« Les femmes tiennent leur place dans l’agriculture »

Publié le 2 mai 2018

Henriette Surin est agricultrice à Clermont-Lefort. Et si elle se réjouit des différentes avancées qu’elle a pu constater depuis le début de sa carrière, elle entrevoit d’autres progrès à accomplir.

Comment êtes-vous devenue agricultrice ?
« Comme beaucoup de jeunes filles à mon époque, je suis née dans l’agriculture. Mon père élevait des vaches et je surveillais les génisses jusqu’à ce qu’elles soient pleines. Je me voyais travailler dans l’agriculture. L’enseignement m’aurait plu, aussi. Je m’y suis formée. Et à la fin de mes études, je me suis mariée et je n’ai jamais enseignée. Je suis devenue femme d’exploitant agricole.

Était-ce une activité à temps plein ?
Non, notre exploitation de 64 ha de maïs semence n’était pas suffisante pour nous permettre d’en tirer un revenu pour deux. En 1991, mon époux a trouvé une activité à l’extérieur et je suis devenue officiellement chef d’exploitation. Je travaillais également à mi-temps comme secrétaire de mairie. Sur mes jours de congés, je participais aux réunions Vivéa au niveau départemental pour la FDSEA. Le comité était chargé de trouver des formations pour les agriculteurs et de gérer l’enveloppe du fonds de formation. Cela m’a plu la démarche se rapprochait de l’enseignement, ma formation initiale. Quand j’ai cessé mon activité à la mairie, j’ai pu consacrer plus de temps à des mandats professionnels.

En quoi la place des femmes a changé en agriculture ?
Notre position a évolué dans le bon sens. Nous sommes mieux reconnues. Avant, nous étions uniquement des épouses d’agriculteurs. Désormais, les femmes ont la possibilité d’être reconnues agricultrices à part entière et des jeunes filles peuvent s’installer seules. D’autre part, le métier d’agriculteur en lui-même a énormément évolué. Il s’agit désormais d’être polyvalent, c’est-à-dire aussi bien cultivateur, éleveur, transformateur, comptable,… Notre capacité d’adaptation est mise à rude épreuve !

Dans ce contexte, concilier la vie privée et la vie professionnelle est-il aisé ?
Notre métier présente des avantages et demande aussi une forte implication en termes de temps passé, en particulier pour les éleveurs dont nous faisions partie au début de notre installation. La mise en place du service de remplacement facilite le quotidien. En cas de besoin, je sais pouvoir compter sur ce service. De même, nous n’avons jamais pris de vacances en famille. Et pendant la maternité, la différence de traitement entre les agricultrices et les salariées est injuste. Je n’ai jamais pris de congés pour les naissances de mes deux enfants, cela n’existait pas.

Encourageriez-vous les jeunes filles à s’installer ?
Bien sûr ! Ce métier est source de nombreuses satisfactions et les avancées en faveur des femmes sont tangibles. Les femmes sont aussi débrouillardes et capables de réussir que les hommes. Des progrès techniques ont été faits pour diminuer les efforts physiques et nous en bénéficions. Même si tourner un canon d’irrigation reste difficile, celles qui n’ont pas peur de ‘’marcher dans la boue’’ ont toutes les chances de réussir… à condition que les prix de vente rémunèrent leur travail. Et là, agricultrice comme agriculteur, chacun est concerné. »

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier