ACVA : ça bouge dans le Lauragais

Publié le 14 mai 2016

Cela fait plusieurs années que le CDAL (Comité de Développement de l’Agriculture du Lauragais) est plus ou moins en sommeil. Si, par le passé, ce groupement des ACVA du Lauragais organisait le salon agricole « les Lauragaises », l’arrivée d’Innov-Agri sur le département a mis un sérieux coup d’arrêt aux manifestations de ce genre dans le nord toulousain.
Les choses ont évolué depuis le mois de mars 2016. Tout d’abord, la loi NOTRE oblige désormais le service agricole du Conseil Départemental à revoir son périmètre d’intervention. Ensuite, le Président de la CDAL, Gilbert Hébrard, a souhaité se retirer de la structure. Le Conseil d’Administration du CDAL, constitué des Présidents des ACVA du Lauragais, a élu Serge Barthès à sa tête, en mars 2015. Les administrateurs se sont alors fixés comme objectif d’utiliser les fonds disponibles du CDAL pour organiser des actions de communication, à destination des agriculteurs mais aussi du grand public. « Nous avons des atouts dans notre manche, qui ne sont pas assez exploités », souligne Serge Barthès. « Si de trop nombreuses ACVA du Lauragais sont encore « endormies », certaines mettent des actions intéressantes en place. Le CDAL doit s’appuyer sur ces initiatives, les relayer et relancer une dynamique dans le territoire. Nous avons, pour ce faire, des conseillers de la Chambre d’Agriculture et du Conseil Départemental compétents et qui s’entendent bien sur le terrain. Il est temps de mieux travailler ensemble. Une des missions que je me donne est de faire le lien entre ces deux structures, avec qui j’entretiens de bonnes relations. »

Voulant donner un nouveau souffle au CDAL, ses administrateurs ont lancé une réflexion commune pour établir un programme d’actions pour l’année prochaine. Les idées affluent déjà. 2017 promet d’être intéressante du côté du Lauragais…

 

L’ACVA de Revel se penche sur les couverts végétaux

Il y avait une grosse centaine de personnes dans le cinéma de Revel, le 18 février dernier. Ce jour-là, Sarah Cingla, une agricultrice aveyronnaise, donnait une conférence sur le thème « Couverts végétaux, comment réconcilier production et environnement dans notre Lauragais ? » Une première pour l’ACVA de Revel, qui avait organisé ce rendez-vous en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et le Conseil Départemental de Haute-Garonne, avec le soutien financier du CDAL.

Comment travailler autrement ?

L’idée de cette journée est venue de Christian Marty, le Président de l’ACVA de Revel. Passé récemment en production biologique, il a participé à plusieurs colloques et conférences dans la région au cours des deux dernières années, pour recueillir un maximum d’informations sur les techniques alternatives. « Depuis les dernières réformes de la PAC, la question du retrait de certaines matières actives occupait de plus en plus de place dans les débats au sein des agriculteurs de l’ACVA », explique-t-il. « Quand j’ai parlé des couverts végétaux comme alternative possible à ce problème, le groupe a décidé de creuse le sujet autour d’une conférence sur ce thème. » Il faudra presque un an à Christian Marty pour mettre cette journée sur pied. Son principal souci était de trouver un intervenant assez généraliste parmi les nombreux spécialistes qui travaillent dans ce domaine. Le but était de donner matière à réflexion sur les moyens de produire autrement, sans tomber tout de suite dans de la technique pure qui pourrait rebuter certains exploitants. C’est par le bouche à oreille qu’il fera la connaissance de Sarah Cingla. « Elle a une approche très intéressante des couverts végétaux », poursuit-il. « En tant qu’agricultrice, elle parle le même langage que nous. Son message est très positif et ne vise vraiment pas à faire culpabiliser son auditoire. Sa phrase fétiche est d’ailleurs : « Ne regarde pas en arrière en te demandant « Pourquoi ? », mais regarde devant en te disant « Pourquoi pas ? ». Elle propose donc, en une heure, d’explorer des techniques différentes de ce que l’on connaît, sans en être très éloignées. » Les échanges qui ont suivi son intervention ont montré l’intérêt suscité par les couverts. Reprise au printemps sur sols argilo-calcaire, couvert multi-espèces, destruction chimique, etc., les questions techniques ont tout de même été largement abordées.

Sarah Cingla veut réconcilier production et environnement dans le Lauragais, grâce aux couverts végétaux (photo:Tara Hopkins)
Sarah Cingla veut réconcilier production et environnement dans le Lauragais, grâce aux couverts végétaux (photo:Tara Hopkins)

« Pour un premier essai, nous sommes très satisfaits », se réjouit Christian Marty. « La réunion était ouverte à tout le monde, bio ou conventionnel, les débats ont été fructueux et les retours très positifs. Il faudra poursuivre sur cette lancée. Il y a beaucoup de potentiel dans ces techniques. Un travail commun entre Chambre d’Agriculture, Conseil Départemental et les ACVA sur ce thème pourrait fédérer les agriculteurs et permettre de recréer une dynamique dans le Lauragais. »

Une dynamique qui repart plutôt bien à Revel. Ainsi, l’ACVA a organisé un petit voyage d’étude de 3 jours dans l’ouest de la France, pour visiter des exploitations aux productions ou activités innovantes ou particulières (méthanisation, le fournisseur de fleurs d’EuroDisney, horticulture, production de spiruline, …). Le groupe d’une trentaine de personnes en a aussi profité pour faire quelques visites professionnelles (usine Kuhn Huard de Châteaubriant) ou ludique (la Vallée des Singes à Romagne, dans la Vienne). « Cela faisait plus de 20 ans qu’un tel déplacement n’avait pas été organisé par l’ACVA », explique Christian Marty. « Tout le monde a été enchanté. Nous faisons, depuis 9 ans, notre traditionnelle Randonnée de l’ACVA, pour faire découvrir l’agriculture de notre canton aux habitants. La prochaine aura d’ailleurs lieu le 5 juin à Mourville-Haute. Mais si ce type de journée sert beaucoup à une meilleure compréhension de l’agriculture par le grand public, il nous manquait un évènement qui crée du lien entre les agriculteurs. C’est chose faite avec ce voyage, qu’il faudra réitérer. »

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia