L’avenir du pastoralisme pyrénéen en question

Publié le 20 juillet 2011

Quelle sera la construction, pour les années à venir, de ce que souhaitent les acteurs du pastoralisme, de l’agriculture et des territoires pyrénéens, au regard de la future PAC ? Quelle vision, quel projet et leviers pour l’avenir des territoires et de l’agropastoralisme pyrénéen ? Quelles politiques mener à l’échelle pyrénéenne pour l’après 2013 ? Temps fort pour le massif des Pyrénées : le séminaire de travail organisé par l’ACAP (Association des Chambres d’agriculture des Pyrénées) dans le cadre d’une étude sur l’avenir de l’agro-pastoralisme du massif, le 28 juin à Bagnères-de-Luchon. L’occasion de réunir l’ensemble des acteurs de ce vaste territoire afin de fédérer agriculteurs, politiques, élus, chasseurs, associations, institutions… autour d’un projet commun, à la veille de grandes décisions européennes qui risquent fort de bouleverser le paysage de l’agriculture et du pastoralisme français. Car si, sur le territoire pyrénéen, l’agriculture a de multiples visages, elle a pour caractéristique commune le fait de représenter une ressource économique et sociale non négligeable pour les vallées de la chaîne.

 

« Zones essentiellement rurales, les Pyrénées constituent des territoires où la densité de population est faible et où la part de l’agriculture dans l’emploi est importante au regard de la moyenne française (respectivement 27,8 hab/km2 contre 112,9 hab/km2 et 8,4 % actifs agricoles contre 3,5 % ), » note l’ACAP. Un constat qui doit pousser « les pyrénéens à sortir du sommeil, » insiste Jean-Michel Anxolabehere, Président de l’ACAP. « Véritable enjeu pour notre avenir et pour le développement durable de l’agriculture du massif, cette étude vise aussi à impulser un dynamisme entre les acteurs du massif. Si nous étions jusqu’à présent en veille, aujourd’hui nous nous réveillons et comptons bien mettre en valeur ce patrimoine exceptionnel d’Est en Ouest. Formidable valeur ajoutée, servons-nous du massif pour développer intelligemment l’activité agropastorale et organiser des filières. Les pyrénéens se prennent en charge. Pour cela, il faut travailler ensemble.”

Et le chantier est vaste. Manque de foncier, prix des terres qui flambe, granges abandonnées, baisse des jeunes installés, exode rural… Pourtant, comme le rappelait Yvon Parayre, Président de la Chambre d’Agriculture 31, en ouverture : « L’activité agropastorale est déterminante : maintien des milieux ouverts, entretien de l’espace, biodiversité, maintien d’une vie locale tant sur le plan social, économique et culturel, etc. Plus que l’ours, c’est l’agneau qui devrait être l’emblème des Pyrénées ! » La préservation de l’activité agropastorale ne se fera donc pas sans accompagnement et cohésion territoriale. Avant d’être une nécessité pour l’économie montagnarde, le pastoralisme est un choix à faire. Cette étude, « Stratégie de développement de l’agriculture de montagne et du pastoralisme dans les Pyrénées pour l’après 2013 », a pour objectifs d’identifier les besoins, les leviers et de définir des modalités d’accompagnement de l’activité pertinentes sur ce territoire, en phase avec les attentes sociétales, mais également proposer des solutions concrètes pour l’après 2013. Programme ambitieux mais possible dès lors que la volonté est partagée.

Un travail collectif, un massif fédéré vers un projet pyrénéen

L’étude a débuté en janvier 2010. Dix territoires ont été échantillonnés sur l’ensemble de la chaîne des Pyrénées : le piémont basque, la vallée de la Soule, les trois vallées du Haut Béarn, le Val d’Azun, la vallée du Louron, le Luchonnais, le Castillonnais, le Pays d’Olmes, la Cerdagne et les Hautes-Corbières. Trois grands enjeux se sont rapidement dégagés : « vers des exploitations de montagnes durables », « la valorisation des activités agricoles pyrénéennes » et « la gestion équilibrée des espaces agricoles et pastoraux pyrénéens ». Un quatrième axe stratégique, transverse des trois précédents, a aussi été abordé, à savoir « de nouvelles gouvernances pour un projet pyrénéen fédérateur. »

Les ateliers de travail ont été riches en réflexions et questionnements. Gestion foncière de l’espace, dimension économique de l’activité agropastorale, problématique des zones intermédiaires, valorisation des produits de montagne, installation des jeunes agriculteurs, développement des démarches collectives… Pour Jean-Louis Cazaubon, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture Midi-Pyrénées et vice-président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), « il faut jouer la carte de la valorisation de produits de montagne. La mise en place de filières ancrées sur le massif apporterait sans aucun doute de la valeur ajoutée. Certains territoires du massif ont pris de l’avance sur cet aspect et cela marche pour les agriculteurs et, par rebond, pour la vie des vallées. » Pour les représentants du Ministère de l’Agriculture, ce travail se fait sans aucun doute dans « le bon calendrier, en parallèle des réflexions sur la future PAC. » De plus, « c’est la volonté en acte des pyrénéens de travailler ensemble. Il y a une plus-value évidente sur ce territoire, où l’agriculture est première et légitime sans aucun doute. » François Toulis, Président de la Chambre d’agriculture 09 a, quant à lui, insisté sur « le besoin de finir les produits. »

Si tout le monde s’accorde à dire à quel point le massif pyrénéen est un véritable vivier agricole, il n’en reste pas moins difficile à valoriser. En effet, « 80 % de la viande consommée à Toulouse ne vient pas des Pyrénées », insiste Jean-Louis Cazaubon. Le travail reste considérable, mais la suite est à écrire dans les mois à venir. Et si cette étude lance un pavé dans la mare, loin de la langue de bois, elle permet surtout de fédérer l’ensemble du massif autour et pour une agriculture durable pyrénéenne, à l’heure où les regards se tournent désormais vers l’Europe.

Jessica Simoes

Terres d’Ariège

Auteur de l’article : Sébastien Garcia