Réduction de la phytotoxixcité herbicide par les biostimulants, pas d’intérêt observé dans les essais Terres Inovia

Arnaud Micheneau

Ces dernières années, l’association de l’herbicide de post levée à un biostimulant visant à réduire l’impact de la phytotoxicité de l’herbicide, s’est installée de façon généralisée dans le sud-ouest. L’intérêt de ces solutions suggère deux préalables. D’une part l’impact négatif sur le rendement de l’herbicide de post-levée et d’autre part la compensation par un biostimulant de cette perte supposée. Sur ces deux aspects, Terres Inovia a souhaité apporter des premiers éléments de réponses par la mise en place d’essais expérimentaux en 2023 et 2024.

Evaluation de l’impact de l’imazamox sur les performances du soja

L’application d’un herbicide n’est jamais neutre pour la culture qui le reçoit. Les conséquences pour la culture s’observent selon 3 critères visuels : la réduction de vigueur, la décoloration et la déformation des plantes. Un quatrième critère, le plus important mais non observable à l’œil, est celui de la diminution de rendement.  Ce dernier critère est d’autant plus difficile à évaluer autrement que par la pesée, qu’il n’est pas toujours corrélé aux critères visuels. Dans le cas du soja, les symptômes liés à l’application des herbicides telles que l’imazamox ou la bentazone peuvent être fréquemment observés. Dans le cas de la bentazone, des marquages blancs de type brûlures peuvent être observés sur feuilles, tandis qu’avec l’imazamox, une décoloration temporaire jaune ainsi qu’une réduction de croissance plus ou moins persistante peut-être observée. 

5 essais ont été conduits depuis 2016 afin d’évaluer l’impact de l’imazamox sur le soja, dans des conditions variées du sud-ouest (4 essais) et de la Côte d’Or (1 essai), plus ou moins favorables au manque de sélectivité de l’imazamox. La réduction de vigueur et la décoloration du feuillage sont observées de façon systématique. Le fractionnement de la dose en 2 applications à 0.625 l/ha avec adjuvantation induit des symptômes plus marqués qu’une application unique à 1.25 l/ha non adjuvantée. Ces symptômes notés 15 jours après le premier passage (dans le cas du fractionnement), s’estompent déjà lors de la seconde application 10 jours plus tard. Les résultats obtenus sur 3 essais en 2023 et 2024 ne font pas apparaitre d’impact significatif du Pulsar 40 aux doses des 0.625 l/ha +huile ni à 1.25 l/ha, sur le rendement comparativement au témoin non traité (désherbage manuel), confirmant ainsi les résultats déjà obtenus sur 2 essais en 2016. 

Aucun bénéfice mesuré des biostimulants évalués

En 2024, 2 essais (département 31 et 64) ont permis d’évaluer l’effet de 4 biostimulants sur les symptômes de phytotoxicité causés par l’imazamox aux doses de 1.25 l/ha et en double application à 0.625 l/ha + huile. Il s’agit des produits Kaïshi ; Delfan, Agroptim Sunset et Megafol (dont l’allégation vis-à-vis des stress induits par la phytotoxicité n’est plus soutenue à ce jour par la firme). A noter qu’un seul essai (dans le 64) est retenu pour l’analyse du rendement, l’essai du 31 n’étant pas statistiquement valide. Ces essais viennent enrichir les références obtenues sur 2 essais en 2023, étudiant essentiellement le Kaïshi associé au Pulsar aux mêmes doses.

Concernant les réductions des symptômes de phytotoxicité, il n’apparait pas de bénéfices apportés par les solutions testées, pas même dans les situations où les marquages d’imazamox ont été les plus importants (départements 47 en 2023 (uniquement Kaïshi évalué en 2023) et 64 en 2024).

Les rendements mesurés en 2023 et 2024 sur 3 essais ne font apparaitre aucun bénéfice lié à l’utilisation du Kaïshi en 2023 et 2024 sur 3 essais, ni de Delfan, Agroptim Sunset et Mégafol en 2024, sur 1 essai, bien qu’ayant visuellement fortement réagit aux marquages d’imazamox. 

En conclusion

alors que des symptômes marqués d’imazamox peuvent survenir sur soja, il n’apparait pas d’impact significatif sur le rendement, dans des conditions d’application proches des recommandations voire au-delà (résultats 2023 non présentés avec Pulsar 1l/ha + huile). De même, aucun effet additionnel sur le rendement n’a pu être obtenu à partir des solutions de biostimulants évaluées. En conséquence, ces résultats ne permettent pas de justifier l’investissement de 25-30€ par hectare dans les solutions testées, visant à préserver le rendement d’une éventuelle perte de rendement liée aux applications d’imazamox. 

Enfin, rappelons que le respect des bonnes conditions d’application des herbicides de prélevée, en termes de dosage, stade de la culture et conditions de milieu, reste la clé d’un équilibre préservé entre efficacité et sélectivité de la culture.

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31