Des bûches de Noël fermières

Publié le 24 décembre 2019

Économie. La transformation à la ferme permet de créer de la valeur ajoutée. Certains agriculteurs choisissent ainsi de produire leur propre pain, de la bière, des fromages, etc. À Buzet-sur-Tarn, Francis & Alain Tegon ont quant à eux choisi d’endosser (également) la casquette de glacier. Rencontre.

Francis Tegon.

Alain et Francis Tegon sont associés au sein du Gaec des Bardis. Comme beaucoup, ils ont pris la suite de leurs aînés ; ils constituent ainsi la troisième génération. Sur 115 hectares, les deux frères cultivent du maïs, des céréales à paille, du soja ou encore de la luzerne. Des productions commercialisées auprès de coopératives et/ou de négociants. Une partie est également consommée sur place : comptez un cheptel d’une centaine d’animaux, dont 55 vaches en production (Prim’holstein et Brune des Alpes). « On produit un maximum de luzerne pour limiter l’achat de protéines », précise notamment Francis Tegon. Le lait (500 000 litres par an) est pour sa part collecté par Sodiaal.

Créer une nouvelle source de revenus

Malgré ces productions, la situation économique de l’exploitation restait délicate. « À deux, c’était difficile économiquement. Il y a quatre ans, nous avons donc entamé une réflexion dans le but d’augmenter nos revenus », confie Francis Tegon. L’agrandissement foncier n’était pas une piste envisageable. « Il est très rare de pouvoir acquérir des terres ici. De plus en plus de personnes rejoignent l’agglomération toulousaine, mais toutes ne peuvent se loger sur place. Elles s’installent donc sur Buzet-sur-Tarn et ses environs. Nous avons utilisé cette pression foncière comme un atout. Comme nous ne pouvions pas acheter de nouvelles terres, nous nous sommes demandés quel produits nous étions capables de réaliser », poursuit-il.

À vrai dire, l’exploitation avait déjà développé la vente directe de viande (à savoir 2 vaches et 8 veaux par an), bien que l’élevage ne soit pas allaitant. Et cela fonctionnait. « La demande est présente, sans réaliser trop d’efforts. Il y a un réel engouement pour les produits locaux. Les clients viennent à 95% des alentours, dans un rayon de 10 à 15 kilomètres », ajoute-t-il. Fallait-il donc commercialiser davantage de volumes ? Ou bien transformer les céréales ? Faire du fromage ? Des yaourts ? Le choix s’est finalement porté sur les crèmes glacées. Leur commercialisation a d’ailleurs débuté à la fin de l’été.

Un choix stratégique. « En Haute-Garonne, nous ne sommes que deux (1) à produire des crèmes glacées fermières. Le yaourt fermier, lui, il n’est
plus rare. Lorsque je vais dans un magasin, il n’y a donc pas de concurrence locale. Je n’ai pas de positionnement à avoir, il me faut juste savoir si l’enseigne est intéressée ou non »
, relate encore Francis Tegon. Ces glaces sont aujourd’hui disponibles dans plusieurs magasins situés aux alentours (Buzet-sur-Tarn bien sûr, mais aussi Bessières, Villemur-sur-Tarn, Quint-Fonsegrives, Rabastens, Saint-Sulpice-la-Pointe, L’Union, Toulouse, et Rouffiac).

Un investissement de 220 000 euros

Mais devenir glacier ne s’improvise pas. Il s’agit en premier d’acquérir de nouvelles compétences. « Nous savions produire du lait. Il fallait le transformer en crème, puis en crème glacée. Nous avons donc été formés, tant sur les gestes à réaliser au quotidien, que sur l’aspect sanitaire, etc. », mentionne-t-il aussi. Les agriculteurs ont également été accompagnés pour l’organisation du travail, la construction d’un nouveau bâtiment (150 m2), l’achat d’équipements (écrémeuse, turbine, chambre froide, etc.), la conception des pots de glace, l’élaboration des premières recettes, etc. Montant total de l’investissement : environ 220 000 euros.

Depuis quelques jours, l’exploitation commercialise également des bûches de Noël à la ferme. Un nouveau challenge. « Au-delà de la crème glacée, il y a aussi de la pâtisserie ainsi qu’une présentation à assurer », note encore Francis Tegon. Lui et son frère ne sont toutefois pas seuls. « Dans notre réflexion, nous savions que ce projet était impossible à réaliser à deux », souligne-t-il encore. Un ancien apprenti a ainsi été embauché en CDI au sein de l’exploitation. Florence Tegon (la femme d’Alain) travaille à mi-temps pour la fabrication des glaces. Valérie Tegon (celle de Francis) intervient quant à elle pour les différentes recettes. La fabrication de glaces et de bûches représente aujourd’hui entre 5 et 7% de la production totale de lait. « On ne change rien à notre mode de fonctionnement par rapport à la coopérative », précise Francis Tegon. L’objectif est d’atteindre à moyen terme les 15 000 litres, voire les dépasser, afin d’obtenir un juste retour financier. L’exploitation sait également qu’elle devra trouver de nouveaux débouchés, et notamment de nouveaux magasins sur Toulouse. Le message est en tout cas passé.

Aurélien Tournier

(1) Jean-François Doumeng, installé à Auragne, fabrique lui-aussi des glaces fermières.

Auteur de l’article : Aurélien Tournier

Journaliste.