Pois chiche : semer sur un sol ressuyé et réchauffé

Quentin Lambert – Terres Inovia

Pour le pois chiche comme pour les autres oléoprotéagineux, l’implantation est une étape cruciale. Terres Inovia, fait le point sur les éléments clés à respecter pour réussir son implantation. 

Bien choisir sa parcelle et pas plus d’un pois chiche tous les 5 ans

Le pois chiche valorise très bien les terres avec une réserve utile moyenne à superficielle, non hydromorphes et avec un bon pouvoir de réchauffement au printemps. Culture de niche à valeur ajoutée, on privilégiera si possible au sein de l’exploitation, les terres de type argilo-calcaires qui sont particulièrement adaptées à cette culture. 

Pour assurer la mise en place des nodosités, le pH doit être compris entre 7 et 9. Il convient également de privilégier des parcelles sans flores adventices difficiles (type : datura, xanthium, morelle, ambroisie, repousses de tournesol). 

Pas plus d’un pois chiche tous les 5 ans ! Afin de limiter au maximum les risques de maladies (fusarioses et ascochytose) on n’implantera pas de pois chiche sur une même parcelle avant une période d’au moins cinq à six ans

La carte ci-contre indique la présence de mésorhizobium spécifique du pois chiche au sein du territoire à dire d’expert. Ce mésorhizbium est nécessaire à la mise en place des nodosités, qui fournissent l’essentiel des besoins azotées. Dans les départements grisés, les bactéries spécifiques ne sont pas présentes et cela limitera fortement le potentiel de la culture. D’autres légumineuses à graines sont certainement plus adaptées à ces secteurs. A noter qu’il n’y a pas d’inoculum autorisé et commercialisé en France.

Attention à la provenance des graines semées !

L’ascochytose (anciennement anthracnose), maladie la plus fréquente sur pois chiche, se conserve principalement sur les graines. Ainsi, la prise de risque est forte lorsqu’on réutilise des graines contaminées. En effet, on s’expose à une contamination primaire des plantes, dès la levée, avec des pertes associées estimées entre 25 et 75% du rendement. En plus des autres leviers agronomiques, l’utilisation de semences certifiées, est une première barrière à la maladie. Un seul traitement de semence efficace contre l’ascochytose est disponible à ce jour : Prepper (Fludioxonil 25 g/l). Le Prepper permet de diminuer le pourcentage d’attaque de près de 80% de plantes atteintes 40 jours après la levée en situation de fortes attaques (essai 2023).

Consultez les résultats des variétés commercialisées.  Depuis 2018, Terres Inovia et ses partenaires ont mis en place un dispositif permettant d’évaluer les variétés de pois chiche commercialisées. En 2023, 10 variétés de pois chiche de type KABULI ont été évaluées dans le cadre du réseau d’évaluation post-inscription Terres Inovia – Partenaires : 2 variétés en première année d’évaluation post-inscription : ALAMO et DIANE ; 2 variétés en troisième année d’évaluation post-inscription : ANALISTO et BADIL ; 2 variétés en quatrième année d’évaluation post-inscription : CDC ORION et RONDO ; 1 variété en cinquième année d’évaluation post-inscription : LAMBADA ; 3 variétés en sixième année d’évaluation post-inscription : ELIXIR, FLAMENCO et TWIST. Les résultats et références des variétés sont en accès libre sur www.myvar.fr   

Reprise des sols : tenez compte du niveau de ressuyage avant d’intervenir

Avant d’intervenir, il est recommandé de vérifier (avec une bêche) la profondeur réellement ressuyée. Il faudra alors adapter la profondeur de travail à cette observation, en particulier on limitera le travail à la zone réssuyée, aller au-delà provoquerait la création de mottes défavorables à la levée. Optez pour un outil à dents léger type vibroculteur ou herse plate et éviter les outils à disques. Comme toutes les légumineuses à graines, le pois chiche nécessite un sol bien structuré avant l’implantation, ce qui permettra une exploration racinaire optimale tout en garantissant le bon fonctionnement des nodosités.

Sol réchauffé et bien ressuyé indispensable pour un semis dans de bonnes conditions

Tenez compte de la plage de semis idéale pour votre région

Pour une grande partie du territoire, la période de semis optimale se situe de mi-février à mi-mars (voir carte). Lorsque les conditions climatiques ne sont pas réunies, il est fortement conseillé de reporter le semis, afin d’implanter la culture lorsque la parcelle est ressuyée et suffisamment réchauffée. La température du sol, à la profondeur de semis, doit être supérieure à 7°C pour favoriser la germination. Dans les secteurs concernés, attention aux dégâts de corvidés et/ou de sangliers au moment des semis. 

Un semoir monograine de préférence. Aujourd’hui, Deux modes de semis sont possibles. Le semis à faible écartement (semoir à céréales), apprécié pour sa couverture rapide du sol, et le semis large écartement (semoir monograine), qui assurera une meilleure précision de la dose et de la profondeur de semis. Semer entre 4 et 5 cm de profondeur et viser 50 plantes/m² levées.

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31