Colza 2023 : sécurisez la culture en démarrant l’implantation au lendemain de la moisson

Quentin Lambert – Terres Inovia

Vos contacts régionaux  : Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées / Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie

Malgré un printemps inédit, marqué par des températures caniculaires et une absence de pluviométrie, les rendements du colza pour cette campagne 2022 sont très corrects. Le rendement moyen doit être consolidé mais devrait osciller autour des 28 q/ha ; de quoi se mobiliser pour la prochaine campagne.
La réussite du colza repose en premier lieu sur la réussite de l’implantation. Il s’agit en effet d’obtenir un colza suffisamment développé à l’automne lorsque les premiers ravageurs arriveront dans les parcelles. Pour cela, il faut que le colza ait atteint le stade 4 feuilles début octobre et qu’il soit bien enraciné. Tour d’horizon des étapes clés pour sécuriser la levée du colza et obtenir un « colza robuste ».

Un colza robuste, moins vulnérable aux attaques des ravageurs d’automne, doit atteindre le stade 4 feuilles fin septembre (autour du 25/09), et rester en croissance active durant l’automne.
Sa biomasse à mi-octobre est au minimum de 20 g/plante, et 45 g/plante début décembre. 

Préparation des sols dès la récolte des céréales

Le colza a besoin d’un sol fissuré en profondeur, sans rupture de structure (tassement, compaction) et affiné en surface lors du semis. Dans le Sud-Ouest, l’objectif premier de la préparation du sol sera de garder le maximum l’humidité pour assurer une bonne installation de la culture. Le travail du sol sera donc réduit au strict nécessaire et réalisé aussitôt après la récolte du précédent afin d’éviter les dessèchements de surface. Chaque passage d’outil mécanique sera suivi d’un passage de rouleau pour rappuyer le sol et préserver l’humidité (hors sol battant). 

Bannir les outils animés. Le semis combiné avec herse rotative ou outil animé (type herse rotative) est à proscrire : le risque de dessèchement du sol par évaporation accompagné souvent d’un excès de terre fine et/ou de micro-mottes selon la texture du sol est important. De plus, ces passages forment souvent une zone de compaction autour des 5cm de profondeur qui pénalise l’enracinement à l’automne.Eviter la formation de mottes en intervenant dans des conditions d’humidité adaptées.

Semer dès les premiers créneaux favorables, avec les bons réglages

Le déclenchement du semis sera conditionné par la préparation en amont du lit de semence et par l’annonce d’une pluie durant le mois d’août. La période de semis doit se raisonner prioritairement à partir de ces éléments. Globalement, dans le Sud-Ouest la période s’étend du 10 août au 20 août, voire au 30 août pour les sols profonds à forte disponibilité en azote. Passé cette période, notamment lors d’absence totale de pluies annoncée, la mise en place de la culture est bien entendu toujours possible mais il faudra être très vigilant aux dégâts de grosses altises adultes de la levée et jusqu’au stade 4 feuilles.

– Semer avant une pluie d’une dizaine de mm, même dans le sec à condition que le sol soit prêt, est le schéma idéal. La graine de colza se conserve très bien dans un sol sec. Attendre la pluie pour semer ensuite, c’est assécher le sol au niveau de la graine par l’élément semeur mais c’est également courir le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plut tôt. 

Dans les situations où l’irrigation est possible, il ne faut pas se priver. En effet, un apport d’une quinzaine de millimètres d’eau suffit, c’est l’assurance de faire lever le colza dans les meilleures conditions, sans pertes de pieds et au bon moment (voir période idéale de semis ci-dessus). 

– Eviter les surdensités, qui pénaliseraient le développement du colza à l’automne (concurrence entre plantes). Respecter une dose de semis comprise entre 30 et 40 graines/m² pour une implantation au semoir monograine à 60 cm d’écartement (35-45 graines/m² pour un écartement de 35-45cm).

– La profondeur de semis doit se raisonner en fonction de l’humidité dans les premiers centimètres du sol :

  • Si le sol est sec sur les 3 ou 4 premiers centimètres mais reste frais en dessous, semer jusqu’à 3-4 cm, afin de positionner la graine au contact de la fraîcheur.

Si le sol est sec sur 5 cm et plus, semer à 2 cm dès lors qu’une pluie de 7-10 mm est annoncée pour favoriser une germination rapide :la graine germera dès que le sol sera réhumecté.   On considère que 1 à 1,5 mm de pluie sont nécessaires pour réhumecter 1 cm de sol. Si les précipitations sont inférieures aux 7-10 mm annoncés et s’il n’y a pas de relais de pluie dans les jours qui suivent, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination. Cette situation peut conduire à la perte de pieds : c’est la situation la plus délicate.

Assurer un démarrage rapide par la fertilisation : phosphore et azote

Un sol bien pourvu en éléments minéraux dès le semis est décisif pour l’avenir du colza. La culture est exigeante en phosphore dès la germination et l’apport d’azote au semis permet un gain de biomasse aérienne en entrée d’hiver d’environ 550 g/m².

– Les sols peu pourvus en phosphore sont fréquents dans le Sud, un apport au semis est donc recommandé car des carences, même modérées, contribuent à une réduction de croissance. Cet amendement doit être raisonné en fonction de la teneur du sol en phosphore), de l’objectif de rendement et de l’historique des apports antérieurs.  Seule une analyse de terre (à faire tous les cinq ans à titre indicatif) déterminera si le sol de la parcelle est pauvre ou bien pourvu en phosphore et permettra d’adapter la dose.   – Dans les parcelles à faible disponibilité en azote à l’automne, il est conseillé de réaliser un apport avant le semis, qu’il soit organique (fientes, lisiers, digestats, fumiers peu pailleux) ou minéral. Pour l’azote minéral, viser 10 unités d’azote en localisé ou 30 unités en plein, en veillant au respect de la Directive Nitrates.

Le choix de la variété, un nouveau levier pour un démarrage rapide

Les variétés testées par Terres Inovia sont maintenant toutes évaluées sur leur vigueur au départ*, c’est-à-dire leur cinétique de croissance de la levée jusqu’au stade 3 feuilles. Choisir une variété avec une bonne vigueur au départ, couplé avec l’ensemble des leviers évoqués ci-dessus, contribue à partir du bon pied pour les prochains semis.*Les résultats de vigueur au départ des variétés de colza sont en accès libre sur www.myvar.fr – Colza.  Ce site dédié au choix variétal de différentes espèces (oléagineuses et protéagineuses) offre la possibilité de consulter les références des variétés évaluées par Terres Inovia, de trier les variétés par critères et de les comparer. La page Derniers résultats de
myVar ® permet d’accéder aux nouveaux résultats et aux listes recommandées par Terres Inovia.

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31