Désherbage du soja : les solutions de prélevée – focus sur la gestion de l’ambroisie

Arnaud Micheneau – Laura Cipolla  Terres Inovia

Votre contact régional Terres Inovia : Quentin Lambert q.lambert@terresinovia.fr

Le soja est très sensible à la concurrence des mauvaises herbes en début de cycle car c’est plante peu couvrante. Le programme herbicide est le plus souvent basé sur un herbicide de prélevée complété par un herbicide de post-levée. La une stratégie reste dictée par la flore adventice attendue.

Maîtriser efficacement les graminées avec une prélevée 

En situation de pression moyenne à élevée, la maitrise des graminées estivales doit s’envisager dès la pré-levé. Elle repose alors sur 2 molécules : le s-métolachlore et la pendiméthaline. Le s-métolachlore présente un intérêt en situation de forte pression panic, ou bien de ray-grass (plus rare dans les assolements sud-aquitains). Néanmoins, le S-métolachlore fait aujourd’hui l’objet d’une surveillance particulière et a fait l’objet en 2021 d’une révision de de son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), du fait de la présence dans les eaux, de deux de ses métabolites dit d’intérêt. Dans ce contexte, la pendiméthaline offre une alternative pertinente (cf figure 1).

Fig 1 : Comparaison entre un programme à base de S-métholachlore (Mercantor Gold) et
à base de pendiméthaline (Atic-Aqua) – Essais Terres Inovia 2012 et 2013

 Sur sétaire et digitaire, son efficacité est comparable à celle du s-métolachlore. En pression faible à moyenne du panic, l’efficacité des 2 molécules est également comparable. On note en revanche un décrochage de la pendiméthaline en forte pression panic par rapport au s-métolachlore.

S-Métolachlore : les nouvelles conditions d’application imposent désormais : une dose maximale de 1000g avec interdiction d’application sur parcelles drainées en période d’écoulement des drains ; le respecter une ZNT de 20 mètres par rapport aux points d’eau comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 5 mètres en bordure des points d’eau. La ZNT pouvant être ramenée à 5 mètres avec l’utilisation de buses anti-dérives. La recommandation de non utilisation sur les aires d’alimentation de captage est maintenue.Utilisation d’un produit à base de pendimétaline :  Un manque de sélectivité de la pendiméthaline, qui se traduit par une perte de pieds, peut être constaté en particulier dans les sables et limons. Il est important de faire l’application aussitôt après le semis, le risque étant aggravé pour des applications en phase de pré-émergence. Les fortes pluies après l’application augmentent le risque.

La prélevée : un intérêt aussi sur dicotylédones

Le choix entre s-métolachlore et pendiméthaline se fera également sur la prise en compte de leur complément d’action sur dicotylédones. 

En situation de pression renouées la pendiméthaline garantie un bon niveau d’efficacité. Elle offre également un complément intéressant sur chénopode, en programme avec de l’imazamox en post-levée.  Le s-métolachlore offrira pour sa part un bénéfice sur morelle seneçon ou matricaire en programme avec de la post levée ou avec un antidicotylédone en pré-levée. Son bénéfice sur datura, sera gommé par l’application d’imazamox, à privilégier en cas d’infestation. Dans les situations à plus forte pression dicotylédone, le recours au Proman/Inigo à base de métobromuron peut s’envisager. Il se justifie notamment sur les fortes infestations en renouées, chénopodes, matricaire, laiterons ou morelle. On notera une légère efficacité sur graminées qui pourra s’avérer suffisante en programme avec de l’imazamox en situation de pression faible à moyenne. Prévoir une association avec Prox/Atic Aqua ou Mercantor si pression élevée de graminées et dicotylédones.
ATTENTION : Pour limiter les risques de manque de sélectivité, l’application du Proman/Inigo est à proscrire des terrains à moins de 15% d’argile ou moins de 1.5% de matière organique, et limité à 1.5l/ha sur les sols entre 15 et 25% d’argile.
Parmi les autres solutions disponibles, la clomazone contenue dans le Centium, peut présenter un intérêt sur renouées, dans un programme de prélevée avec Mercantor Gold.  Intérêt plus limité en programme avec Prowl/Atic-aqua. Le Centium sera également disponible en association avec de la pendiméthaline pour la campagne 2022 avec l’homologation du Bismark. Cette solution de prélevée pourra apporter un renfort sur chénopode, morelle, ou encore renouée des oiseaux et renouées persicaire. Elle nécessitera néanmoins un renfort sur graminée sur la prélevée, sauf dans le cadre d’un programme pré+ post avec de l’imazamox.

Focus sur la gestion de l’ambroisie à feuilles d’armoise

Le faux semis, un levier efficace

 Un faux semis (ou une préparation précoce du sol) réalisé en mars permettra une levée précoce des ambroisies qui doivent par la suite être détruites de manière chimique ou mécanique juste avant le semis. Pour laisser le temps aux ambroisies de lever puis le temps nécessaire à la destruction, les semis de soja devront alors être décalés de 20 jours par rapport à la date de semis classique. Le décalage de la date de semis à début mai, après une destruction préalable permet alors de réduire jusqu’à 3 fois les infestations d’ambroisie dans les parcelles (essai Terres Inovia 2016). Rappelons que dans les situations avec ambroisie, le labour est un moyen de conservations des graines, capables ensuite de rester viables longtemps dans le sol. Le non labour est un moyen de limiter ce phénomène.

Désherbage chimique et mécanique sont complémentaires
En cas de forte infestation d’ambroisie dans vos parcelles, optez pour un programme de désherbage complet prélevée + post-levée + binage si besoin. 

  • En prélevée, privilégiez l’utilisation de métobromuron (Proman) à 1,5 l/ha si les sols le permettent (>15% d’argile). Un herbicide antigraminées à base de Smétolachlore ( Mercantor Gold, etc,.) améliore également le contrôle de l’ambroisie.  
  • En postlevée, l’application unique à 4 feuilles de la culture d’un herbicide à base d’imazamox (Pulsar 40, Davaï) est efficace, mais pas suffisant. Le fractionnement en deux applications est préférable. Chaque demi-dose sera associée avec un adjuvant de type Actirob B. La première intervention sera faite à 2-3 feuilles de la culture, la deuxième 10-15 jours après. Le choix peut également se porter sur le fractionnement du produit Corum associé à Dash ou à Actirob B.

Un binage en complément de la lutte chimique présente également un intérêt pour les situations très dégradées en ambroisie. Il permet de diviser par 3 le nombre de plantes/m². 

Outre l’efficacité du désherbage chimique, la mise en œuvre des méthodes préventives facilitera la maîtrise des adventices en culture. Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée (rotation diversifiée, déchaumages, faux-semis, décalage de la date de semis, …).

Pour en savoir Plus : Ecouter en replay le webinaire «Soja : bien préparer la campagne 2022 » : Chaine Youtube de Terres Inovia : https://youtu.be/B0dt6g9isZs  –  Articles et références sur : www.terresinovia.fr  –  Guide soja 2022 (à commander en ligne ou gratuit sur demande 05 82 08 34 05) 

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31