«Produit sur son 31» fait son 1er bilan

Publié le 7 novembre 2013

Promouvoir les productions agricoles de Haute-Garonne, les valoriser en circuit court tout en répondant dans le même temps à une forte demande locale (collectivités, magasins, etc.). Tels étaient les objectifs de la Chambre d’Agriculture 31 quand elle a jeté les bases, en 2010, de la plateforme d’approvisionnement Produit sur son 31.

Si l’idée d’agir pour le développement durable en limitant les trajets de livraison et en maintenant une activité agricole locale par de nouveaux débouchés durables et rémunérateurs n’était pas nouvelle, il fallait avant toute chose organiser les filières de production pour pouvoir regrouper l’offre, élargir la gamme et organiser les ventes.

2 ans de gestation

L’équipe en charge de ce dossier ambitieux a débuté par un indispensable travail de collecte de données. Deux études en 2010, l’une sur le poids économique de la vente directe en Haute-Garonne et l’autre sur la consommation de viande bovine dans l’agglomération toulousaine, suivies d’une 3ème en 2011 sur l’offre en produits locaux face à la demande de la restauration hors foyer et sur l’opportunité de créer une plateforme logistique, ont permis d’ébaucher les contours du projet. Par la suite, des groupes de travail par filières pour évaluer l’offre disponible et la demande, et un voyage en Rhône Alpes, pour étudier la plateforme « Saveurs du coin » ont confirmé l’intérêt de la démarche. De fait, 20 % des exploitations du département sont en démarche circuits courts, avec des productions très diversifiées (maraîchage, horticulture, élevages, grandes cultures…). Les réunions de travail ont montré que les agriculteurs étaient prêts à se fédérer au sein de leurs filières pour vendre localement en collectif. À l’autre bout de la chaîne, il s’avérait également que de nombreuses collectivités locales étaient en attente de ce genre de service et prêtes à réorganiser leurs cantines. De même, plusieurs commerces du territoire, notamment des boucheries, ont fait part de leur souhait de trouver des approvisionnements plus locaux. C’est donc en décembre 2011 que nait l’association « Produit sur son 31 ».

Les produits de la plateforme
  • Viande : bovine, ovine, porcine, volailles
  • Produits laitiers (chèvre, vache, brebis) réalisés à base du lait de l’exploitation et transformés sur place : fromages, yaourts,…
  • Fruits et légumes frais de saison, cueillis à maturité
  • Pisciculture : Truites AB
  • Escargots
  • Épicerie « de la ferme » :
  • Huile, farine, pâte, légumineuses
  • Vin, bière fermière et jus de fruits
  • Produits de la ruche

Une initiative des agriculteurs de Haute-Garonne

Produit sur son 31 est une structure logistique et commerciale qui propose à la vente des produits agricoles locaux respectant des cahiers des charges, permettant des débouchés réguliers, à un prix juste pour le producteur et pour le client. Créée par les agriculteurs du département, son conseil d’administration est composé de producteurs et d’élus de la Chambre d’agriculture, avec des représentants pour chaque filière (viandes ovine, bovine, porcine ; volailles ; fruits et légumes ; produits laitiers ; épicerie et produits AB). Si le siège administratif se trouve à la Maison de l’Agriculture à Toulouse, les denrées collectées sont stockées dans un entrepôt réfrigéré de 60m², situé au MIN de Toulouse, au sein du bâtiment dédié aux produits carnés.

Pour devenir fournisseur, les producteurs intéressés s’engagent à adhérer à l’association « Produit sur son 31 » (100 €) et à respecter le cahier des charges de sa production. La plateforme achète les produits aux agriculteurs et les revend aux professionnels. La marge de fonctionnement est incluse dans le prix proposé aux clients. En pratique, le client passe commande à la plateforme. L’agriculteur livre alors les produits commandés au MIN ou à l’abattoir. La plateforme prépare les commandes et organise les livraisons aux clients par transporteurs frigos, depuis leur lieu de stockage. Pour les fruits et légumes, les livraisons se font 3 fois par semaine aux clients, qui sont facturés par la plateforme.

« Si le projet a pu voir le jour, c’est grâce à l’implication des producteurs de Haute-Garonne et de la Chambre d’Agriculture, mais également à des partenariats forts », ajoute Serge Bouscatel, agriculteur et Président de la structure. « La Chambre des Métiers et de l’Artisanat, le M.I.N., le Grand Toulouse, la cuisine centrale de Blagnac, les lycées agricoles ou encore les collectivités territoriales (Pays Tolosan, Sicoval, SIVOM de Rieux…) sont, de fait, des soutiens importants de la plateforme. » Produit sur son 31 travaille aussi en étroite collaboration avec plusieurs prestataires pour le transport des produits aux clients. Les carcasses de viande partent ainsi de l’abattoir de St Gaudens et les autres produits, depuis le MIN.

Des 1ers résultats encourageants…

« Produit sur son 31 compte aujourd’hui 85 producteurs adhérents », précise Étienne Sasse, l’animateur de la plateforme. « Parmi ses 70 clients, dont 25 sont maintenant des réguliers, on retrouve la Restauration Hors Foyer (cantines scolaires, maisons de retraite, restaurants d’entreprise, restauration commerciale, etc.), des GMS, des magasins fermiers et des boucheries. » En termes de volumes, Produit sur son 31 aura vendu près de 25 tonnes de produits locaux, pour un chiffre d’affaires de près de 400.000 €, entre janvier et octobre 2013. Un bon résultat pour cette première année de fonctionnement effectif qui ne demande qu’à se confirmer. Pour poursuivre son développement, la plateforme communique tous azimuts. Outre son site internet (www.produitsurson31.fr), elle distribue largement plaquettes et affiches. Mais ce qui marche le mieux, c’est encore la communication chez les clients. Le logo « Produit sur son 31 », toute une signalétique dédiée aux différents types de points de vente, des étiquetages et des emballages spécifiques contribuent largement à faire connaître la plateforme auprès des consommateurs et à identifier les produits agricoles et les producteurs haut-garonnais associés à cette démarche.. L’arme ultime ? « La photo du producteur affichée au dessus du comptoir, dans les rayons du magasin, voire sur les barquettes », répond Cédric Capoul, éleveur de bovin viande et adhérent de la plateforme. Assurément, la démarche plait au consommateur, qui aime à savoir que ce qu’il achète est produit localement et qu’il contribue ainsi à préserver l’agriculture et l’emploi sur son territoire.

Les responsables « Filières » de la plateforme Produit sur son 31
  • Viande bovine : Jean-François Fournès, Patrick Davezac, Cédric Capoul et Christophe Abos
  • Viande ovine : Francis Ader
  • Viande porcine : Maryline Arexy
  • Fruits et légumes : Do Ki Trong et Jean-Pierre Laguzzi
  • Volailles : Emmanuelle Monatte et Fabrice Goussaud
  • Produits laitiers : Patrice Garrigues et Christophe Roos Oberle
  • Agriculture Bio : Bernard Doumeng

… et plein de projets à développer

Les agriculteurs de la plateforme comptent bien continuer sur cette lancée et ce ne sont pas les idées qui manquent. Par exemple, un projet de commercialiser un fromage exclusif, estampillé « Produit sur son 31 », est actuellement à l’étude. « Nous explorons tous les moyens d’assurer un débouché stable et régulier aux producteurs et maintenir les emplois sur nos exploitations », conclut Serge Bouscatel. « Certaines productions, comme le lapin ou le porc, ne sont pas assez développées chez nous. Il y a donc de réelles opportunités pour installer des jeunes sur ces créneaux. Il nous faut utiliser au mieux cet outil de la profession pour rendre la filière agricole davantage acteur de l’activité économique locale. Nous y parviendrons si nous arrivons à fédérer les différents acteurs locaux (producteurs, artisans, commerçants, collectivités, …) autour de cette démarche. » Un travail de longue haleine qui demande patience, rigueur … et diplomatie. Car les producteurs de Produit sur son 31 le répètent sans cesse : ce type de plateforme est un outil supplémentaire au service des producteurs. Il ne vient pas en substitution, mais en complément des organisations de producteurs et d’autres formes de vente en circuits courts. Le train est d’ores et déjà lancé, mais il n’est vraiment pas trop tard pour le prendre en marche…

 

Les cantines scolaires en ligne de mire

Un gros travail a été effectué pour proposer aux cantines scolaires* une base de menus, qu’ils soient intégralement ou partiellement composés de produits de la plateforme. Ces menus équilibrés ont été réalisés en collaboration avec des cuisiniers et des diététiciens.

Ainsi, le Pays Tolosan a programmé, pour son dernier trimestre scolaire, un repas 100% « Produit sur son 31 » par mois pour 11 cantines de son territoire, soit 900 repas.

La régie de la mairie de Colomiers a également distribué, dans ses cantines, 4.300 repas composés à 75% de produits « bruts » issus de la plateforme.

« Ces opérations permettent de travailler concrètement sur les besoins des collectivités », explique Étienne Sasse. « D’autre part, cela permet d’ouvrir les appels d’offre de ces collectivités aux agriculteurs de Haute-Garonne. Souvent, ces appels concernent plusieurs produits à la fois, qui ne sont pas forcément tous cultivés par un même producteur. Comme la plateforme est le seul interlocuteur et que c’est elle qui répond à l’appel d’offre, cela permet à plusieurs producteurs de se positionner là où ils auraient été « hors course » s’ils s’étaient présentés seuls. »

Exemple menu complet :

  • Betteraves cuites au four en cubes (Launaguet)
  • Poulet traditionnel (Le Vernet) / Haricots blancs lingot AB (Montclar-Lauragais)
  • Cabécou 20g (Escanecrabe)
  • Pommes (Cazères)
* Colomiers, Labège, Launaguet, St Pierre de Lages, Verfeil, Rieumes, Montesquieu-Volvestre, Toulouse, Aucamville, Montastruc, Ondes, Saint Gaudens, Auzeville, Ayguesvives, Bouloc, Gragnague, Larra, Villemur, Blagnac, Péchabou
 
Le point de vue de…

« Produit sur son 31 répond aux besoins tant du consommateur que du monde agricole. En accompagnant cette démarche, la Chambre d’Agriculture joue entièrement son rôle de développement des territoires ruraux. Cette plateforme, qui vient en complément, voire en accompagnement des Organisations de Producteurs et des opérateurs privés, est un pari. Celui de proposer un outil à but non lucratif, qui permette aux agriculteurs d’écouler leurs produits avec une plus-value, en utilisant des services généralement coûteux et donc difficiles à mettre en place (communication, logistique, etc.).

Nombre de jeunes restaurateurs se sont déjà engagés à ses côtés, de même que plusieurs GMS et collectivités. Les chiffres sont éloquents et prouvent que la structure s’inscrit dans une tendance profonde à la relocalisation de la consommation.

En tant que producteur d’ovins et « apporteur » à la plateforme, je ne peux qu’inviter les éleveurs à nous rejoindre. Pour répondre aux exigences du marché, nous devons être capables de fournir des animaux en quantité et qualité à nos clients actuels et futurs. Si nous voulons remporter notre pari, c’est le moment de vous lancer. »

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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