Auteur Equipe SUD Terres Inovia

A la faveur des températures douces et de l’allongement de la durée d’ensoleillement, les colzas sont aujourd’hui dans une phase de croissance active. Avec le maintien des températures conjuguée à un retour des pluies et un bon enracinement, toutes les conditions devraient être réunies pour assurer au colza une poursuite de son développement sans entrave majeure dans les jours à venir. Dans ce contexte et jusqu’à l’entrée en floraison, le risque lié au méligèthe est à prendre en compte à travers une surveillance rigoureuse.
Pour bien prendre en compte votre situation, nous vous conseillons de vous référer à votre BSV régional. La gestion de ce ravageur repose sur la mesure du risque la plus juste possible, pour décider d’intervenir ou de ne pas intervenir.

Visiter les parcelles pour évaluer le risque
Les règles de décision mises au point pour lutter contre les méligèthes visent à maintenir la population à un niveau acceptable (et non de l’éradiquer) pour que la floraison puisse s’engager franchement et que les capacités de compensation du colza, importantes à cette période du cycle, puissent s’exprimer.
Observer les parcelles du stade D1 (BBCH50) correspondant à l’apparition des boutons accolés toujours cachés sous les feuilles jusqu’au stade F1 (BBCH60) correspondant aux 1ères fleurs ouvertes sur la moitié des plantes :
- Au stade D1 lorsque les boutons floraux sont présents et encore dissimulés sous les feuilles terminales, les méligèthes sont plus difficiles à observer. Il faut prendre le temps de bien analyser la zone de feuilles entourant les boutons. Au stade D2 (BBCH53) et E (BBCH57), les boutons sont complètement visibles et les méligèthes sont plus facilement repérables.
- Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Evitez les plantes pièges si elles sont présentes. Comptage sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives.
Prendre en compte l’état du colza et le nombre de méligèthes par plante
Rappelons qu’un colza vigoureux et sain, pourra supporter une présence, même importante de méligèthes. Au contraire, un colza chétif, stressé, dans un contexte contraint sera particulièrement vulnérable.
- La vigilance doit à présent être maintenue par un dénombrement régulier sur les plantes pour se situer par rapport aux seuils.
- Dès que les fleurs sont ouvertes, le pollen étant libre d’accès, la nuisibilité du méligèthe devient généralement nulle et le traitement inutile.
- Surveillance de rigueur également dans les situations avec une variété haute et très précoce (ex : ES Alicia ou DK Exavance) en mélange. Cette pratique permet de maîtriser certaines attaques faibles à moyennes mais n’exclue pas la surveillance ! En cas de fortes attaques, au-delà des seuils indiqués ci-dessous sur les plantes d’intérêt, un contrôle des populations de méligèthes peut se justifier.
- Il est important de ne pas intervenir trop rapidement afin de toucher le maximum d’insectes lors de l’application.
- Toute intervention est à éviter à partir de l’apparition des premières fleurs dans la végétation sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après l’apparition des premières fleurs.
Les seuils d’intervention
Etat de la culture | Conseil et seuil d’intervention |
Si le colza n’est pas vigoureux en sortie d’hiver (petits colzas dus aux levées tardives, infestations larvaires …) et/ou si les conditions environnementales sont défavorables aux compensations (températures faibles, plantes stressées en eau, dégâts parasitaires antérieurs de type larves d’altises, charançons du bourgeon terminal). | 1 méligèthe par plante au stade D1 ; 2 à 3 méligèthes par plante au stade E. |
Si le colza est vigoureux (sain, bien implanté, dans un sol profond et en l’absence de stress printanier significatif). | Attendre le stade E (boutons séparés) et intervenir uniquement si le seuil de 4 à 6 méligèthes par plante est dépassé. |
Quels insecticides utiliser ?
Les méligèthes sont résistants aux pyréthrinoïdes en «ine» lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine,… Le taufluvalinate et l’étofenprox sont 2 pyréthrinoïdes qui échappent à la rapide métabolisation par les méligèthes et conservent leur potentiel d’efficacité.
Les substances actives efficaces sur méligèthes – l’étofenprox (TREBON,30EC, UPPERCUT 0.2 l/ha) – le tau-fluvalinate (MAVRIK SMART, TALITA 0.2 l/ha) Recommandations d’utilisation – Volume de bouillie, un optimum autour de 200 l/ha : pour optimiser l’efficacité d’une pulvérisation insecticide, il est conseillé de travailler à volume « normal », en évitant les trop bas-volumes, inférieurs à 100 l/ha. – Le contexte de réalisation est important : réglage du pulvérisateur, conditions climatiques, caractéristiques du produit appliqué. – Protection des abeilles Dangereux pour les abeilles (phrase SPE8) : pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison et/ou en période de production d’exsudat, à l’exception des usages bénéficiant de la mention abeille F, PE, ou FPE. En cas d’intervention tardive (par exemple, stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions efficaces et bénéficiant d’une dérogation abeille : MAVRIK SMART, TREBON 30EC (stade limite d’utilisation BBCH61) Attention : ces applications font l’objet d’un arrêté encadrant les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. |
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d’emploi.
Vos contacts en région :
Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Occitanie