Les clés pour une implantation réussie

Arnaud Micheneau – Terres Inovia

Le choix de la parcelle est un élément décisif pour la culture du soja : caractéristiques du sol,  disponibilité en eau, l’historique sanitaire, son historique soja et sa flore adventice sont des éléments décisifs. Préparation, inoculation et semis sont par la suite des éléments clés pour la réussite de la culture.

Les sols ayant la capacité à se réchauffer rapidement permettront un démarrage rapide et sont particulièrement adaptés à la culture du soja

Les risques liés aux attaques fongiques (Pithium, Rhizoctone et autres Fusarium) y sont réduits, contrairement aux sols froids ou battants où les attaques sont plus communes. L’historique de la parcelle en matière de sclérotinia est également en prendre en compte, pour limiter les risques.  

Avantage aux parcelles qui ont déjà porté du soja, car elles sont déjà colonisées par les bactéries spécifiques   indispensables à la fixation d’azote. Dans ces situations la nodulation est alors facilitée.  Pour ne pas entraver cette association symbiotique entre le soja et la bactérie, attention aux situations où le taux de calcaire actif dépasse 10%. 

Disponibilité en eau de la parcelle : un critère majeur. Avec un besoin moyen en eau estimé à 430 mm pour une production de 35 q/ha, la question de la disponibilité en eau est cruciale dans le choix de la parcelle. La bonne alimentation de la plante en eau, de la floraison à la maturation des graines est indispensable pour obtenir un rendement et une teneur en protéines corrects.

En l’absence d’irrigation, seuls les terrains les plus profonds sont aptes à la culture du soja ; la campagne 2022, extrêmement exigeante sur le plan hydrique nous l’a rappelé. En sols intermédiaires, des performances intéressantes sont possibles comme en 2022, mais le risque pris est conséquent. Dans ces parcelles, le recours à une culture plus résiliente comme le tournesol est à privilégier.

En situation irriguée le soja, dont les besoins en eaux sont comparables au maïs, trouve sa place sans difficultés, quelques soit le type de sol :

  • En sol profonds où les besoins en eau d’irrigation seront plus faibles, le soja tirera davantage son épingle du jeu par rapport à un tournesol, plus compétitif en conditions plus limitantes.
  • Sur les terrains superficiels irrigués, le soja trouvera également sa place. Cependant, une espèce comme le tournesol peut se montrer intéressante notamment en rotation avec du maïs, pour réduire la sole irriguée et permettre une réduction de la durée du tour d’eau (stratégie toujours valable même en réalisant 2 à 3 tours d’eau sur le tournesol). 

Préparation de sol : un enjeu de taille 

Compte-tenu des besoins en eau significatifs su soja, l’exploration racinaire des plantes est un enjeu majeur de la phase d’implantation et conditionnera la réussite de la culture. Pour permettre le développement en profondeur de son système racinaire, le soja nécessite d’être implanté sur un sol correctement fissuré. Cette condition est d’autant plus importante en sec. En effet, les études de profils montrent que les racines puisent l’eau du sol jusqu’à 90 cm de profondeur en conduite en sec, alors qu’en irrigué elles exploitent seulement les 50-60 premiers cm. C’est dans cet horizon 0-50 cm que se concentre l’essentiel de l’activité racinaire du fait de la présence des nodosités, dont le fonctionnement dépend des échanges gazeux. 

  • Attention donc aux sols tassés ! Un sol trop compacté sur ces horizons peut donc entraver les capacités de la plante.
  • Attention aux préparations trop fines dans les situations exposées à la battance. En surface, le mélange homogène de terres fines et petites mottes, correctement rappuyé sur la graine offrira d’excellentes conditions de germination.  

La rusticité de la plantule et sa faible sensibilité aux attaques de limace, font du soja une culture adaptée au semis direct. Rappelons néanmoins que le semis direct doit s’accompagner au préalable d’une évaluation de la structure pour garantir le bon enracinement. Les chasses débris sont indispensables. La présence abondante de débris végétaux en surfaces peut toutefois favoriser les attaques de mouches des semis.

Semis 

Ecartement entre rangs : tenir compte du groupe de précocité et de la conduite sec ou irrigué.

Les variétés des groupes 0 et I peuvent s’adapter à des écartements variables allant de 25 (type semoir céréales 1 rang sur 2) à 60 cm. Plus la variété est tardive et plus la plante sera capable de ramifier. 

Avantage aux écartements de 60 cm 

Sur les essais menés par Terres Inovia en 2014 et 2016 (figure 2), on note systématiquement de meilleures performances pour les écartements de 60 cm par rapport à des écartements inférieurs à 30 cm. Ces écarts sont amplifiés en conditions irriguées, étant donné la meilleure capacité du soja à exprimer son pouvoir de ramification

Des écartements à 80 cm sont possibles en groupe I, sans être optimaux. En cas de risque sclérotinia sur la parcelle, il faut privilégier les écartements larges de 50 cm et plus, pour une meilleure aération du couvert. 

Adapter la profondeur de semis à l’état de la parcelle

En conditions classique de semis, sur sol réchauffé, la profondeur de semis idéale se situe autour de 3 à 4 cm de profondeur. Pour les terres froides, battantes, ou bien sur les semis précoces un positionnement de la graine plus superficiel, à 2 cm sera préférable. 

Inoculation : la qualité du produit inoculant est au cœur de la réussite

Le soja est une légumineuse, à ce titre capable de s’associer à des bactéries spécifiques du genre Bradyrhizobium pour former sur le système racinaire des nodosités, sièges de la fixation biologique de l’azote. Naturellement absente des sols français, la bactérie « rhizobium » nécessaire au soja doit être apportée au moins une fois. Afin d’assurer la formation des nodosités en nombre suffisant deux conditions doivent être réunies. La première consiste à utiliser un inoculum de qualité assurant la nature de la souche utilisée et une concentration optimale en bactéries fixatrices. La seconde condition porte sur la mise en œuvre de l’inoculation qui doit permettre la viabilité des bactéries apportées. TERRES INOVIA recommande donc clairement l’utilisation d’inocula fabriqués avec la souche sélectionnée G49 et relevant du dispositif de contrôle qualité INRAE. (voir tableau) Attention un inoculum est un produit biologique fragile, après achat, le produit inoculant doit être conservé à température fraiche et à l’abri de la lumière, pour conserver sa qualité. 

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31