Un cluster pour booster la «chimie verte»

Publié le 28 janvier 2014

Le cluster « Chimie Verte » a vu le jour le 20 janvier dernier, en Midi-Pyrénées. Sous le parrainage d’Henri-Michel Comet, Préfet de la Région et Martin Malvy, Président du Conseil Régional, une trentaine d’entreprises* a signé l’acte de naissance de cette structure d’un genre encore peu développé en France, à l’esprit proche d’un pôle de compétitivité (voir encadré).

Réhabiliter la chimie

La chimie verte constitue l’ensemble des actions qui permettent de réduire l’impact de la chimie sur l’environnement. Apparu à la fin des années 90 aux États-

Le nouveau logo
Le nouveau logo

Unis, ce concept prévoit la mise en œuvre de 12 principes pour réduire et éliminer l’usage ou la génération de substances néfastes pour l’environnement. Il préconise d’y substituer de nouveaux procédés chimiques et des voies de synthèses propres, dans un domaine où le danger peut être physique (substances inflammables, explosives), toxicologique (cancérigène, mutagène) ou global (destruction de la couche d’ozone, changement climatique). L’objectif de la chimie verte est de rendre la chimie moins polluante et plus sûre, tout en renforçant l’efficacité de ses produits.

« Les laboratoires de recherche publics et privés de Toulouse et de Midi-Pyrénées sont reconnus mondialement pour leur expertise en matière de chimie verte », rappelait en introduction Cédric Cabanes, le Président de l’Union des Industries Chimiques (UIC) Midi-Pyrénées, aux commandes également de ce nouveau cluster. « Notre objectif est donc de rapprocher ces entreprises entre elles pour faciliter les synergies, favoriser les partenariats et les aider à générer de nouveaux projets issus de l’innovation. » L’autre visée du cluster est aussi de redorer le blason de la chimie auprès du grand public. Bien qu’elle soit présente, avec des solutions concrètes, dans tous les secteurs d’activité (habillement, alimentation, santé, transports, télécommunications, …), la chimie est toutefois peu visible et n’est pas toujours perçue à la hauteur de son utilité. Méconnue dans ses applications, elle peut générer des craintes, avec une focalisation sur les risques plus que sur les bénéfices. C’est bien pourquoi ce cluster veut faire de la chimie verte un atout commercial et environnemental.

4 axes pour renforcer les atouts régionaux

Des 12 principes édictés par les deux chimistes américains fondateurs du concept, Paul Anastas et John C. Warner, on peut retenir quatre axes fondamentaux : réduire le coût des matières premières, les coûts énergétiques et les quantités de déchets produits ; réduire au maximum l’utilisation et la production de produits toxiques ; privilégier des procédés plus sûrs pour minimiser les risques d’accidents et de rejets, et enfin privilégier l’utilisation de matières premières renouvelables, en particulier d’origine végétale. « Midi-Pyrénées dispose justement d’atouts majeurs dans ce secteur d’activité », ajoute Cédric Cabanes. « De nombreuses entreprises excellent dans l’extraction et la valorisation de molécules d’origines naturelles. Le Cluster s’attachera à les accompagner dans le développement de leurs projets innovants, afin de créer des richesses et des emplois sur notre territoire. »

Car il est bien question d’emplois quand on parle de chimie. En Midi-Pyrénées, les industriels de la chimie régionale, particulièrement présents dans la Haute-Garonne et le Tarn, comptabilisent plus de 5.000 emplois salariés dans près de 140 entreprises, dont 90% de PME. Au niveau national, ce sont plus de 220.000 salariés pour 3.200 entreprises qui contribuent à la vitalité économique des territoires sur lesquels elles sont implantées, mais aussi au rayonnement de ce secteur dans le monde. Rappelons que la France est le 5ème pays producteur au monde de produits chimiques et le 2ème en Europe. Exportant plus de la moitié de son chiffre d’affaires de 77 milliards d’euros, l’industrie française affiche un solde de la balance commerciale positif de 5,4 milliards €.

Les premières actions déjà lancées

Les entreprises adhérant au cluster ont d’ores et déjà sélectionné quatre actions prioritaires. La première d’entre elles est déjà en cours. Il s’agit d’établir une cartographie régionale des acteurs (laboratoires de recherche, entreprises, plateformes technologiques, pôles de compétitivité, zones géographiques disponibles, etc.). Vient ensuite le recensement des matières premières naturelles régionales pour un achat mutualisé, en partenariat avec Midi-Pyrénées Innovation et la Chambre Régionale d’Agriculture. Le Cluster va également aider les entreprises qui ont opté pour la chimie verte à communiquer, afin de renforcer leur légitimité dans leur propre écosystème et leur attractivité, pour recruter des collaborateurs dans des territoires éloignés de la métropole toulousaine. La dernière action vise enfin à mettre en place une gestion collective des déchets.

« Le Cluster Chimie Verte se veut un outil performant permettant de croiser les filières régionales entre elles afin de sensibiliser les acteurs et les accompagner à prendre une part significative de marchés émergents, qu’ils soient locaux, nationaux ou mondiaux », conclut Cédric Cabanes. « Il aura un rôle d’interface avec les autres structures existantes en Midi-Pyrénées : pôles de compétitivité, clusters, agences de développement, incubateurs, etc. »

Il est important de noter que le Cluster se veut résolument ouvert afin de fédérer le plus largement possible tous les acteurs concernés, qu’il s’agisse des industriels ou du monde agricole, des laboratoires de recherche et d’enseignement supérieur. Les candidats sont donc les bienvenus… Intéressé ? Retrouvez tous les détails sur le site www.clusterchimieverte.fr

* Actichem, Agronutrition, Air Liquide, Almamet France, Alpasud, Atemax Sud-Ouest, Arkema, BASF, Ets Belot Fils, Becker Underwood, Bois Valor, OMG Borchers, C2M Aurochs Industrie, Chabbert Chimie, Ciergerie Lourdaise, Dyrup, Etienne Lacroix, Gaches Chimie Spécialités, Gelatines Weishardt, KJ Quinn, LAE, LFT Seta, Mapei France, Mauran, Maison Européenne des Procédés Innovants, O2Kem, Phodé Laboratoires, Pierre Fabre Plantes et Industrie, Procalp, Pylote, Pyrosud, Herakles Groupe Safran, Seppic, Solovionic, Stahl, Syntivia, RAGT Énergie, Végéplast
 

Un Cluster, Qu’es aquò ?
Un cluster économique est un groupement ou une concentration géographique d’entreprises qui œuvrent dans un même domaine. Parfois concurrentes, ces entreprises trouvent un intérêt commun dans un rapprochement et dans le développement de collaborations. Le cluster se définit donc comme une « grappe d’entreprises » et d’institutions rassemblées par la proximité géographique et la synergie professionnelle, ayant pour intérêt premier d’augmenter les opportunités d’affaires et de croissance des différents partenaires qui le composent.

Réfléchissant en commun sur les thématiques de recherche et de développement ou encore sur la communication sur leur filière, le cluster permet aux entreprises de réaliser des économies d’échelle, tout en élargissant leurs champs de compétences. Parallèlement, en agrégeant leurs capacités de production sur un projet commun, elles atteignent une taille critique leur permettant d’accéder à de nouveaux marchés.

La démarche du Cluster va donc bien au-delà de la simple amélioration des performances de l’entreprise et relève d’une véritable politique de développement économique d’un territoire. Pas très éloigné d’un « pôle de compétitivité », le cluster s’en distingue cependant car le terme de « pôle » correspond maintenant à un label répondant à un cahier des charges précis, attribué sur décision d’un Comité Interministériel et permettant de bénéficier de financements spécifiques.

Il y a désormais 13 clusters en Midi-Pyrénées, dans des filières aussi variées que la mécanique, la cosmétique, les technologies de communication la robotique, l’agronomie-industrie, etc.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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