Réagir aux mauvais résultats 2008…

Publié le 2 septembre 2009.

Une initiative louable avait lieu vendredi 17 juillet 2009 à Toulouse. Sur invitation du Préfet Dominique Bur, la presse généraliste et professionnelle était conviée à une présentation, par les services de l’État, des chiffres des revenus agricoles 2008 et des perspectives 2009.

Comme le rappelait en préambule Pascal Bolot, Secrétaire Général de la Préfecture de région, l’agriculture et l’agro-alimentaire représentent plus de 10% de l’emploi de Midi-Pyrénées. Il était donc important d’informer le public de l’état de santé d’un secteur au poids économique de premier ordre. C’est pourquoi il est donc prévu d’organiser chaque année un rendez-vous avec les médias pour prendre le temps d’examiner en détail les derniers chiffres des services de statistique de la DRAAF et d’en comprendre les tenants et aboutissants.

Ce sont Michel Sallenave, nouvellement nommé Directeur Régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt, et Jean-Claude Teurlay, chef du Service régional d’information statistique, économique et territorial de la DRAAF, qui se sont livrés à cet exercice pédagogique, dans les locaux de la Préfecture.

Un classement très variable

Au petit jeu des classements par région, Midi-Pyrénées occupe, en 2008, la 1ère place en terme de nombre d’exploitations, avec 48.600 entités (dont 29.000 « professionnelles ») et la 2ème en terme de superficies agricoles, avec 2.343.000 ha. Mais il faut signaler qu’en trente ans, la région a perdu l’équivalent de la surface agricole du Gers, ce qui ne manque pas de créer des tensions foncières préoccupantes. Les choses se gâtent quand on aborde la question du revenu.

Si Midi-Pyrénées est la région qui perçoit le plus d’aides directes aux exploitations (825 M. €, dont 452 M. au titre des DPU), son revenu net global de 763 M. € la place au 5ème rang français mais surtout au 15ème rang en terme de revenu par exploitant ! Avec 14.100 € par an, on est loin de la moyenne nationale de 21.600 €. Pour Jean-Claude Teurlay, la raison tient surtout à la structure des exploitations, plus modestes et moins spécialisées que beaucoup d’autres régions, et à une géographie cumulant les handicaps naturels qui grèvent leur compétitivité. Avec 52% d’écart de montants entre les exploitations percevant le plus d’aides et celles en percevant le moins, la région est assez homogène. Seuls 6 dossiers PAC dépassent, en 2008, les 100.000 euros. En moyenne, les aides du 1er pilier se situent autour de 14.300 € par exploitant.

Une année 2008 « difficile »

C’est le moins qu’on puisse dire… Même si le revenu lissé sur les 3 dernières années a augmenté de 6%, l’année 2008 a vu un véritable plongeon du revenu par actif non salarié de 26% ! Après l’envolée de 2007, le repli de 2008 se double d’une montée en flèche du prix des engrais et des produits pétroliers. L’Aveyron s’en sort grâce au poids du lait de vache, dont le prix en 2008 avait augmenté, et ne perd que 2,2%. Mais pour la majorité des autres départements, la chute est brutale. Très touché par la baisse des prix des céréales et notamment du maïs, le Gers voit ainsi son revenu s’effondrer de 48,4% ! Avec -39,4 et -37,2%, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne souffrent beaucoup également. Suivent ensuite le Tarn (-24,5), les Hautes-Pyrénées (-23,3), l’Ariège (-22) et le Lot (-16,8). « Nous sommes rentrés dans une période de forte instabilité des marchés », rappelait Michel Sallenave. « Les conjonctures climatiques, économiques et financières se sont cumulées pour rendre très délicate la lisibilité à moyen, voire à court terme. La tendance actuelle de l’Union Européenne à vouloir aller vers encore moins de régulation ne va pas faciliter les choses. Cette position n’est pas celle de la France. Mais notre vision de l’agriculture n’est pas partagée par tous, notamment les pays d’Europe du nord. Espérons que les nouveaux pays entrants, plus en phase avec notre notion d’agriculture de territoire, nous aideront à peser plus lourd dans les négociations. »

Les chantiers de 2009

Arrivé depuis deux mois, en remplacement de Dominique Pélissié, Michel Sallenave, 50 ans, n’est pas un novice. Spécialisé en questions environnementales, en particulier dans le domaine de l’eau, il a passé quatre années en tant que DDAF dans l’Hérault. Pour lui, 2009 ne démarre pas sous les meilleurs auspices. L’indice des prix à la production poursuit sa hausse, tandis que celui des prix d’achat des produits agricoles ne semble pas vouloir se redresser. Il ne veut pourtant pas trop noircir le tableau. « Dans ce contexte de marchés volatils et de dérégulation, il nous reste tout de même des cartes à jouer », explique-t-il. « Les objectifs que nous nous fixons pour les années à venir sont de davantage structurer les filières et de sécuriser le revenu. Il nous faut travailler sur la contractualisation avec l’aval et sur l’assurance récolte. La région Midi-Pyrénées possède plein d’atouts qu’il nous faut mettre en valeur. Cela passe, par exemple, par l’innovation, avec Agrimip, pour anticiper les changements climatiques. Je pense aussi à la filière lait, où la mutualisation des quotas nous permettrait de conserver nos industries de collecte et de transformation, qui sont une force pour notre région. L’agriculture biologique représente également un créneau à ne pas laisser aux seules productions étrangères. Enfin, il faut parvenir à s’organiser pour mettre en place et privilégier des circuits locaux de distribution. » Plaidant pour un accompagnement adapté à chaque production, Michel Sallenave se dit prêt à relever ce qu’il estime être un beau challenge. « Même si la région est très grande, les dialogues se font bien entre les différents acteurs. Je dispose également d’une équipe motivée. J’ai bon espoir d’arriver à bien travailler avec tous. »

Publié le 18 juillet 2009

Auteur de l’article : Sébastien Garcia