Filière performante cherche producteurs !

Publié le 25 février 2013

Le marché du maïs semences est en pleine effervescence. Avec un gros marché des céréales et les difficultés d’implantation des céréales d’hiver, les surfaces de maïs européennes s’affichent en hausse en 2012. Dans le même temps, le report de stock de semences de maïs a été particulièrement faible. Ce qui entraîne logiquement la mise en place d’un plan de production de semences de maïs en nette hausse sur l’Union Européenne. Leader de cette production en Europe, la France vient de connaître deux années de hausse record. Après 64.000 ha multipliés en 2011 et 68.500 ha cette année (soit 26 % de plus que la campagne précédente), les surfaces pourraient atteindre les 75.000 ha en 2013. Pour Jérôme Dal, Président du Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs du Midi Toulousain, c’est le moment est tout choisi pour se lancer dans cette production aux multiples atouts.

Une culture faite pour notre secteur

« Le maïs semence est déjà une production dont la forte Valeur Ajoutée ne se dément pas depuis de nombreuses années », souligne Jérôme Dal. « Cette stabilité et cette pérennité sont rassurantes. D’autant plus que notre terroir se prête particulièrement bien à cette production. » Bien adapté au contexte pédoclimatique local, le nombre important de variétés spécifiques de maïs semence permet aussi de s’adapter à tous les types de sols. En raison de son cycle plus court, cette production autorise une bonne valorisation de l’eau, d’autant plus si on utilise des variétés précoces. « C’est un atout primordial en cas de situations limitantes en eau, comme on peut en rencontrer en vallée », insiste Jérôme Dal. « On peut, par exemple, imaginer un système avec 2/3 de l’assolement en cultures irriguées, dans lequel on introduit 30 ou 40% en contrat maïs semences. La consommation d’eau est équivalente au maïs grain, mais du fait de sa meilleure valeur ajoutée, ce système permettrait de mettre en place une stratégie d’évitement sur les autres surfaces irriguées, en cas de restrictions de l’irrigation. C’est une gestion de l’eau différente, mais qui peut être une réponse aux craintes que l’on a sur l’avenir de l’irrigation, dans le contexte de la mise en place de l’Organisme Unique. » Nécessitant une technicité certaine mais loin d’être insurmontable, la production de maïs semences est également un bon moyen de débuter pour un jeune installé. Les marges dégagées permettent en effet de se constituer un revenu satisfaisant sur des surfaces limitées. « En 2012, les produits bruts variaient entre 4.200 et 4.800 €/ha », estime Jérôme Dal. « Pour 2013, on espère une progression de 5 à 10% de résultat. Ce n’est pas par hasard que Xavier Beulin, quand il est venu à l’Assemblée Générale de la FDSEA il y a 2 ans, a listé les semences dans les grandes forces de la région. Alors qu’on est dans une région avec les rendements en céréales et oléoprotéagineux parmi les plus bas, les productions de semences sont clairement un moyen d’augmenter son revenu. »

Les industriels y croient aussi

Autre point fort que voit Jérôme Dal pour cette culture dans nos contrées : le tissu industriel régional. « Nous avons 3 outils industriels dans l’Aude (Monsanto et les 2 sites d’Arterris à Castelnaudary et Bram), RAGT dans l’Aveyron, Caussade Semences dans le Tarn-et-Garonne, Épi de Gascogne dans le Gers et KWS dans le Lot-et-Garonne », rappelle Jérôme Dal. « De plus, la tendance des grandes entreprises de semences est de réinvestir dans les outils industriels français. Les informations que l’on a sont qu’un plan d’investissement de 170 millions d’euros est prévu en France. Or, le quart Sud-Ouest produit 50 à 60% des semences multipliées en France. Nous avons donc un maillage très dense d’entreprises modernes qui parient sur l’avenir et qui sont demandeuses de volumes de production. L’objectif du Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs est d’augmenter sa production de 20 à 30% d’ici 4 ans, et de développer notre activité dans la vallée de la Garonne, où tout est encore à construire. Toutes les conditions sont actuellement réunies pour que l’on y parvienne. » Le Président du syndicat du Midi Toulousain appelle toutefois à la prudence sur certains types de contrat. De fait, des obtenteurs proposent des contrats en production intégrée. « Il faut être méfiant car le producteur ne maîtrise pas toutes les étapes de sa production », insiste-t-il. « Mais en cas de déclassement de sa production, suite aux contrôles qualités qui sont très stricts chez nous, c’est quand même lui le responsable final et qui sera donc pénalisé… Au syndicat, nous préférons accompagner les agriculteurs sur du moyen/long terme et investir sur du travail de fonds, plutôt que d’opter pour ce genre de programme. »

Travailler ensemble, se former dans la durée en s’appuyant sur un réseau national de producteurs et sur un tissu d’entreprises partenaires, voilà la recette du succès de la production de semences de maïs. Sans compter que ces partenaires semenciers sont également capables de participer à l’achat ou la location de matériel de semis, de castrage ou de récolte, pour les agriculteurs qui démarrent. « Mais pour cela, il faut se positionner rapidement », ajoute Jérôme Dal. « Pour obtenir des contrats de production et être prêt pour la campagne à venir, j’invite les exploitants intéressés à contacter Guy Méric, l’animateur du Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs*, au plus tard à la mi-mars. Il y a certes quelques contraintes propres à cette production, comme le matériel spécifique, l’organisation de la récolte ou la gestion de personnel saisonnier en été, mais le réseau et le syndicat sont là pour vous mettre le pied à l’étrier. Et il est tout de même plus facile d’investir dans une nouvelle culture – et dans son avenir – quand le contexte est porteur, plutôt que d’attendre d’être dos au mur, avec des capacités beaucoup plus réduites de réorienter son exploitation… »

* 05.34.46.08.55 ou guy.meric@haute-garonne.chambagri.fr

Le Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs Midi Toulousain en quelques chiffres

Avec ses 70 adhérents, le syndicat du Midi Toulousain a emblavé 1.750 ha en 2012, avec des surfaces individuelles allant de 5 à 60 ha.

Sa zone de production couvre, au nord, le Lauragais jusqu’à Revel et les coteaux de Nailloux ; au sud, les vallées de la Lèze, de l’Arize et de la Garonne et à l’est, la vallée du Touch et une partie du Gers.

Les multiplicateurs de ce territoire ont dégagé un chiffre d’affaires de 5,8 millions € en 2011, qui se traduit par 15 millions € en valeur marchande finale.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia