Pâques : la filière ovine mobilisée pour soutenir l’agneau français

Publié le 11 avril 2020

La période de Pâques est cruciale pour les viandes françaises d’agneau. Mais avec le confinement et l’arrêt de la restauration hors domicile (RHD), l’interprofession a dû se mobiliser pour soutenir sa consommation.

Exit les grandes réunions de familles ce week-end, confinement oblige. Pourtant, cette période est particulièrement importante pour les éleveurs ovins. Il faut dire que la profession réalise lors des mois d’avril et mai près de 60% de son chiffre d’affaires annuel. « Il y a les Pâques catholique, juive, orthodoxe et le début du Ramadan musulman », précise Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO).

Sauf qu’avec l’annonce du confinement et la fermeture de la RHD, la situation a clairement été bouleversée. Lors de la première semaine, 75% des volumes ont d’ailleurs été perdus en abattage. « C’est un coup dur pour la profession et l’ensemble de la chaine. Tout est déstructuré. On a préparé depuis 8 mois cette consommation, on ne peut pas la reporter. Nos animaux sont là et ils sont prêts », souligne-t-elle aussi. D’autant que garder des agneaux coûte en charges alimentaires ; les animaux sont également dépréciés étant donné qu’ils prennent du poids et du gras.

L’interprofession mobilisée

Il a donc fallu trouver des solutions. Interbev Ovins a d’ailleurs dernièrement annoncé avoir « dégagé des fonds exceptionnels » afin de communiquer et redynamiser la consommation d’agneau français. Une campagne radio a été diffusée du 2 au 11 avril. Des messages sur les réseaux sociaux et la diffusion de recettes sont venus compléter le dispositif. Des discussions avec les grandes enseignes ont également été engagées, afin que ces dernières ne commercialisent pas d’agneaux importés, mais bel et bien la viande d’agneau d’origine France. Une offre de découpe différente a également été proposée dans les rayons, à l’instar de la commercialisation de tranches de gigot. Un travail payant puisque l’interprofession a constaté cette semaine une forte reprise des abattages.

« Perdre un euro au kilo avant Pâques, c’est du jamais vu. »

Michèle Baudoin espère aussi que le dossier porté concernant le stockage privé pourra aboutir. « L’idée est de faire sortir les animaux des fermes, il nous coûte et il est déprécié. Perdre un euro au kilo (payé producteur NDLR) avant Pâques, c’est du jamais vu. On voudrait stocker de l’agneau français congelé, avec le soutien de la France et de l’Europe. Des régions nous ont déjà contacté pour acheter cette marchandise, la stocker dans des frigos et la proposer dans les cantines à l’automne lorsque les établissements scolaires auront rouverts », explique-t-elle encore.

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Auteur de l’article : Aurélien Tournier

Journaliste.