Les fermiers doivent se mobiliser

Publié le 6 mars 2010

D’entrée de jeu, l’ADFM 31 annonçait la couleur. À l’entrée de la salle du foyer d’Auriac sur Vendinelle, où se tenait leur 60ème AG annuelle, un projet de résolution attendait les participants.

La précarité menace les fermiers

Robert Dal Maso, Président de l’ADFM, déplore qu’avec un statut du fermage malmené depuis plusieurs années, les propriétaires se tournent de plus en plus souvent vers des mesures dérogatoires. Il le martèle, les contrats précaires, comme les CMD (Convention de Mise à Disposition), sont une épée de Damoclès insupportable pour les fermiers, surtout en agriculture périurbaine. « Il y a, par exemple, deux jeunes maraîchers qui ont été installés en GAEC à Blagnac avec 70% de la surface en CMD », s’insurgeait-il. « Comment voulez-vous que ces agriculteurs puissent prévoir quoique ce soit, quand ils peuvent perdre l’essentiel de leurs terres du jour au lendemain ? »

Précarité également des revenus, comme pour l’ensemble de la population agricole. Jean-Claude Royère, Secrétaire Général de l’ADFM, revenait sur la dernière Commission Consultative des Baux Ruraux : « Nous avons vainement cherché à avoir l’appui des propriétaires, pour défendre à nos côtés le revenu agricole, seule possibilité à nos yeux de garantir aux bailleurs un fermage plus élevé à l’avenir. Alors que la majorité d’entre nous ne sait pas comment elle paiera ses prochaines échéances, le seul discours de la propriété rurale à cette Commission, est qu’il faut doubler les minima des fermages et augmenter ceux des habitations. Nous avons réussi à modérer certaines de ces augmentations mais c’est un combat de tous les jours. »

Être plus nombreux…

C’est en autre pour ces raisons que Robert Dal Maso réitère son appel à tous les fermiers du département. « En Haute-Garonne, il y en a environ 4.000 », estime-t-il. « Le nombre de nos adhérents est très loin de refléter cette population. Or, nous avons besoin d’être sur tous les fronts. » De fait, le manque de représentants des fermiers devient réellement problématique. Le manque d’implication aussi. Notamment pour les tribunaux paritaires des baux ruraux. Les élections des assesseurs, qui ont eu lieu cette année, ont fait apparaître un très faible nombre de votants (seulement 19% au niveau départemental). « Il y a une volonté de la magistrature de supprimer à terme les assesseurs auprès des tribunaux paritaires. Les résultats de ces élections lui donne des arguments supplémentaires », regrette le Président. « S’il n’y a pas un sursaut d’engagement, ce seront les seuls juges qui apprécieront les situations. » Dans un contexte de crise propice à la hausse du nombre de conflits et avec la suppression du tribunal de Villefranche de Lauragais, puis celle toute récente de celui de Saint Gaudens, ce n’est pourtant pas le travail qui va manquer.

… et plus revendicatifs

Un intervenant s’emportait : « Cette crise n’est pas apparue d’un coup. Elle est le résultat de 30 ans de dérégulation. L’agriculture nous a échappé pour se retrouver aux mains des actionnaires de l’industrie agro-alimentaire. Aujourd’hui, la situation est tellement grave qu’il faut arrêter de tergiverser et réagir très fortement. Nous devons nous battre par tous les moyens pour obtenir des politiques la seule chose qui pourrait nous sauver : sortir l’agriculture de l’OMC. » Mais pour ce faire, le monde agricole a besoin de soutiens. Au premier rang desquels, le soutien populaire. Sortant du cadre strict de l’ADFM, Robert Dal Maso a tenu à lire à l’assistance un article publié dans le Monde, signé de Sylvie Brunel*. Car quand les médias hurlent avec les loups pour discréditer l’agriculture, trouver un article de fonds bien tourné, qui expose sans détours la situation catastrophique des exploitants français, fait du bien. « Nous ne sommes pas bons en communication », déclarait un participant. « On laisse dire n’importe quoi sur l’agriculture. Il faut absolument bouger. La manifestation massive d’octobre dernier aurait dû être suivie d’une autre, jusqu’à ce qu’enfin, on nous écoute. » Ce à quoi acquiesçait le Président de l’ADFM. « Notre structure est apolitique et asyndicale. Il faudrait que cela soit aussi le cas pour les manifestations à mettre en place pour défendre l’agriculture. Trouver un médiateur qui mette d’accord tous les syndicats pour tirer dans le même sens serait ce qui pourrait nous arriver de mieux pour parvenir à nous sortir de l’impasse où nous nous trouvons. » Avis aux candidats…

* « Pour sauver la planète, sauvons les paysans ! », article consultable sur le site Internet www.lemonde.fr

Auteur de l’article : Sébastien Garcia