Strip-till, la technique qui monte…

Publié le 11 octobre 2012

La technique du strip-till se situe entre le travail conventionnel du sol et le semis direct. L’idée de base est de ne travailler que la ligne où l’on désire semer, plutôt que toute la surface du champ. Cela rend le travail plus rapide, car on travaille sur une plus grande largeur à puissance égale, et donc plus économique en carburant.

Le principe est le même pour quasiment tous les constructeurs de strip-tiller : un disque ouvreur, des chasse-débris, une dent, des disques buteurs et des roues de rappui.

Suivant le type de sol et de couvert, la largeur de la bande travaillée varie de 10 à 20 cm, avec une profondeur de 10 à 25 cm. Les résidus restant en surface, entre les rangs, permettent de conserver au maximum un des gros avantages du semis direct : la réduction de l’érosion des sols. La petite bande de travail dégagée se réchauffera, elle, plus rapidement au printemps pour permettre un semis plus précoce et une qualité de germination optimale. Enfin, il est possible selon les modèles de strip-tiller, de combiner des éléments permettant de semer ou d’enfouir de l’engrais, liquide ou granulé. Ce dernier sera alors déposé dans la zone racinaire de la plante semée, d’où une efficacité pouvant se traduire par des économies d’engrais.

Démonstration par l’exemple

Si certains adhérents de l’AOC Sols (Association Occitane de Conservation des Sols) connaissent et pratiquent cette technique de longue date, c’est loin d’être le cas des agriculteurs en conventionnel. C’est pourquoi ils ont décidé d’organiser une journée de présentation et démonstration, en partenariat avec les deux Chambres d’Agriculture de l’Aude et la Haute-Garonne, à Labastide d’Anjou (Aude). « Avec le strip-till, on s’adresse à tous les types d’agriculteurs, pas seulement ceux qui sont engagés dans des techniques culturales simplifiées ou le semis direct », insiste Roger Béziat, agriculteur à Venerque et Président d’AOC Sols. « Cette technique peut être utilisée en transition vers des techniques plus spécialisées ou juste pour sécuriser ses implantations, surtout en cultures de printemps. En semis direct, par exemple, le tournesol est difficile à implanter. Le strip-till est donc une réponse possible. Cette technique est encore peu développée dans le Sud-Ouest, mais le potentiel est vraiment intéressant. Faire le point sur l’état des connaissances en la matière nous semblait donc indispensable pour creuser ce dossier et répondre aux nombreuses questions des collègues agriculteurs. »

Cette journée du 3 octobre a débuté par une intervention de Gilles Eschenbrenner, technicien machinisme à Arvalis, qui présentait une enquête menée auprès d’une trentaine d’agriculteurs pratiquant cette technique en France, ainsi que les résultats d’un essai mené par Arvalis .

Trois constructeurs avaient aussi répondu présent à l’invitation : Yetter, Kuhn et Sly. Les trois outils ont été décortiqués par les commerciaux respectifs puis une démonstration sur une parcelle voisine a permis aux visiteurs de les voir évoluer et de mieux en comprendre le fonctionnement. Si ces outils ont été inventés aux États-Unis, de nombreuses adaptations ont été faites, soit par les constructeurs eux-mêmes, soit par des ateliers locaux, pour les adapter aux conditions de travail européennes. Et l’évolution est constante… « À 3.000 € en moyenne par élément, un outil à 7 ou 9 rangs représente un investissement non négligeable », poursuit Rogier Béziat. « Mais il faut aussi prendre en compte qu’on n’est pas obligé d’investir dans un semoir de semis direct monograine spécifique. Un semoir monograine classique suffit. C’est une simplification à moindre coût en terme d’investissement en matériel et qu’on amorti dans le temps avec les économies de carburant et d’intrants, plus tout ce qui n’est pas directement quantifiable comme la structure ou la vie biologique de ses sols. »

À en juger par les questions très pointues et techniques des 80 participants à cette journée, on pouvait voir que le sujet intéresse fortement les agriculteurs. Un intérêt qui n’a pas échappé aux Chambres d’Agriculture. À la fin de la journée, les deux Présidents de Haute-Garonne et Aude, Yvon Parayre et Bernard Charrier (qui représentait Guy Giva), ont signé une convention avec l’AOC Sols. Celle-ci vise à définir les implications de chaque structure, qui permettront de booster les recherches sur des techniques qui n’ont pas fini de faire parler d’elles.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia