Zones vulnérables : 49 communes sortent

Publié le 17 janvier 2019

L’exploitation d’Alain Benzenet est située à Cazères. Cette commune, comme 48 autres, ne figure plus depuis quelques semaines sur la liste des zones vulnérables du département. Une nette avancée qu’il attribue au syndicalisme et à la Chambre d’agriculture.

Comment va se traduire concrètement la sortie de zone vulnérable sur votre exploitation de productions végétales ?
« Pour ne citer qu’un exemple, je ne pouvais pas épandre de l’azote sur les céréales d’hiver pendant la période située entre les semis et 15 janvier. À présent, je vais pouvoir gérer mes apports selon les besoins de la plante et selon la météo. L’an dernier, si j’avais pu faire un amendement azoté avant que les céréales ne perdent trop en qualité, la récolte aurait été beaucoup moins catastrophique. Le changement est aussi notable pour les éleveurs.


En quoi les éleveurs sont-ils concernés ?
J’ai élevé des vaches et des taurillons jusqu’en 2007. Heureusement, mon exploitation respectait les normes en vigueur et je n’ai pas eu besoin de faire de travaux particuliers. Là encore, il s’agissait d’épandre le fumier à des périodes précises, fixées par des règles administratives, qui ne correspondent pas au moment où la terre en a besoin. L’éleveur doit alors investir dans une plate-forme de stockage ou une fosse. Ces mises aux normes draconiennes peuvent coûter jusqu’à 100.000 euros sans rien rapporter derrière.

Cela signifie que sortir de la zone vulnérable vous redonne de la liberté ?
Bien sûr. En zone vulnérable, nous devons travailler selon le calendrier fixé par l’Administration et non comme les anciens me l’ont appris : la terre a besoin de temps, elle se travaille quand elle est prête ; cela ne s’apprécie pas sur un calendrier, d’après une gestion administrative. J’ai des terres sur Cazères et sur Saint-Michel, la première commune était en zone vulnérable,
l’autre ne l’était pas. Pour me simplifier, j’avais choisi d’harmoniser mes pratiques à l’identique quel que soit le territoire.

Depuis 20 ans qu’existent les zones vulnérables, avez-vous vu des évolutions ?
Les dix premières années, l’instauration de ce zonage ne nous a pas dérangés. Chacun a pris conscience qu’il ne fallait pas faire n’importe quoi : on ne veut pas polluer l’eau que nous buvons et que nos enfants boiront auprès nous. Les pratiques ont évolué, les rotations se sont allongées, on a constaté moins de monoculture.
Puis, de nouvelles contraintes se sont ajoutées : labourer les sols argileux après le mois de mars, mettre en place des cultures intermédiaires piège à nitrates (Cipan) qu’il fallait ensuite détruire. Cela n’était pas dans ma philosophie.

Sortir de la zone représente donc un soulagement. Comment voyez-vous l’évolution du dossier ?
Grâce au travail conjoint de la FDSEA et de la Chambre d’agriculture, 49 communes situées le long de la vallée de la Garonne et les cantons entre l’Isle-en-Dodon et Boulogne viennent de sortir de la zone vulnérable. Nos bonnes pratiques sont reconnues, j’espère que cela n’est qu’un début et que d’autres communes suivront. »

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier