Protéagineux : les conseils pour une implantation réussie

Publié le 17 octobre 2019

La campagne 2019, qui vient de s’achever, a su créer de belles surprises pour les producteurs de protéagineux. En effet, les rendements moyens s’élèvent à 50 q/ha en pois protéagineux et 35 q/ha en féverole pour un assolement de près de 29 000 hectares dans le Sud-Ouest. Les semis vont débuter dans les prochaines semaines et Terres Inovia, l’Institut technique de la filière des huiles et des protéines végétales, rappelle les bases fondamentales d’une implantation réussie.

  • Soigner la préparation du sol pour favoriser l’enracinement et la nodulation

Afin d’assurer une levée rapide et homogène des pois et féveroles, il est nécessaire d’obtenir un sol poreux sur les 15 premiers centimètres du sol. Un sol aéré sera favorable à l’exploration racinaire et à la viabilité des nodosités, acteurs clés de la nutrition azotée des légumineuses. Ainsi, lorsque le sol est compacté, il est vivement conseillé de rétablir une structure plus favorable, avec un outil qui fissurera le sol, si possible au-delà de l’horizon compacté.  En situation sans travail profond, veiller tout de même à gérer correctement les résidus de culture du précédent et utiliser des chasses paille lors du semis. En sol argileux, attention de ne pas générer de grosses mottes en préparant la parcelle. Sur des sols plus limoneux, éviter de créer un lit de semence trop fin, sensible au phénomène battance qui pourrait gêner la levée des cultures. Enfin, si votre sol est mal nivelé, ou s’il y a une présence importante de pierres, un roulage peut être réalisé entre le semis et la levée, avant l’application éventuelle d’un herbicide de prélevée. Ce passage pourra être réalisé sur tous les types de sol sauf les sols limoneux, où le risque de formation d’une croûte de battance est trop important.

La féverole n’exige pas une structure aussi fine, ni un état de surface aussi nivelé que le pois. Toutefois, un bon lit de semence est préconisé pour assurer l’efficacité des herbicides de prélevée.

  • Semer au bon moment

La période idéale de semis est calculée selon les secteurs pour répondre aux objectifs suivants :

  • Des pois et des féveroles d’hiver levés (minimum 1 feuille) et pas trop développés avant les fortes gelées. Attention aux semis trop précoces, qui sont monnaie courante. Les plantes risquent d’être trop développées à l’automne, les rendant plus sensibles aux gels et aux maladies aériennes au printemps.
  • Des pois de printemps qui auront une exposition réduite au stress hydrique à floraison.

Au semis, il faudra impérativement attendre que le sol soit ressuyé pour que le chantier de semis n’occasionne pas de tassement et que le semis soit régulier. – pour que la graine puisse se développer et que les racines – puis leurs nodosités – se mettent en place correctement.

Tableau – Période optimale de semis pour pois et féveroles


Région Sud-Ouest
Pois d’hiver 15 novembre – 15 décembre
Pois de printemps 10 décembre – 20 janvier (possible jusqu’au 15/02 si irrigation)


Féverole d’hiver 10 novembre – 31 janvier
Féverole de printemps Non adapté
  • Adapter la densité de semis et la profondeur au type de sol

Les pois seront semés à une profondeur de 3-4 cm en sols limoneux et 4-5 cm en argilo-calcaire. Les fèveroles devront être semées plus profond que le pois, autour de 7 cm. Des semences peu enterrées sont plus exposées aux dégâts d’oiseaux et aux risques de phytotoxicité lors des désherbages de prélevée.

Les doses de semis conseillées sont celles permettant d’être à l’optimum économique, pour une large gamme de prix de vente des cultures. De plus, Un semis trop dense favorise les maladies aériennes, telles que l’ascochytose ou le botrytis ainsi que la verse.

Densités conseillées (grains/m²)

Sols limoneux

Densités conseillées (grains/m²)

Sols argileux
ou caillouteux
Gamme de PMG avec les variétés actuelles (g)
Pois d’hiver 70-80 80-90160-205
Pois de printemps 70-8090215-270
Féverole d’hiver 20-2530450-570

Dans le cas de la féverole et quel que soit le semoir utilisé, semer lentement afin de faciliter la distribution des grosses graines de manière régulière. Veillez également à utiliser un matériel adapté au semis profond.

  • Pois d’hiver ou pois de printemps, que choisir dans le Sud ?

Outre les aspects de type variétaux, plusieurs critères vont conditionner le choix de sa variété de pois : couleur de la graine, résistance au froid, hauteur à la récolte, sensibilité à la verse, précocité à floraison et potentiel de la variété. Selon la situation pédoclimatique de la parcelle, certains critères deviendront prioritaires.

Dans les zones froides telles que le piémont Pyrénéen, seuls les semis de pois d’hiver à l’automne sont envisageables, avec une période optimale de semis du 10 au 30 novembre selon les conditions météo. La résistance au froid est la principale caractéristique recherchée.

Dans les coteaux argilo-calcaires, les sols séchants méditerranéens et les sols à faible réserve en eau, le risque de stress hydrique de fin de cycle est accru, préférez les variétés de type hiver avec une floraison précoce.

Dans les plaines et vallées du Sud-Ouest, dans les sols à bonne réserve utile (RU), pois d’hiver et pois de printemps sont envisageables pour une conduite en sec. L’utilisation de variétés d’hiver permettra alors une implantation simplifiée à l’automne. Pour maximiser la productivité, choisir des variétés à fort potentiel et chercher à sécuriser la récolte (bonne tenue de tige). En pois de printemps, préférer les variétés à floraison précoce.

En conduite en irrigué, les pois de printemps, semés jusqu’à mi-février au plus tard, exprimeront tout leur potentiel. Le risque de stress hydrique étant réduit, les variétés à fort potentiel et plus tardives sont à privilégier.

Quentin Lambert – Terres Inovia

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31