Ovins : la technicité, au coeur de la transmission

À Saint-Pé-Debosc, Aimé Manent vient de céder son exploitation mixte ovine-bovine à son fils François. Une transmission dans laquelle se mêlent tradition et modernité.

Depuis deux mois, François est officiellement chef d’exploitation. Comment se passe cette installation ?

François Manent : « Très bien. Si l’on fait abstraction des questions administratives, je suis ravi. Mon père, même s’il est à la retraite, m’aide encore beaucoup. J’ai l’avantage de bénéficier d’un troupeau au top sur un plan génétique. Le challenge consiste à le maintenir et le faire prospérer.
Aimé Manent : « J’ai moi-même repris l’exploitation de mon père. Le troupeau comptait alors  20 vaches et 120 brebis. Grâce aux techniciens qui suivaient le troupeau, j’ai eu le déclic. Passionné de mécanique agricole, je me suis pris de passion pour la génétique ovine, j’ai beaucoup appris. J’ai toujours gardé le troupeau bovin en race blonde d’Aquitaine puis gasconne, afin d’assurer une trésorerie en cas de coup dur. Aujourd’hui, l’exploitation compte 400 brebis tarasconnaises en race pure et une vingtaine de vaches.
FM : Depuis deux mois, je suis installé avec le projet de développer un atelier de veaux sous la mère. J’aime l’élevage, je reconnais avoir plus l’âme d’un berger que celle d’un chauffeur de tracteurs. Démarrer avec un troupeau mixte est donc une aubaine.

Quels sont les débouchés de votre production ?
FM : Nous produisons sous label rouge Agneau fermier sélection des bergers et avec la marque Agneau des Pyrénées, en cours d’IGP. Tout le troupeau est inséminé. Les brebis présentant de moindres qualités bouchères sont croisées avec la race berrichonne, afin de gagner en poids de naissance. Tous les agneaux croisés partiront pour la boucherie. Les meilleures agnelles issues d’insémination en race pure, 90 jeunes de
moins d’un an cette année, assureront le renouvellement.
AM : nous avons également une activité de reproducteurs. Une quinzaine de mâles a été sélectionnée en février dernier et pourrait partir  au centre d’élevage de l’Upra ovines Pyrénées centrales à Saint-Gaudens. Cette activité  contribue à la dynamique de la race.

Pourquoi faire choisir l’insémination sur l’intégralité du troupeau ?
AM : Ma motivation est claire : faire avancer la tarasconnaise, qui s’élève au 11e rang des races françaises. Grâce à l’investissement et la motivation des sélectionneurs, cette race rustique a vu ses poids moyens de référence passer en l’espace de 50 ans de 30-35 kg à 75-80 kg. Pour ma part, j’ai commencé à inséminer en 1985. Mon père perdait peu à peu la race. Il faisait des croisements, pour proposer aux bouchers des agneaux plus conformes à leurs attentes. Le troupeau est inscrit à l’OS Upra Pyrénées  Centrales depuis des décennies et participe activement à l’amélioration de la race tarasconnaise. Rapidement, j’ai vu les résultats.
FM : Nous sommes dans les derniers troupeaux à pratiquer l’insémination artificielle (IA) en tarasconnaise. L’IA nécessite de manipuler au moins l’animal trois fois. Ici, ce n’est pas un problème, nous pouvons attacher les animaux. Grâce aux outils de gestion du troupeau, chaque brebis est inséminée selon ses résultats techniques. Le logiciel nous permet aussi d’éviter la consanguinité, en IA comme en monte naturelle. On peut remonter jusqu’à la 4e génération, une phase essentielle dans cette race où la base de sélection s’élève à 9.000 animaux.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier