Comment l’agriculture façonne nos paysages

Publié le 23 septembre 2012

Belle opération pour la ferme Lagarde de Rebigue et le CNIEL*, lors des Journées du Patrimoine. Le 16 septembre dernier, près de 400 personnes ont défilé tout au long de la journée dans l’exploitation mais aussi dans ses alentours, histoire de découvrir les apports de l’agriculture au patrimoine culturel et paysager du secteur.

À la découverte des patrimoines cachés

Si les Journées du Patrimoine existent depuis 29 ans, le patrimoine rural n’y est intégré que depuis 2009, au travers des balades « Élevages et Paysages ». L’idée est de proposer, à un public de tous âges, de découvrir le rôle essentiel des éleveurs qui ont, au cours des siècles, largement façonné nos paysages agricoles. Ainsi, sur le thème des patrimoines « cachés », les Balades 2012 ont permis à des visiteurs de tous horizons de pénétrer dans les coulisses de 21 exploitations en France. Ces fermes d’élevage de vaches, de moutons et de chevaux, produisant du lait et de la viande, sont représentatives des fermes d’aujourd’hui. Elles sont productives, tout en restant à taille humaine et largement autonomes, les éleveurs produisant la majeure partie de l’alimentation des animaux sur leur ferme, tout en recyclant efficacement les lisiers et fumiers pour améliorer la fertilité des sols. Une bonne occasion de comprendre le rôle méconnu que les fermes d’élevage exercent sur nos campagnes et notre environnement. C’est aussi un moment privilégié pour découvrir le métier des éleveurs : comment ils nourrissent les animaux, les soins qu’ils leur apportent, l’entretien des haies, des prairies, des fossés…

Une ferme haut-garonnaise pour représenter le Sud-Ouest

21 exploitations pour la France entière, c’est peu. « Mais nous avons cherché la qualité plus que la quantité », précise-t-on au CNIEL, qui s’occupait de sélectionner les élevages laitiers pour l’opération. « Il fallait une ferme proche d’une grande agglomération, qui ait une vraie histoire de par ses bâtiments, qui bénéficie d’un environnement paysager remarquable et, bien entendu, qui soit économiquement performante. » Contacté par le CNIEL, Jean Doumeng, Secrétaire Général de la FRPL, a tout de suite pensé à la ferme de Corinne et Vivien Lagarde, à Rebigue. Troisième génération d’éleveurs au sein de cette ferme de 186 hectares, aux portes de Toulouse, ils produisent 650.000 litres de lait, essentiellement destiné à la consommation locale (lait des Pyrénées). Leur troupeau compte 77 vaches Prim’Holstein et 81 génisses. Vivien et Corinne cultivent aussi du blé dur, du tournesol et du maïs, aidés occasionnellement par Henri, le père de Vivien. Éleveurs dans l’âme, tous les trois ont depuis toujours à cœur de lutter pour préserver leur terroir et défendre les produits régionaux. C’est donc tout naturellement qu’ils ont accepté de se prêter au jeu et de mettre leur exploitation, mais aussi leur savoir et leur passion, à disposition du grand public. Avec la lourde tâche de représenter l’élevage au sens large, puisque leur ferme était la seule à faire partie des Balades « Elevages et Paysages » dans tout le Sud-Ouest !

La Ferme Nathalie fait le plein

« On ne s’attendait pas à avoir autant de monde ! » Henri Lagarde est impressionné par l’affluence. La communication autour de cet évènement semble avoir bien fonctionné, car dès le matin, ce ne sont pas moins de 130 personnes qui sont arrivées à la Ferme Nathalie (le nom officiel de l’exploitation). Sur place, elles étaient accueillies par Vivien et Corinne, épaulés par leur famille, leurs amis et des membres du CNIEL et de la FRPL. Les enfants se voyaient offrir un « Carnet de découverte » à remplir avec leurs parents, à partir des éléments recueillis lors de la balade. Cette dernière, d’une durée de 45 minutes, a été organisée plusieurs fois au cours de la journée. C’est François Travert, architecte paysagiste venu du Lot, qui en assurait l’animation. « J’ai préparé cette balade en me basant sur des cartes et archives du secteur », explique-t-il. « Certaines remontent à Louis XIV. Puis je suis venu il y a 2 mois, pour me promener et discuter, de préférence avec les plus anciens, de l’histoire de Rebigue et des environs. » Pendant la promenade autour de la ferme, François Travert avait donc tout le loisir de raconter anecdotes et autres histoires passionnantes sur la façon dont l’élevage modèle les paysages d’hier et d’aujourd’hui. Il insistait particulièrement sur les liens entre fonctions agricoles et écologiques de l’élevage, à travers l’équilibre des différentes cultures, prairies, animaux qui y pâturent, haies, arbres, cours d’eau, bosquets… « Il faut être très pédagogique et clair », ajoute le paysagiste. « J’ai eu des personnes venant d’horizons très différents, avec des questions parfois naïves, parfois pointues, mais avec toujours une soif d’apprendre et de comprendre. » Au cours de la journée, François Travert aura fait 4 promenades à travers champs et rues de Rebigue, pour un public frisant les 400 personnes. Le parcours se terminait par une présentation de la ferme par les éleveurs eux-mêmes. Au menu, visite commentée des bâtiments, découverte des animaux, présentation du travail au quotidien pour produire du lait, tout en préservant un environnement de qualité (paysage, eau, sols…) et enfin, dégustation de lait.

Au final, un joli succès pour les hôtes et organisateurs, qui ont reçu des visiteurs venus de tout le canton mais aussi de plus loin. Certains avaient fait plus de 40 km pour amener leurs enfants. Bonne opération pour la mairie également, qui avait accompagné cette journée avec fierté, en ajoutant un petit circuit touristique dans le village et proposant une buvette sur la place centrale. Une communication positive sur l’agriculture qui fait du bien et qui méritera d’être renouvelée pour les prochaines années.

* Créé en 1973, le Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière, est une association loi 1901 représentative de l’ensemble des acteurs de la filière laitière française.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia