela ne va pas s’arranger si on nous supprime encore des heures d’atelier. Remplacer ces heures par de l’éducation générale, qui coûtent moins cher à l’État, est pour nous un mauvais calcul. C’est notre formation technique qui fait que les entreprises recherchent le savoir-faire des élèves d’Ondes. C’est pour cela qu’il faut agir aujourd’hui, même si nous ne sommes pas concernés par ces réformes. On le fait pour nos successeurs. »

Auteur de l’article : Sébastien Garcia