L’art de vivre ensemble

Publié le 12 février 2010

C’est un beau projet qu’a réussi à lancer l’ACVA d’Aurignac, début 2009. Il y a un an, une Charte de Bon voisinage, rédigée par les agriculteurs et les élus locaux, a été adressée à tous les habitants du canton et reste disponible dans les mairies pour les nouveaux arrivants. Une Charte, pour quoi faire ? « L’idée a germé depuis 2003 », explique Georges Capdau, chef de secteur des conseillers Chambre d’Agriculture. « À cette époque, nous avons enregistré une forte augmentation de nouveaux arrivants dans le canton. La plupart n’avait aucune connaissance du milieu agricole. C’est alors que, dans nos réunions ACVA, nous avons commencé à penser à un moyen de communiquer envers ces nouvelles populations pour leur expliquer comment travaillent les agriculteurs. Le but était de prévenir tout conflit de voisinage, en prenant les devants. »

Un outil d’intégration

Un petit groupe d’agriculteurs a alors commencé à plancher sur ce thème. Les débuts ont été un peu laborieux, aux dires de Didier Fréchou, exploitant à Peyrissas et Président de l’ACVA. « Il a d’abord fallu se mettre d’accord entre nous sur le contenu », sourit-il. « Entre ceux qui voulaient tout mettre sur le papier et ceux qui en voulaient le minimum, il a fallu trouver le juste milieu. Mais on s’est vite rendu compte qu’on rédigeait un document défensif. On « sortait le parapluie », en fait. » Le groupe a alors décidé de partager la réflexion avec d’autres intervenants. Finalement, ils se sont tournés vers les maires de communes. « Ce sont eux qui connaissent le mieux le terrain et les préoccupations de ses habitants », poursuit Didier Fréchou. « On avait pensé intégrer des associations mais cela faisait trop de monde et aurait pu vite devenir ingérable. »

Bien leur en a pris, l’accueil du projet par les élus a été des plus encourageants. « Cette proposition de charte est tombée à pic », reconnaît Monique Rey, Maire d’Eoux. « En tant qu’élus, nous avions nous aussi à gérer cet afflux de nouveaux habitants, à raison d’une centaine de demande de CU par an, sans parler du logement locatif. Il nous fallait un moyen de créer un premier contact avec des personnes que nous n’avions pas forcément l’occasion de rencontrer personnellement. C’était pour nous un premier pas pour leur intégration dans un lieu de vie. » L’autre élément porteur pour ce projet fut la coïncidence avec la mise en place d’un PLU dans 18 des 19 communes du canton d’Aurignac, à partir de 2005.

Réflexion commune

L’état d’esprit étant à la réflexion sur l’aménagement du territoire, l’idée de la Charte a donc rencontré un écho très favorable. « En discuter avec les élus a considérablement enrichi notre démarche », se rappelle Françoise Barthe, exploitante à Saint André. « Ils ont un recul que nous n’avions pas. » Cela a aussi permis aux agriculteurs de prendre conscience des problèmes que peuvent rencontrer les élus avec l’activité agricole. « Parler avec Patrick Boube, le Maire de Boussan et qui est en charge de la voirie, nous a montré que certains de nos comportements peuvent, sans le vouloir, coûter cher à la collectivité », reconnaît Jean-Pierre Martin, agriculteur à Aulon. La prise de conscience fut donc collective. Une fois officialisé le démarrage de la rédaction de la Charte, début 2008, les choses ont ensuite été rapides. En moins d’un an, la plaquette fut rédigée, validée, mise en page par la Chambre d’Agriculture et imprimée. Elle a été envoyée dans tous les foyers avec le bulletin d’informations cantonal.

Et après ?

« Si les retours ont été discrets mais positifs, il faut maintenir l’élan de cette démarche pour qu’elle soit efficace », estime Georges Capdau. Mais les membres du groupe de travail ont déjà leur idée là-dessus. « Nous allons, chaque année, faire des ajouts à la Charte, sous forme de feuillet à insérer dans le document initial », explique Didier Fréchou. « Cela peut être un point réglementaire, une explication pratique, un témoignage d’un habitant, … ce ne sont pas les sujets qui manquent. » Le constat est donc positif. Pourtant, cette expérience reste la seule à avoir vu le jour en Haute-Garonne. « Il faut reconnaître que l’ACVA d’Aurignac est particulièrement dynamique », relève Alain Passament, Maire de Bouzin. « Cela joue pour beaucoup dans la réussite de ce genre de projet. » Plus modestement, Didier Fréchou met en avant le manque de communication : « Nous ne savons pas vraiment ce que font les ACVA voisines. J’imagine qu’il en est de même pour elles vis-à-vis de nos actions. »

La conclusion tombe donc sous le sens : « Passe le message à ton voisin »…

Auteur de l’article : Sébastien Garcia