Ces jeunes agriculteurs qui prennent leur avenir en main

Publié le 4 novembre 2019

© A.T.

Série « Je m’installe en Occitanie ». En 2018, 699 jeunes agriculteurs aidés se sont installés au sein de la grande région. Tous ont été accompagnés dans leur réflexion (Point Accueil Installation, Plan de Professionnalisation Personnalisé, demande de la Dotation Jeunes Agriculteurs – la DJA). Nous avons rencontré Anaïs Loubet, éleveuse à Cassagnabère-Tournas. Elle revient sur son parcours, ses projets, et distille également quelques conseils.

Chez les Loubet, l’élevage allaitant est une affaire de famille. C’est donc tout naturellement qu’Anaïs – la troisième génération – a décidé de rejoindre l’exploitation. « Quand on rentrait de l’école, après les devoirs, on donnait toujours un coup de main à la ferme. On y passait aussi beaucoup de temps lors des week-end, nous ne regardions pas forcément la télévision. J’ai toujours voulu m’y installer, sans pour autant le faire de suite. Je voulais d’abord faire des études », raconte-t-elle volontiers. Elle l’obtiendra ainsi un BEP, un baccalauréat professionnel et un BTSA productions animales. La vente de terres situées aux alentours de l’exploitation aura toutefois accéléré le processus. Anaïs Loubet effectuera alors une pré-installation en 2016. Elle créera ensuite un gaec, en 2017, aux côtés de son père Jean-Claude. Avec ce dernier, elle est aujourd’hui à la tête d’un cheptel de 70 mères (des blondes d’Aquitaine). L’affaire familiale peut également compter sur 160 hectares : 110 hectares de prairies et 50 hectares de
cultures (blé, orge, tournesol…).

Entrepreneurs, de père en fille

À vrai dire, l’arrivée de la jeune femme a entraîné une hausse des surfaces et du cheptel. Mais Anaïs Loubet a également eu d’autres idées : produire de l’énergie photovoltaïque (voir encadré) et développer la vente directe. Tous les 3,5 à 4 mois, une vache est ainsi abattue à Saint-Gaudens (le restant des volumes étant vendu à deux coopératives gersoises). Des colis de 8 à 10 kilogrammes (steak hachés, entrecôte, bavette, faux-filets…) sont dès lors commercialisés auprès de 70 clients. « Ils sont originaires des environs. Certains peuvent aussi venir de Toulouse, L’Isle-en-Dodon et Lannemezan. Tout s’est fait par le bouche-à-oreille », précise Anaïs Loubet. La livraison à domicile a également été développée.

« Il fallait trouver un moyen pour rémunérer les deux exploitants. Nous n’avons pas énormément augmenté en surface (une trentaine d’hectares NDLR) et moins d’animaux partent », poursuit-elle. Avant d’ajouter : « On double la marge que l’on peut avoir avec la coopérative. Tant que les cours des animaux restent ainsi, ça vaut le coup de faire de la vente directe ». Anaïs Loubet garde encore en tête d’autres projets. Dont celui de posséder un petit cheptel de limousines. « Mon frère Théo prépare un CAP boucher. L’idée serait d’investir dans une salle de découpe et un magasin. Beaucoup de bouchers aiment travailler la Limousine, les carcasses sont plus faciles à écouler », note-t-elle. Et cette fois-ci, il n’y aurait pas d’intermédiaire, de quoi gagner en valeur ajoutée. À suivre.

Aurélien Tournier

Parcours à l’installation : les conseils d’Anaïs Loubet
« Il faut bien penser son projet en amont, être motivé, passionné. Il est également nécessaire de le penser sur du long terme. Bien le penser, cela évite de se mettre des bâtons dans les roues. Il faut par ailleurs ne pas voir trop grand dès le départ », indique-t-elle.


Ce que lui a apporté la DJA ?
« Des sous ! (rires). Plus sérieusement, c’est vrai que c’est un peu contraignant. Il y a des règles à respecter mais dans l’ensemble, ça va. Il faut vraiment anticiper tous les investissements que l’on va faire pendant les 4 ans », explique-t-elle. Son projet initial ayant évolué, il lui faudra cependant faire un avenant. « Nous avions besoin de revenus supplémentaires afin de financer un nouveau bâtiment, conséquence directe de l’augmentation du troupeau. J’étais partie sur l’engraissement de poulains mais ça n’a pas marché. Les cours ont changé et la marge a été réduite de plus de la moitié. J’ai donc arrêté. Nous nous sommes alors tournés vers l’installation de panneaux photovoltaïques. L’investissement est important. Le revenu de cette activité nous permettra de rembourser le bâtiment, mais aussi de continuer à investir – notamment avec le projet de Théo », poursuit-elle.

Auteur de l’article : Aurélien Tournier

Journaliste.