Concours de labour : une passion qui abolit les distances

Publié le 22 janvier 2013

« Un grand merci ! » C’est le principal message que Michel Berjaud voulait adresser à ceux qu’il avait invités à Roumens, à côté de Revel, le 18 janvier dernier. Nos lecteurs assidus s’en souviendront, Michel Berjaud est allé participer aux championnats européens de labour, les 5 et 6 octobre 2012 à Londonderry (Irlande du Nord), pour représenter la France dans la catégorie « Labour à plat ».

Une belle aventure humaine

Nous avions déjà parlé du challenge que représente la participation à ce type de concours, en termes d’organisation, de logistique et de moyens financiers. Si les frais d’inscription et d’hébergement pour une petite quinzaine de jours étaient pris en charge par l’association France Labour, il lui fallait financer l’acheminement aller-retour du matériel. « Je fais des concours depuis longtemps », précise l’agriculteur. « J’ai donc la chance d’avoir comme amis et collègues des habitués des concours internationaux, qui ont eux aussi, un réseau de connaissances irremplaçable. » Entre les coups de main, comme le prêt de la charrue spécialement équipée pour la circonstance, la solidarité des collègues et le soutien de nombreux partenaires* que chacun est allé solliciter, Michel a pu réunir les fonds nécessaires à l’aventure. Avec 3 jours de voyage pour arriver sur place, ce n’était pas (que) une partie de plaisir. À 2 chauffeurs, il a fallu rallier, par la route, la commune de Coquelle dans le Pas de Calais qui accueille l’entrée du Tunnel sous la Manche, où le camion a été acheminé en train jusqu’en Angleterre. Puis ce fut le ferry jusqu’en Irlande et de nouveau par route jusqu’à destination. « L’accueil a été extraordinaire », précise Michel Berjaud. « Ça valait le déplacement. On y a retrouvé deux de mes amis d’ici, André Grilhères et André Latché, ainsi que tout le staff de France Labour, qui avait mis à disposition un interprète pour l’occasion. Il nous a permis d’échanger avec nos hôtes et nos concurrents et d’apprendre énormément de choses sur de nombreux pays. » Arrivés 6 jours avant la compétition, il n’était pas question pour Michel Berjaud et Jean-Marie Brice, l’autre français sélectionné pour ces finales et originaire de Haute-Saône, de se prélasser. « Nous nous sommes pas mal entrainés sur place », explique Michel. « Les conditions très pluvieuses étaient assez déroutantes. On a réussi à se familiariser un peu avec ces terres très difficiles. Mais nous n’avons pas pu nous entraîner sur des prairies, seulement sur des chaumes, ce qui m’a desservi lors des épreuves. » De fait, Michel terminera 16ème sur 23 participants et son collègue Jean-Marie, 18ème.

Toujours aussi motivé

Ce modeste résultat n’a aucunement refroidi notre représentant du Lauragais, bien au contraire. « Je ne fais du labour à plat que depuis 2 ans », relativise-t-il. « J’ai pu voir que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre. J’ai eu du mal à travailler une terre très grasse, avec une forte pluviométrie. Ça ne me motive que plus à m’entraîner dans toutes les conditions possibles, pour tenter les championnats du monde de 2014, à Bordeaux. Les sélections se font en septembre prochain, dans l’Ain. Il va falloir mettre les bouchées doubles : acheter ma propre charrue, l’améliorer et pratiquer, encore et toujours. » Si Michel Berjaud a clairement attrapé le virus du labour, une autre de ses motivations est de réussir à transmettre cette passion aux jeunes générations d’agriculteurs. « C’est la raison pour laquelle j’ai intégré le bureau de France Labour », confie-t-il. « Ces concours sont des écoles de vie et des ouvertures sur le monde, tant pour le laboureur que pour sa famille. Ma femme, mes enfants et petits-enfants sont venus assister aux finales en Irlande. Nous avons visité des exploitations là-bas et échangé avec des agriculteurs du monde entier. C’est ça aussi la magie des concours de labour. J’espère que les championnats du monde à Bordeaux, dans 2 ans, inciteront des jeunes à rejoindre la compétition. À France Labour, nous nous y emploierons. »

Ils ont d’ailleurs commencé. En effet, à la soirée que Michel Berjaud a organisée chez lui, pour remercier tous ceux, amis et partenaires, qui l’avaient aidé à réaliser ce défi, participaient 3 champions du monde de labour à plat. Freddy Bohr (2000 au Danemark), Fabien Landré (2010 en Nouvelle-Zélande) et le tout récent champion du monde, Yves Thiévon, qui a remporté le titre en Croatie le 16 septembre dernier, étaient là pour apporter leur témoignage et partager un moment de convivialité agricole et rurale. Un « petit » déplacement depuis l’Ain et le Bas-Rhin qui montre bien que la passion l’emporte largement sur les kilomètres…

* Crédit Agricole de Revel, Groupe Lavail, Transports Antoine Vieu de Revel, Arterris, Alvea, Axa, Chambre d’agriculture 31, CAUE d’Ayguevives, Cabinet d’expertise Philippe Ramadier et les entreprises Didier Puget, Cancian Motoculture et Hugues Lambrigot.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia