Débat sur la future programmation de la PAC 

Publié le 12 juillet 2018

L’assemblée générale de l’association des chambres d’agriculture du massif fut l’occasion cette année pour les élus des Chambres d’agriculture d’ouvrir le débat sur les perspectives de la future Pac 2020 avec Eric Andrieu, député européen et vice-président de la commission de l’agriculture.

La rencontre annuelle des acteurs de l’agriculture de montagne Pyrénéenne s’est tenue le 29 juin à Quillan dans le département de l’Aude. L’Acap fête ses 10 ans. A cette occasion, elle présente son livre blanc pour dessiner « notre ambition pour l’agriculture Pyrénéenne » déclare Pierre Martin, président de l’Acap. « La diversité des agricultures des Pyrénées est une formidable richesse. Notre volonté est de développer les performances économiques, sociales et environnementales de nos exploitation affirme-t-il. » L’Acap a ainsi présenté les enjeux qui doivent s’inscrire dans la feuille de route de la prochaine Pac. La sécurisation et le renouvellement des exploitations, la valorisation des produits et la compétitivité des filières, le renforcement du rôle de l’agriculture dans les territoires et les outils de financement intégrés à l’échelle du massif constitue les clés de voûtes de ces propositions. Pour Eric Andrieu, député européen, ce travail doit servir de base aux discussions stratégiques nationales.

Le contexte budgétaire de la PAC est tendu

La commission européenne a communiqué sa proposition de réforme pour 2020. Le contexte budgétaire de la Pac est tendu avec l’annonce d’une réduction des enveloppes de 10 % pour le premier pilier et de 27 % pour le développement rural. Le Bréxit et l’orientation des politiques vers des nouvelles priorités, comme l’immigration, la sécurité et le changement climatique pèse fortement sur la Pac. Ces propositions « manquent d’analyse et de vision à moyen terme, critique Eric Andrieu. Le défi alimentaire est un enjeu mondial et non européen. Tous les autres continents travaillent sur une vision à 20-30 ans. Hors notre projet ne propose rien de nouveau insiste-t-il. » La réforme doit s’inscrire dans le contexte international. Les négociations du Mercosur pourraient ouvrir 90000 tonnes de viande bovine sur le marché européen. Si on additionne les négociations avec le Mexique (10.000 t) et le Canada (60.000 t) les risques de déséquilibre du marché sont forts pour la viande bovine. C’est pourquoi Eric Andrieu revendique des outils de gestion de marché. Doit-on se soumettre à ce cadre qui ne convient à personne ? interroge Emmanuel Lecomte, Directeur des chambres d’agricultures de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées. La difficulté, c’est que les états membres sont séduits par ce projet déplore le député européen. Le projet prévoit de transférer la mise en œuvre de la Pac aux états. La gestion au niveau nationale des paiements directs ou du développement rural semble attrayante pour les états membres. Même si elle se fera dans un cadre restreint par la commission européenne. Pierre Martin regrette que le projet de réforme manque de vision pour l’agriculture européenne.

« Lorsque je suis entré pour la première fois au parlement européen, j’ai compris pourquoi la densité de mon territoire n’étais plus que de 3.8 habitants par km² »

Ce projet traduit les difficultés actuelles de l’Europe analyse Eric Andrieu « l’union s’est construit lentement. L’arrivé des pays émergents du bloc de l’est a constitué un nouvel ordre au sein de l’union européenne. » Dans un contexte où tout s’accélère, les décisions sont négociées dans un temps trop long. « Lorsque je suis entré pour la première fois au parlement européen, j’ai compris pourquoi la densité de mon territoire n’étais plus que de 3.8 habitants par km² confesse Eric Andrieu. Nous devons repenser l’agriculture vers les exploitations familiales pour soutenir la ruralité, mais aussi assurer le bien-être et la santé de nos concitoyens. » Les liens entre l’agriculture, l’alimentation et la santé sont un enjeu majeur. « En Chine, on construit des fermes à 100 000 bêtes même les exploitations à 1000 vaches ne pourrons pas résister. On a le devoir d’orienter les politiques publiques conclut-t-il. » Quelques jours après l’assemblée générale de l’Acap, Éric Andrieu a été nommé par le Parlement européen un des trois rapporteur pour la réforme de la PAC. Il sera le rapporteur sur le volet « organisation commune des marchés ».Misons qu’il puisse peser sur les négociations et représenter l’agriculture pyrénéenne dans toutes ses composantes.

Régis Baudiffier

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier