Les semences (re)expliquées aux distributeurs

Publié le 20 mai 2014

« Le GNIS est notre maison à tous ! » C’est par ces mots que Gérard Crouau, directeur de la délégation régionale Sud-Ouest du Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants, accueillait les représentants de la distribution agricole, le 24 avril dernier. Même si les négociants et coopératives font partie intégrante de la filière Semences, Gérard Crouau a souhaité instaurer une rencontre annuelle pour renforcer la communication entre production, transformation et distribution. Preuve de l’intérêt de l’initiative, une trentaine de personnes avait fait le déplacement au siège de la délégation, à Toulouse.

Bilans et mises au point

Avec une journée qui a débuté à 9h pour se terminer à 14h, inutile de préciser que le programme était chargé et l’information à dispenser, conséquente… Après un rapide rappel des missions et du fonctionnement du GNIS par le directeur, c’est Sylvie Calmettes, inspectrice régionale pour les céréales à paille qui a ouvert le bal. Le thème de cette année portait sur le marché des semences certifiées pour ces productions dans le Sud-Ouest et leur bilan qualité. Surfaces semées et certifiées par production, taux d’utilisation de semences certifiées, mode de conditionnement préféré des agriculteurs du Sud-Ouest, etc., l’inspectrice a fait un large tour d’horizon de la campagne 2013-2014. Côté qualité, si l’ergot* semble poser quelques problèmes au niveau national, le Sud-Ouest a épargné, grâce à sa météo clémente. « Les périodes gélives participent pour beaucoup à la prolifération de l’ergot », expliquait Sylvie Calmettes. « L’hiver chaud que nous avons connu devrait donc largement circonscrire sa dispersion. Il faut également noter que les semences certifiées sont moins sensibles à l’ergot que les semences fermières. » Si l’ergot n’est pas un problème trop prégnant, il risque par contre de le devenir si les cultures d’hybrides continuent à se développer. De fait, la France est en train de se spécialiser en production de semences hybrides pour un marché européen de plus en plus demandeur. « Les surfaces d’orge et surtout de seigle hybrides sont en très forte augmentation, mais la demande progresse plus vite que l’offre », précise Sylvie Calmettes. « Mais la production de semences hybrides est sensible à l’ergot. S’il y a donc un marché à prendre, il y a surtout un défi à relever en termes de recherche variétale et de techniques culturales. »

Une occasion pour Gérard Crouau de rebondir sur le financement de la recherche au travers de la CVO Semences de ferme, qui fait toujours polémique. « Ce système est peut-être imparfait, mais il a au moins le mérite d’exister et il fonctionne », insiste-t-il. « Beaucoup de pays d’Europe nous l’envient. C’est une réponse intelligente à une question complexe. La CVO, qui a été collectée à 100% en France cette année, a permis de récolter 16 millions €. Les petits producteurs ont été remboursés du prélèvement qui, je le rappelle, ne concerne pas les variétés du domaine public. Et une partie de ces sommes est affectée au financement de programmes collaboratifs de recherche sur l’agriculture durable, auxquels participent les entreprises de sélection, la recherche publique et les instituts techniques professionnels. »

Un sondage instructif

La matinée s’est poursuivie par la présentation d’un sondage mené par BVA, en décembre 2013, auprès de 600 producteurs de blé tendre. « C’est un baromètre annuel que le GNIS fait réaliser depuis plusieurs années pour faire le point sur l’attitude des céréaliers vis-à-vis des semences certifiées de blé », expliquait en introduction Florence Gramond, responsable de ce sondage chez BVA. En résumé, même si le taux d’utilisation de semences certifiées dans le Sud-Ouest est en légère baisse (64% du panel contre 66 l’an passé), il reste supérieur à la moyenne nationale (57%). « Contrairement à l’année dernière, le prix des céréales ne favorise pas forcément l’utilisation de semences certifiées », précise-elle. « Au contraire, c’est même une raison de diminution de leur utilisation. Les agriculteurs qui ont augmenté leurs achats ne l’ont souvent fait que pour des raisons classiques de renouvellement et d’utilisation de nouvelles variétés. Il faut signaler aussi que 36% des producteurs se sont dits déçus des semences certifiées utilisées l’an dernier. Ils n’étaient que 16% lors du sondage précédent. Enfin, la diminution de l’usage de ces semences tient également de la bonne récolte de 2013 (pour 76% des sondés) et dans la satisfaction du travail réalisé par leur trieur à façon (66%). »

Élément qui a dû plaire aux participants de la journée : les producteurs de la région Sud-Ouest se disent toujours satisfaits des prestations de leurs distributeurs en matière de semences certifiées. Excepté le prix, bien entendu, les sondés apprécient les différents types de conditionnement proposés, les délais de livraison, l’information fournie, les conditions de paiement, etc. Sans surprise, les agriculteurs dont le distributeur fait de la promotion active des semences certifiées en ont une meilleure image que les autres. Une image d’ailleurs globalement bonne auprès de la majorité du panel Sud-Ouest qui reconnait aux semences certifiées leurs qualités en matière d’état sanitaire, de traitement de semences et de germination. Enfin, il faut noter que 30% des agriculteurs de nos régions sud sont passés par un tiers (trieur à façon, distributeur, CUMA, …) pour effectuer le triage des semences de ferme. Ces chiffres ont donné lieu à de nombreux échanges entre les distributeurs et la chargée du sondage. « C’est un gros point fort de cette journée », se réjouissait plus tard Gérard Crouau. « On a eu un véritable échange, très constructif. Les professionnels ont fait des remarques intéressantes sur les atouts et faiblesses de ce sondage. Ils ont demandé à affiner certaines questions ou creuser de nouvelles pistes d’investigation. Toutes ces suggestions ont été notées par Florence Gramond qui les intègrera pour l’année prochaine. »

La journée s’est terminée par trois autres interventions. Michel Mallet présentait la CNEIS (Compagnie Nationale des Experts de l’Interprofession des Semences). Cet organisme, composé de 60 experts en sélection et/ou production de semences dans tous les types de culture, a pour objectif de fournir une expertise indépendante aux producteurs et distributeurs qui veulent parvenir à une conciliation, ou apporter son éclairage à une compagnie d’assurance, en cas de litige. Sept d’entre eux ont en outre le statut d’expert judiciaire et peuvent intervenir devant un tribunal. Laurent Cornet, responsable Production à Semences du Sud, a ensuite apporté son point de vue de professionnel sur les atouts des semences certifiées. Myriam Doumerc, du GNIS Sud, a enfin présenté les outils de communication mis en place par l’interprofession pour aider les distributeurs à vendre les semences certifiées de céréales. Et comme la transformation fait également partie de la filière des semences, le buffet de clôture a mis à l’honneur la Mie’nutie, le pain artisanal à base de farine 100% blé dur, créé par les Moulins Pyrénéens. La boucle était bouclée…

 

* L’ergot est une maladie provoquée par un champignon, Claviceps Purpurea, qui affecte plusieurs espèces de céréales (seigle, triticale, orge, blé, avoine) et de graminées (chiendent, brome, fléole, …). Il se manifeste par la présence de sclérotes noirs qui remplacent le grain sur les épis affectés. Il contient des alcaloïdes, en particulier l’acide lysergique dont est dérivé le LSD. La teneur en ergot des lots de céréales est réglementée en Europe (au maximum 0,5 g de sclérotes/kg de céréales pour la consommation humaine et 1 g/kg de céréales pour la consommation animale).

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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