Le Tournesol : Un Acteur Incontournable dans la Transition Agroécologique

M. Abella m.abella@terresinovia.fr ; H. Tribouillois h.tribouillois@terresinovia.fr

Culture sobre en intrants et adaptée à des systèmes de production variés, le tournesol joue un rôle clé dans la nécessaire transition agroécologique de la ferme France.

L’agriculture française traverse actuellement des transformations historiques marquées par le changement climatique, la volatilité des prix des matières premières et l’accroissement des attentes sociétales envers le secteur agricole. Cette conjoncture complexe fragilise la viabilité et la durabilité des exploitations spécialisées dans les grandes cultures du pays, rendant indispensable la transition vers des systèmes de production agroécologiques et résilients, plus à même d’absorber ces bouleversements profonds.

La réussite de cette transition agroécologique repose sur la nécessité de favoriser des processus biologiques, en particulier ceux liés à la fertilité des sols, à la régulation des bioagresseurs et à la fixation symbiotique de l’azote. Ces processus forment la base de la production des cultures et de la fourniture de services écosystémiques. Cela implique l’adoption de principes majeurs tels que l’augmentation de la diversité des cultures, la couverture des sols, la restitution de biomasse au sol, la réduction des perturbations chimiques et mécaniques, ainsi que l’organisation de matrices du paysage

DES ATOUTS AGROÉCOLOGIQUES MAJEURS

 Le tournesol présente de nombreuses qualités pour s’inscrire dans cette dynamique. En tant que tête de rotation dans ses zones de production historiques du sud, il offre une possibilité de diversification de premier choix, en particulier dans des systèmes sans irrigation, dans des contextes plus septentrionaux. Dans les régions de grandes cultures, le tournesol crée une phase de rupture particulièrement intéressante pour contrer les bioagresseurs des cultures hivernales, tout en laissant fréquemment un sol bien structuré, ce qui permet de réduire les interventions de travail du sol lors de l’implantation de la culture suivante.Une image contenant plein air, sol, plante

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Par ailleurs, la période étendue entre la récolte de la culture précédente et le semis du tournesol crée une opportunité propice à l’implantation de couverts végétaux, offrant ainsi un accès aux avantages écosystémiques qu’ils procurent. De plus, tout comme le colza, le tournesol se positionne en tant que culture nectarifère et pollinifère de premier plan, fournissant une abondante ressource alimentaire au cœur de l’été. Cette période, relativement calme pour les pollinisateurs et les ennemis naturels des ravageurs de cultures, contribue de manière significative au maintien d’une biodiversité essentielle à l’équilibre des écosystèmes.

UNE CULTURE QUI S’ADAPTE

Les conséquences du changement climatique, telles que des conditions plus chaudes, une moindre disponibilité en eau et une concentration accrue de CO2, ont des répercussions sur la culture du tournesol en réduisant sa durée de cycle, en intensifiant le déficit hydrique et en accentuant les contraintes thermiques. Ces transformations pourraient entraîner une diminution des rendements et de la qualité, mais le tournesol présente des caractéristiques qui lui confèrent une certaine tolérance à ces évolutions climatiques.

Le tournesol affiche des besoins en eau modérés, et grâce à ses racines profondes et pivotantes,  il a une capacité à valoriser efficacement l’eau élevée. Des mécanismes d’adaptation à la disponibilité en eau, tels que des mécanismes d’endurcissement, sont également présents. En tant que plante en C3, le tournesol peut bénéficier d’une augmentation du taux de photosynthèse en présence de CO2, offrant potentiellement des avantages pour l’augmentation des rendements. Cependant, il convient de noter que ces effets positifs pourraient être limités. Enfin, le tournesol se distingue par son faible impact environnemental en tant que culture nécessitant peu d’intrants et émettant peu de gaz à effet de serre.

DES LEVIERS DÉCISIFS À COMBINER

Les moyens investis aujourd’hui par la recherche et le développement visent à rendre la culture de tournesol plus robuste face aux aléas climatiques et aux bioagresseurs. 

Les leviers qui devront être mobilisés sont au nombre de trois (Debaeke et al., 2017) :

La sélection variétale de tournesol précoces et résistants aux stress : les progrès génétiques réalisés depuis les années 1990 ont permis de maintenir les rendements malgré l’augmentation du déficit hydrique

L’adaptation des pratiques culturales : pour maintenir ou augmenter les rendements en cas de sécheresse, l’irrigation est un levier essentiel, mais son accès futur peut être limité. 

Il est donc crucial de promouvoir des pratiques d’irrigation efficaces en ajustant les apports selon les besoins du tournesol. L’anticipation des dates de semis et un semis précoce au printemps peuvent éviter les périodes de stress hydrique et thermique, mais le choix de variétés adaptées est indispensable. Une gestion appropriée des sols, comme l’utilisation de mulch pour réduire l’érosion et l’évaporation de l’eau dans les systèmes sans labour, joue un rôle crucial. Une bonne implantation du tournesol est également fondamentale pour favoriser un enracinement profond et un bon accès à l’eau. Une image contenant plante, fleur, tournesol, pétale

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L’évolution des zones de production et diversification : l’élévation des températures pourrait rendre les régions du nord de la France propices à la culture du tournesol, offrant de nouvelles opportunités de production. En intégrant davantage de tournesol dans les rotations, on peut réduire la pression sur les ressources et atténuer les risques. Les cultures en dérobés, ou des variétés très précoces semées après des cultures d’hiver, peuvent également maximiser l’utilisation des terres et favoriser la séquestration du carbone. 

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Quentin Lambert – q.lambert@terresinovia.fr

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31