Une start-up toulousaine robotise les grandes cultures

Publié le 22 octobre 2018

Quand Agreenculture, start-up toulousaine, s’associe à Kuhn pour imaginer un robot autonome, ils relèvent ensemble le Challenge Centéol : leurs démonstrateurs viennent de terminer l’itinéraire technique quasi complet sur 50 ha de maïs.
Une parcelle cultivée intégralement par plusieurs robots : la réalité est en train de rattraper la fiction. D’ici quelques jours, la première parcelle de maïs robotisée sera récoltée. L’histoire commence quand Christophe Aubé, ingénieur aéronautique et passionné d’agriculture, est mis au défi par son père, céréalier dans l’Yonne, de mettre au point un outil autonome capable de désherber l’interrang. Qu’à cela ne tienne : quelques mois plus tard, Christophe Aubé lui présente un prototype de robot, démonstrateur de guidage. En parallèle, il rachète Navontime, startup spécialisée dans les systèmes de GPS précis et sécurisés, adaptables sur tous les robots, et fonde Agreenculture avec ses associés. Il peut dès lors s’appuyer sur leur expérience de sept ans de recherche et développement, autour du géopositionnement RTK.
Grâce à ce premier robot, Christophe Aubé et un embryon d’équipe Agreenculture séduisent le constructeur Kuhn. Ensemble, ils se lancent dans le challenge Centéol, un projet de robotique agricole autonome guidée uniquement par GPS. Les équipes travaillent pendant un peu moins d’un an à mettre au point l’engin, mobilisant des technologies aussi diverses que le géo-positionnement, le guidage, le smart farming et bien sur la robotique. Hybride, l’engin fonctionne à l’énergie thermique et électrique. Il tracte l’outil adapté au chantier à accomplir. Les trois exemplaires conçus autorisent même un travail simultané sur la parcelle.

Six passages

C’est ainsi que le challenge a démarré à l’automne dernier, sur une parcelle de 50 ha dans l’Yonne, à mi-chemin entre la base toulousaine d’Agreenculture et la maison mère de Kuhn, en Alsace. Première étape : l’analyse du sol afin de déterminer le potentiel des sols. L’extraction des données a permis d’établir une cartographie précise, nécessaire à la modulation de densité de semis.
En mars 2018, le robot a effectué un passage pour préparer le lit de semence au strip-till. Il n’a travaillé que la largeur du sillon dans lequel a été déposée la graine de maïs. Le mois suivant, deux robots ont évolué simultanément sur la même parcelle : le premier pour enfouir un starter et booster la plante lors de ses premiers stades de développement ; le second robot, pour semer en modulant la densité d’après les cinq zones identifiées sur la cartographie. Plus la zone était riche, plus elle a reçu de graines. En mai, le robot a effectué son quatrième passage et a pulvérisé sur le rang un herbicide. Des zones particulièrement enherbées sur l’interrang ont été identifiées par vol de drone et traitées localement par le robot. En juin, dans des conditions climatiques difficiles, le robot a passé un outil de binage mécanique et assuré le désherbage des adventices à une précision centimétrique. En juillet, le dernier passage a permis d’enfouir l’azote en granulés.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier