Le Conseil Économique et Social monte au créneau

Publié le 12 mars 2010

Dès l’inauguration, le ton était donné. Le salon de Tarbes 2010 serait celui de l’affirmation politique du rôle de l’agriculture dans le paysage économique régional.

En pleine période électorale, le risque de se heurter à la langue de bois des différents élus, candidats ou personnalités politiques présents sur les lieux était à craindre. Ce ne fut pourtant pas le cas, loin s’en faut, de Jean-Louis Chauzy, Président du Conseil Économique et Social de Midi-Pyrénées (voir encadré). Sollicité par Jean-Louis Cazaubon pour couper le cordon d’inauguration, il s’est livré à une analyse du panorama économique et agricole de Midi-Pyrénées,  qui tranchait singulièrement avec les discours habituels.

Ici, pas de démagogie ou de politiquement « correct », mais du pragmatisme et du réalisme. Faisant un résumé des coups terribles portés tant à l’industrie qu’à l’agriculture dans la crise économique actuelle, il s’est lancé dans un véritable plaidoyer pour une refonte des politiques agricoles et une reprise en main vigoureuse des outils de régulation, seuls garants d’une agriculture performante et apte à répondre aux défis qui l’attendent. « Après avoir mesuré les conséquences de l’ultralibéralisme, de la dérégulation et de la libéralisation des marchés, l’Europe et les États qui la composent, doivent mettre en œuvre une nouvelle régulation », déclarait-il. « Le marché ne peut répondre à tout. La PAC doit évoluer, mais elle doit être préservée par des outils et des moyens financiers. » Il s’est ainsi prononcé sans ambages pour la contractualisation entre producteurs, industriels et distribution, qui reste pour lui « l’instrument juridique et politique le plus efficace ».

C’est également sans détours qu’il s’en est pris au « poujadisme mondain » qui diabolise la recherche agronomique, la recherche scientifique ou la constitution de réserves en eau : « Alors que la préoccupation de l’humanité est l’accès à l’eau et le droit à l’alimentation, des bobos ou des économistes de terrasses de café voudraient nous vendre de l’agriculture sans eau, voire sans agriculteurs… Cela n’existe pas ! »

Que ce soit sur le dossier de l’ours (« ce ne sont pas les ours qu’il faut réintroduire, mais les bergers et le pastoralisme ») ou le principe de précaution (« une bombe à retardement que la France est le seul pays à avoir intégrée à sa Constitution »), Jean-Louis Chauzy a fait preuve de la même verve et de la même détermination que lors de son intervention remarquée, à Toulouse, pendant la manifestation des irrigants, le 8 mars dernier. Rappelant qu’il est de l’intérêt général de préserver les territoires, les activités économiques, industrielles, agricoles ou artisanales, il a appelé chacun à le faire à son niveau, en y intégrant les principes du développement durable. « La nature n’existe pas indépendamment de l’homme », concluait-il. « Nous devons faire confiance à ceux qui la connaissent. »

Si on pouvait entendre ça plus souvent…

Le saviez-vous ?

Le Conseil Économique et Social Régional (CESR) est une assemblée consultative, auprès du Conseil Régional et de son Président, créée en 1972. Il est obligatoirement saisi pour les orientations générales des politiques menées dans tous les domaines où la Région est reconnue compétente. Depuis la Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire du 25 Juin 1999, les CESR siègent au sein des Conférences d’Aménagement et de Développement du Territoire. À travers elles, les CESR sont consultés en particulier sur le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire et les Schémas de Services Collectifs.

Le CESR, de par sa composition, constitue une image de la société civile. Son assemblée est composée de 113 membres, issus des secteurs socioprofessionnels les plus représentatifs de la Région et répartis en quatre collèges : Entreprises et activités professionnelles non salariées (38 membres) ; Syndicats de salariés (38 membres) ; Vie collective (32 membres) ; Personnalités qualifiées (5 membres).

Les membres de cette assemblée expriment les préoccupations, les attentes des différents groupes sociaux qu’ils représentent. Par leurs apports et leurs recommandations, ils contribuent à enrichir les travaux du CESR, qui n’expriment pas la simple addition d’intérêts particuliers, mais tendent à mettre en avant la notion d’intérêt général, dans un souci de cohérence territoriale.

Réélu tous les 3 ans, l’aveyronnais Jean-Louis Chauzy en est le Président depuis 1992.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia