Pois et féveroles : conseils pour une implantation réussie

Quentin Lambert – Terres Inovia

Contacts régionaux : Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Ouest Occitanie

Du fait de leurs excellentes qualités de précédent aux céréales à paille et au colza, les légumineuses à graines telles que le pois et la féverole présentent un intérêt à l’échelle de la rotation. De plus ces espèces protéagineuses comblent leur besoin en azote via leurs nodosités et ne nécessitent donc pas d’apport spécifique : une aubaine face à l’augmentation du poste fertilisation azotée à laquelle doivent faire face de nombreuses cultures. De plus, le cours des protéagineux aujourd’hui au plus haut, suit celui des autres grandes cultures : c’est un élément positif en leur faveur. Le contexte en cette fin d’année 2021 est donc particulièrement propice aux légumineuses à graines. A quelques semaines du début des semis, Terres Inovia * nous rappelle les bases fondamentales pour la réussite de l’implantation des pois et féverole (* Terres Inovia : Institut Technique des oléo-protéagineux et du chanvre). Dans le Sud-Ouest, les résultats de la campagne 2021 ont été particulièrement hétérogènes selon les secteurs. Les rendements moyens 2021 s’élèvent à 33 q/ha en pois protéagineux et 18 q/ha en féverole contre 30 q/ha et 20 q/ha respectivement en 2020. Pour la campagne passée, on soulignera un effet date de semis qui a conditionné la bonne implantation des cultures ; dans un second temps, la météo (gel d’avril et absence de précipitations) est à l’origine des stress au printemps qui ont joué sur la performance des protéagineux. Quel que soit le scénario, l’implantation est une étape primordiale qu’il convient de mener avec soin.

Soigner la préparation du sol pour favoriser l’enracinement et la nodulation

Afin d’assurer une levée rapide et homogène des pois et féveroles, il est nécessaire que le travail du sol produise un sol aéré sur les 15 premiers centimètres. Un sol aéré sera parallèlement favorable à l’exploration racinaire et à la viabilité des nodosités, éléments clés de la nutrition azotée des légumineuses. Ainsi, lorsque le sol est compacté, il est vivement conseillé de rétablir une structure plus favorable, avec un outil qui fissurera le sol, si possible au-delà de l’horizon compacté.  En situation sans travail profond, veiller tout de même à gérer correctement les résidus de culture du précédent et utiliser des chasses paille lors du semis. En sol argileux, attention de ne pas générer de grosses mottes en préparant la parcelle. Sur des sols plus limoneux, éviter de créer un lit de semence trop fin, sensible au phénomène battance qui pourrait gêner la levée des cultures. Enfin, si votre sol est mal nivelé, ou s’il y a une présence importante de pierres, un roulage peut être réalisé entre le semis et la levée, avant l’application éventuelle d’un herbicide de prélevée. Ce passage pourra être réalisé sur tous les types de sol sauf les sols limoneux, où le risque de formation d’une croûte de battance est trop important.

La féverole n’exige pas une structure aussi fine, ni un état de surface aussi nivelé que le pois. Toutefois, un bon lit de semence est préconisé pour assurer l’efficacité des herbicides de prélevée.

Semer au bon moment sur un sol bien ressuyé

Quelle que soit la région et la période de semis, il faudra impérativement attendre que le sol soit ressuyé pour semer, de façon à ce que le chantier de semis n’occasionne pas de tassement et que le semis soit régulier : il en va de la réussite de la culture. Cela permettra à la graine de se développer et aux racines – puis leurs nodosités – de se mettent en place correctement. 

Pour chaque région, la période idéale de semis est calculée de façon à répondre aux objectifs suivants :

  • Stade de développement avant l’hiver : des pois et des féveroles d’hiver levés (minimum 1 feuille) et pas trop développés avant les fortes gelées. Attention aux semis trop précoces, qui sont monnaie courante. Les plantes risquent d’être trop développées à l’automne, les rendant plus sensibles aux gels et aux maladies aériennes au printemps.
  • Des pois de printemps qui auront une exposition réduite au stress hydrique à floraison.

Adapter la densité de semis et la profondeur au type de sol

En sols limoneux, les pois seront semés à une profondeur de 3-4 cm, de 4-5 cm en argilo-calcaire. Les fèveroles devront être semées plus profond que le pois, autour de 7 cm. La profondeur de semis a un un rôle important : des semences peu enterrées sont plus exposées au gel, aux dégâts d’oiseaux et aux risques de phytotoxicité lors des désherbages de prélevée.

Les doses de semis conseillées sont celles permettant d’être à l’optimum économique, pour une large gamme de prix de vente des cultures. De plus, Un semis trop dense favorise les maladies aériennes, telles que l’ascochytose ou le botrytis ainsi que la verse.

Dans le cas de la féverole et quel que soit le semoir utilisé, semer lentement afin de faciliter la distribution des grosses graines de manière régulière. Veillez également à utiliser un matériel adapté au semis profond.

Pois d’hiver ou pois de printemps, que choisir dans le Sud ?

Outre les aspects de type variétaux, plusieurs critères vont conditionner le choix de sa variété de pois : couleur de la graine, résistance au froid, hauteur à la récolte, sensibilité à la verse, précocité à floraison et potentiel de la variété. Selon la situation pédoclimatique de la parcelle, certains critères deviendront prioritaires.

Dans les zones froides telles que le piémont Pyrénéen, seuls les semis de pois d’hiver à l’automne sont envisageables, avec une période optimale de semis du 10 au 30 novembre selon les conditions météo. La résistance au froid est la principale caractéristique recherchée.

Dans les coteaux argilo-calcaires, les sols séchants méditerranéens et les sols à faible réserve en eau, le risque de stress hydrique de fin de cycle est accru, préférez les variétés de type hiver avec une floraison précoce.

Dans les plaines et vallées du Sud-Ouest, dans les sols à bonne réserve utile (RU), pois d’hiver et pois de printemps sont envisageables pour une conduite en sec. L’utilisation de variétés d’hiver permettra alors une implantation simplifiée à l’automne. Pour maximiser la productivité, choisir des variétés à fort potentiel et chercher à sécuriser la récolte (bonne tenue de tige). En pois de printemps, préférer les variétés à floraison précoce. En conduite en irrigué, les pois de printemps, semés jusqu’à mi-février au plus tard, exprimeront tout leur potentiel. Le risque de stress hydrique étant réduit, les variétés à fort potentiel et plus tardives sont à privilégier.


variétés recommandées – source : « Pois d’hiver : conseil variétal territorialisé pour les semis de l’automne 2021 – www.mvar.fr – Pois d’hiver »

Pour vous aider à réaliser ou conforter un choix variétal, adapté à vos objectifs et à votre contexte de production, Terres Inovia vous propose des listes de variétés recommandées pour les semis de pois d’hiver pour l’automne 2021, sur la base de critères complémentaires au rendement, notamment les caractéristiques de sol et de climat. myVar > pois hiver> Derniers résultats   Terres Inovia publie chaque année les résultats et caractéristiques des variétés évaluées au cours de la campagne passée, ces résultats viennent compléter la base de référence consultable gratuitement avec l’outil de choix variétal www.myvar.fr  en ligne ou en téléchargeant l’application sur smartphone.

Anticiper dès aujourd’hui les risques botrytis sur une féverole d’hiver

Depuis quelques années, la pression botrytis sur la culture de féverole est précoce et les symptômes de plus en plus intenses dans le Sud-Ouest. Les conditions climatiques des hivers, particulièrement doux et humides, expliquent en partie la présence de la maladie mais un certain nombre de mesures peuvent être prises pour prévenir le risque.

Des mesures préventives à mettre en oeuvre

Date de semis : viser la fenêtre de semis préconisée 10-30 novembre. Plus la féverole est semée tôt et plus la maladie aura le temps de se développer pendant l’hiver. Or, l’état sanitaire de la culture en sortie hiver est déterminant si l’on veut maitriser la maladie, le seuil de 15% de surface foliaire atteinte devant être évité à ce stade. Il convient donc de respecter la fenêtre de semis préconisée (10-30 novembre), l’idéal étant de semer en milieu ou fin de période si les conditions le permettent (la qualité de l’implantation étant également un facteur de réussite).

La dose de semis : éviter les fortes densités.  Une densité trop importante va créer un microclimat favorable au botrytis, en particulier un maintien de l’humidité au sein du couvert. Au-delà de 25 plantes au m2, le risque est particulièrement élevé.Tenir compte de la fréquence de retour de la féverole et sa présence dans le paysage sous forme de couvert. Le champignon responsable de la maladie se conserve sur les résidus de culture et dans le sol sous forme de sclérotes. Lorsque les conditions sont favorables, des spores sont émises et disséminées par la pluie et le vent. Une grande quantité de spores sont également émises à partir des cultures malades. Les féveroles de plus en plus cultivées en couverts constituent ainsi une source d’inoculum non négligeable, d’autant plus qu’elles sont semées tôt, dès la fin de l’été, et donc souvent sévèrement atteintes par la maladie au mo

ment de leur destruction.

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31