Le Crédit Agricole plus que jamais partenaire des agriculteurs

Publié le 30 mars 2016

Dernièrement, trois agences Crédit Agricole de Haute-Garonne ont été visées par des agriculteurs en colère, sur fonds de crise agricole persistante. Alors que nombre d’exploitants ne cachent pas leur inquiétude pour l’avenir, beaucoup s’interrogent sur le rôle des banques et leur soutien dans cette période troublée. Dominique Lenfant, agriculteur et Vice-président de la Caisse régionale de Crédit Agricole Toulouse 31, et Philippe Crinière, Directeur des Marchés et Réseaux Professionnels, ont rencontré le Trait d’Union Paysan pour apporter leurs témoignages et répondre à ces interrogations.

 

TUP : Comment avez-vous réagi aux actions menées contre vos agences ?

Dominique Lenfant: Je comprends les doutes et incertitudes des agriculteurs. Avec nos marchés désormais ouverts à la concurrence et l’abandon de toute régulation par l’Europe, nous sommes maintenant en prise directe avec la volatilité des cours. À cela s’ajoutent une réglementation franco-française parfois incompréhensible (règles sociales, fiscales ou environnementales) et très malvenue dans ce contexte car inégale entre pays et donc amenant une situation concurrentielle inéquitable. De plus, la réforme de la PAC se traduit par des baisses de soutiens pour toutes les productions. Cet empilement de contraintes et le manque de perspectives ont de quoi pousser certains à des actes de colère. Mais s’en prendre au Crédit Agricole, c’est se tromper de cible. Plus grave, un de nos collaborateurs a été nommément mis en cause dans l’une des actions. C’est inacceptable ! Il y a des lignes à ne pas franchir. Depuis toujours, nous travaillons dans un esprit de dialogue et de concertation. Nous sommes toujours prêts à entendre ce que nos clients ont à dire et les administrateurs du Crédit Agricole sont là pour se faire le relais de toute difficulté qu’ils peuvent rencontrer.

 

TUP : Que répondez-vous alors aux griefs que vous adressent certains agriculteurs ?

Philippe Crinière : Qu’ils ne sont pas vraiment justifiés. L’agriculture est au cœur d’une crise de revenus et non d’endettement. Il faut savoir que les exploitations françaises sont très peu endettées par rapport à celles des autres pays européens. Que ce soit par le passé, et à plus forte raison maintenant, nous veillons scrupuleusement à anticiper la capacité d’endettement à long terme de nos clients agriculteurs. Ce n’est pas de la frilosité, mais un devoir de prudence pour leur permettre de développer une activité viable et vivable.

Dominique Lenfant : Tant que des mesures structurelles fortes ne seront pas prises par la France et les États membres, on ne sortira pas de cette crise. Et les banques n’ont pas de prise sur les politiques décidées par les gouvernements. Ce que peut faire le Crédit Agricole, c’est de tout mettre en œuvre pour « donner du temps » aux agriculteurs en difficulté. C’est à dire leur donner les moyens, par des aménagements de prêts ou des reports d’échéances, d’attendre la sortie de la crise. Mais il faut être lucide, ce n’est qu’une solution temporaire. Il faut que l’Europe et la France réagissent très rapidement pour  donner de la compétitivité aux exploitations françaises.

 

TUP : Concrètement, qu’a fait le Crédit Agricole pour aider les agriculteurs les plus en difficultés ?

Philippe Crinière : En tant qu’OPA*, le Crédit Agricole est invité – et est systématiquement présent – à toutes les réunions et cellules de crise organisées en Haute-Garonne. Nous avons, entre autre, contribué au montage des dossiers FAC (fonds d’allègement des charges) et procédé, dès 2014, à une centaine de réaménagements de crédits, principalement sur des céréaliers. Concernant le Plan de Soutien à l’Élevage, il faut savoir que le département compte environ 1.000 éleveurs, dont 805 sont clients chez nous. Nous les avons tous contactés. La moitié d’entre eux nous ont répondu qu’ils ne ressentaient pas le besoin d’être spécifiquement aidés. 300 autres préféraient attendre de voir comment évoluait leur situation avant d’entrer dans le dispositif. Au final, 102 éleveurs ont demandé à être accompagnés. 53 ont bénéficié d’une année blanche, c’est-à-dire d’une mesure ayant pour effet de reporter totalement ou partiellement les annuités de l’année. 49 ont bénéficié de prêts en fonds de roulement ou d’un allongement de la durée de remboursement Chaque situation a été examinée individuellement et les solutions apportées répondaient aux besoins spécifiques de l’exploitation.

 

TUP : Quelles solutions préconisez-vous pour surmonter la crise que nous traversons ?

Dominique Lenfant : Dans mon GAEC, nous avons mis en place des équipements pour stocker toutes nos récoltes. Nous avons, en parallèle, créé une activité de bois de chauffage et une activité d’entreprise de travaux agricoles. Même si la chute des cours céréaliers pèse lourdement sur nos résultats, la diversification des activités nous permet de « faire le dos rond » en attendant la reprise. La libéralisation des marchés et l’incertitude chronique qu’elle génère doit nous conduire à changer profondément l’approche économique de nos exploitations. Nous devons donc apprendre à mieux gérer les risques, en utilisant tous les outils à notre disposition, le stockage, la diversification des activités ou de l’assolement, la déduction pour aléas, les  marchés ou ventes à termes, la contractualisation et les circuits courts.

Philippe Crinière : Il ne faut pas être défaitiste. Quand on regarde les résultats macro-économiques de l’agriculture départementale, on voit que malgré́ les difficultés réelles de certaines exploitations, de nombreuses autres continuent globalement d’investir et qu’elles font toujours preuve de dynamisme. Nous sommes convaincus de la capacité́ de l’agriculture française et départementale à s’adapter. Le Crédit Agricole Toulouse 31 sera, comme il l’est depuis sa création, le partenaire de son évolution.

 

TUP : Quels moyens mettez-vous en œuvre pour accompagner l’agriculture haut-garonnaise ?

Philippe Crinière : Au niveau humain, parmi la quarantaine de conseillers en charge des clients agriculteurs, 15 conseillers issus du monde agricole et/ou d’écoles d’agronomie sont spécialisés pour accompagner les agriculteurs dans leurs projets. Nous avons également établi un partenariat avec cabinet d’expertise comptable spécialisé pour former régulièrement ces conseillers aux évolutions de l’agriculture. De nombreux projets innovants voient le jour dans le département. Nous nous devons de les soutenir et d’être capables de les accompagner efficacement.

Dominique Lenfant : Aux cotés des conseillers de terrain, les 600 élus du Crédit Agricole Toulouse 31 sont mobilisés et facilement joignables. Il ne faut pas hésiter à nous solliciter, plutôt que de rester seul face à ses difficultés. C’est en jouant collectif que nous trouverons des solutions pour répondre aux enjeux de l’agriculture de demain. Enfin, nous allons proposer des outils de gestion des risques à nos clients agriculteurs, avec notamment l’assurance des prairies,  les assurances Récoltes et la complémentaire santé. Nous engager dans cette voie est bien la preuve que nous croyons toujours en l’avenir de l’agriculture et que nous comptons pleinement nous y associer.

 

* Organisation Professionnelle Agricole

Auteur de l’article : Sébastien Garcia